« Dans la République française, il y a une langue officielle, le français » sera probablement la phrase à retenir du discours final du président Emmanuel Macron, à l’issue d’un court séjour officiel en Corse.
Personne ne demande de droits spécifiques à qui parle une langue minoritaire en France. Ce qui est réclamé, c’est le doit à la langue, elle-même, l'apprendre et l'utiliser en public
Pour la première fois depuis la victoire des nationalistes aux élections territoriales à la fin 2017, le président de la République s’est rendu en Corse, où l’attendaient des questions essentielles à l’évolution de la République française.
La victoire de messieurs Talamoni et Simeoni, représentant différentes nuances du nationalisme corse, a mis sur le devant de la scène politique la question du statut de la langue corse, celui de la qualité de résident corse, et celui des règles d’urbanisme dans un milieu contraint.
L’unique concession qu’aura semblé faire M Macron, concerne la mention de la spécificité corse dans la République française. Elle devrait être proposée, au cours de son mandat, lors d’un aménagement de la Constitution.
L’équipe victorieuse aux élections territoriales réclame, elle, la co-officialité de la langue corse, c’est-à-dire dans les faits, son entrée de droit dans les actes administratifs et le système éducatif.
Cette possibilité n’existe pas dans le logiciel politique français. Elle n’est ni exotique, ni incongrue, elle est simplement incompréhensible.
La spécificité de la Corse, de son peuple, de sa culture et même de sa langue pourront être mentionnés demain dans la Constitution du Peuple Français, elle n’en sera pas moins qu’une aimable touche de nostalgie sans effet sur le réel.
Il s’agit d’une revendication qui n’est même pas audible. Le président Macron n’y a fait mention que pour la traiter par la représentation qu’il en a : il n’accepterait jamais « de réserver à celui qui parle corse tel ou tel emploi». Une bêtise, puisque déjà les professeurs de corse ne peuvent occuper cet emploi qu’à partir du moment où ils parlent corse.
On touche ici le problème du personnel politique français à propos des minorités nationales qu’il se refuse à reconnaitre. Il ne considère en la matière que ses représentations de la réalité, jamais cette réalité. C’est ce qui fausse et faussera le débat sur les droits linguistiques.
Personne, en effet, ne demande de droits spécifiques à qui parle une langue minoritaire en France. Ce qui est réclamé, c’est le droit à la langue, elle-même. Il n’est demandé aucun emploi réservé à un infirmier ou un agent immobilier qui parlerait breton, occitan ou corse. Mais il est demandé pour eux le droit de l’apprendre, et de l’employer, y compris dans l’espace public. Ce n’est pas le citoyen qui, en la matière, a des droits spécifiques liés à sa particularité linguistique, c’est la particularité linguistique qui, dans son expression, pour eux, doit être de droit. Il y a là bien plus qu’une nuance, un état d’esprit tout autre.
Or c’est dans le malentendu entretenu que se complait le personnel politique français, en la matière, président au premier chef.
Un malentendu volontaire qui devrait perdurer, nous le pronostiquons, jusqu’au vote du Congrès sur d’éventuelles modifications constitutionnelles.
Le précédent nous est bien connu. La modification de 2008 a reconnu que les langues de France faisaient partie du patrimoine de la Nation. Ce qui n’a jamais ouvert le moindre droit aux langues en question. Le lointain article 75, qui y fait mention, a toujours été infiniment plus faible que l’article 2 du même texte. Lui, depuis 1994, pose le français comme unique langue de la République, ce qui permet au Tribunal Constitutionnel de balayer systématiquement toute avancée concrète pour les langues minoritaires de France.
Cet article 2 est le réel obstacle et il est totalement incontournable. L’unique solution pour l’avancée des droits des langues minoritaires en France, ne peut être que sa suppression, s’il n’est pas amendable. Cette plaie juridique, non seulement prive une large part des français de la possibilité de faire vivre et développer leur culture, mais encore elle porte ses effets malfaisants sur l’avenir de nos enfants.
Il est connu que seule la première langue coute à apprendre. L’enseignement du corse, de l’occitan ou de l’alsacien, c’est le tremplin vers le plurilinguisme dont est privée la population scolaire en France. Apprendre nos langues, de droit, serait apprendre avec facilité, car ces langues évoluent dans un milieu connu, où locuteurs, littérature et manifestations culturelles, sont encore accessibles.
Mettre un obstacle juridique entre l’enfant et la langue de son pays, c’est un méfait contre la culture de ce pays, mais c’est aussi un crime contre l’avenir de ces enfants.
Et ce crime est constitutionnel.
La victoire de messieurs Talamoni et Simeoni, représentant différentes nuances du nationalisme corse, a mis sur le devant de la scène politique la question du statut de la langue corse, celui de la qualité de résident corse, et celui des règles d’urbanisme dans un milieu contraint.
L’unique concession qu’aura semblé faire M Macron, concerne la mention de la spécificité corse dans la République française. Elle devrait être proposée, au cours de son mandat, lors d’un aménagement de la Constitution.
L’équipe victorieuse aux élections territoriales réclame, elle, la co-officialité de la langue corse, c’est-à-dire dans les faits, son entrée de droit dans les actes administratifs et le système éducatif.
Cette possibilité n’existe pas dans le logiciel politique français. Elle n’est ni exotique, ni incongrue, elle est simplement incompréhensible.
La spécificité de la Corse, de son peuple, de sa culture et même de sa langue pourront être mentionnés demain dans la Constitution du Peuple Français, elle n’en sera pas moins qu’une aimable touche de nostalgie sans effet sur le réel.
Il s’agit d’une revendication qui n’est même pas audible. Le président Macron n’y a fait mention que pour la traiter par la représentation qu’il en a : il n’accepterait jamais « de réserver à celui qui parle corse tel ou tel emploi». Une bêtise, puisque déjà les professeurs de corse ne peuvent occuper cet emploi qu’à partir du moment où ils parlent corse.
On touche ici le problème du personnel politique français à propos des minorités nationales qu’il se refuse à reconnaitre. Il ne considère en la matière que ses représentations de la réalité, jamais cette réalité. C’est ce qui fausse et faussera le débat sur les droits linguistiques.
Personne, en effet, ne demande de droits spécifiques à qui parle une langue minoritaire en France. Ce qui est réclamé, c’est le droit à la langue, elle-même. Il n’est demandé aucun emploi réservé à un infirmier ou un agent immobilier qui parlerait breton, occitan ou corse. Mais il est demandé pour eux le droit de l’apprendre, et de l’employer, y compris dans l’espace public. Ce n’est pas le citoyen qui, en la matière, a des droits spécifiques liés à sa particularité linguistique, c’est la particularité linguistique qui, dans son expression, pour eux, doit être de droit. Il y a là bien plus qu’une nuance, un état d’esprit tout autre.
Or c’est dans le malentendu entretenu que se complait le personnel politique français, en la matière, président au premier chef.
Un malentendu volontaire qui devrait perdurer, nous le pronostiquons, jusqu’au vote du Congrès sur d’éventuelles modifications constitutionnelles.
Le précédent nous est bien connu. La modification de 2008 a reconnu que les langues de France faisaient partie du patrimoine de la Nation. Ce qui n’a jamais ouvert le moindre droit aux langues en question. Le lointain article 75, qui y fait mention, a toujours été infiniment plus faible que l’article 2 du même texte. Lui, depuis 1994, pose le français comme unique langue de la République, ce qui permet au Tribunal Constitutionnel de balayer systématiquement toute avancée concrète pour les langues minoritaires de France.
Cet article 2 est le réel obstacle et il est totalement incontournable. L’unique solution pour l’avancée des droits des langues minoritaires en France, ne peut être que sa suppression, s’il n’est pas amendable. Cette plaie juridique, non seulement prive une large part des français de la possibilité de faire vivre et développer leur culture, mais encore elle porte ses effets malfaisants sur l’avenir de nos enfants.
Il est connu que seule la première langue coute à apprendre. L’enseignement du corse, de l’occitan ou de l’alsacien, c’est le tremplin vers le plurilinguisme dont est privée la population scolaire en France. Apprendre nos langues, de droit, serait apprendre avec facilité, car ces langues évoluent dans un milieu connu, où locuteurs, littérature et manifestations culturelles, sont encore accessibles.
Mettre un obstacle juridique entre l’enfant et la langue de son pays, c’est un méfait contre la culture de ce pays, mais c’est aussi un crime contre l’avenir de ces enfants.
Et ce crime est constitutionnel.