
« La reconnaissance de ce nom aujourd’hui est au moins très largement due (au travail de ceux) qui ont très largement contribué à cette action depuis de nombreuses décennies » écrivent les défenseurs d’une Occitanie qui regroupe les pays de langue d’oc, de l’Atlantique aux vallées du Piémont et de l’Auvergne à la Méditerranée.
Parmi la cinquantaine de premiers signataires, qui ont en fait débattu du texte, on note le paraphe de l’ethnobotaniste et lexicographe Josiana Ubaud, des écrivaines Magali Bizot-Dargent et Danielle Julien, de l’auteur-compositeur Miquèu Montanaro, et du chanteur Manu Théron, avec l’écrivain Reinat Toscano, ou encore l’historien Felip Martel, comme le secrétaire de l’Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc Alain Barthélemy-Vigouroux…que côtoient de nombreux enseignants et responsables locaux de l’IEO, ainsi que diverses associations, telles Brulat Chourmo et l’Espaci Occitan dels Aups.
Mais pourquoi une telle levée de boucliers ?
Consultation anti-démocratique selon les signataires

Le choix des conseillers régionaux « occitans », découle en effet d’une consultation internet qui aura, au mieux, permis de recueillir l’avis de 200 000 personnes, dont un peu moins de la moitié avaient, au printemps, donnés leur préférence à l’appellation « Occitanie ».
« Ce vote ne représente qu’1,6% des électeurs potentiels » calculent les signataires de la « Lettre ouverte – réaction à la nouvelle « région Occitanie ». Et, selon eux, ce résultat résulte « d’une désinformation volontaire auprès d’un public novice ».
Depuis le mois de juin, d’intenses débats, souvent acrimonieux, prennent parfois un tour tragi-comique. Il est mené entre gens qui manifestaient ensemble encore le 24 octobre 2015, à Montpellier, pour une politique de reconnaissance de l’occitan par l’Etat.
Risque juridique, risque physique...Ambiance dans le camp occitaniste

Le risque juridique, pour les utilisateurs futurs du terme Occitanie, n’est pas théorique. Le dépôt auprès de l’INPI, en avril dernier, soit avant la décision des élus, est effective. « Occitanie » est désormais une appellation protégée, par un cabinet juridique de Castelnaudary, agissant au nom de la Région…qui ne savait alors encore comment elle s’appellerait. A priori, Carole Delga, la présidente occitane, pourrait tout à fait interdire qu’un livre, une affiche, une association, un film, fasse figurer ce nom sans son autorisation.
Que des individus publient demain un « manifeste pour l’Occitanie », et ils pourraient écoper d’un procès…En contrefaçon ? Pour usurpation d'identité ?
Les occitanistes d'Occitanie ingrats envers les ...forastiers ?

Parmi eux les Provençaux et les Niçois, comme les Gavots, doivent se mordre les doigts de leur comportement solidaire. Alors que, probablement quatre mille d’entre eux grossissaient les rangs de la manifestation du 24 octobre 2015 à Montpellier, un groupe rival infra-provençal organisait un cortège clairement identitaire et traditionnaliste à Arles. Avec moins de 3000 personnes, souvent venues pour défendre le costume traditionnel ou la pratique de la course camarguaise, les organisateurs décrochaient le pompon politique. L’ensemble des candidats aux Régionales de Paca repartaient le soir d’Arles, avec le sentiment qu’ils allaient appuyer le groupe représentant tout le régionalisme en Provence… « Une terrible erreur stratégique dont tout l’occitanisme provençal n’a pas fini de payer les conséquences ! » soulignent aujourd’hui, pour nous, plusieurs manifestants provençaux alors rencontrés à Montpellier.
Une « erreur » que n’aura pas faite l’Ostau dau País Marselhès. A la fois maison de quartier aux 900 adhérents et centre d’animation de la vie culturelle occitaniste de la ville-port, l’OPM, ou plutôt certains de ses animateurs, sont à l’origine de l’initiative qui aura abouti à la « lettre ouverte ». Elle n’avait pas non plus appelé à rejoindre la manifestation occitaniste de Montpellier du 24 octobre.
Manifester ensemble malgré tout pour l'occitan ?
« Nous espérons pouvoir compter sur les camarades de la Région Occitanie dans une mesure au moins équivalente à ce que nous leur avons apporté par le passé », glissent les signataires.
Verrons-nous demain, coude à coude, manifester à Marseille ou à Pau, pour l’occitan, des militants qui, aujourd'hui, mettent toute leur énergie à se lancer des horions de part et d'autre du Rhône ou de la Loire ?
Signature sur provencaus@gmail.com
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A Montpellier se jouera la crédibilité du mouvement pour la langue d’Oc