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Le créole de la Martinique bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 















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Un premier agrégé d’occitan pour une matière en ruine


Najat Vallaud-Belkacem a ruiné sciemment l'enseignement des langues régionales dans l'Education Nationale. Tout en instituant l'agrégation d'occitan. Le premier lauréat vient d'être connu.



Le jury a rendu son verdict, le premier, et unique professeur agrégé d’occitan-langue d’Oc s’appelle Emanuel Isopet. Le jeune étudiant vient de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès. Au bas mot une cinquantaine de candidats s’étaient présentés aux épreuves écrites voici deux mois. Ils étaient quatre en Provence.

Un agrégé, un seul, pour un enseignement promis à la disparition par la politique éducative française

Emanuel Isopet, premier agrégé d'occitan (photo XDR)
Emanuel Isopet, premier agrégé d'occitan (photo XDR)
L’agrégation, un concours aux contours assez flous, favorise, dans la plupart des matières, les étudiants dont les professeurs sont le mieux représentés au jury. Dans de nombreuses matières, les agrégés « sortent » ainsi de Paris-Sorbonne, en second lieu de Lyon. Dans le cas de l’agrégation d’occitan, supposons que le jury aura pris un soin extrême à la sélection du meilleur candidat possible. Car il s’agit de fonder  une bonne habitude.
 
En principe.
 
Car l’octroi de cette agrégation, par Mme Vallaud-Belkacem, quittant son ministère, avait des allures de cadeau de consolation. En donnant tous les pouvoirs aux principaux d’établissements secondaires, en rendant quasi impossible l’enseignement de langues régionales en classe de sixième, en autorisant désormais les élèves à quitter en cours de cursus, l’option de langues régionales, l’ex-ministre de l’Education a fait un mal immense à l’enseignement de nos langues minoritaires, « patrimoine de la France », comme dit le désormais ridicule article 75.1 de la Constitution du peuple français.
 
Mais permettre aux petites autorités infra locales de détruire la transmission de ce patrimoine ne suffisait pas. Après avoir épuisé la demande artificiellement, le gouvernement français n’avait plus qu’à démolir l’offre.
 
C’est-à-dire la création de postes d’enseignants en langues régionales. L’assèchement ici est ancien. Il touche tout autant le breton, l’alsacien ou l’occitan. Depuis 2003 on n’ouvre en effet qu’un maximum de quatre nouveaux postes de Capes. Le certificat d’aptitude au professorat d’occitan-langue d’oc n’est plus délivré qu’à quatre candidats par an. Et cela a plusieurs effets négatifs sur l’enseignement de la matière.
 
En premier lieu, le départ d’un enseignant sur un cours existant ne sera pas forcément remplacé, la matière ne sera donc plus enseignée. Plus du tout. Car il sera rarissime de trouver un principal de collège la demandant. Ces personnages clefs de l’établissement, pensent d’abord à concocter des emplois du temps cohérents. Les matières optionnelles les perturbent, les langues régionales leur semblent parfois odieuses. Elles dérangeraient la belle uniformité de la République.
 
Et puis, si le nombre de postes est si petit, s’il y a si peu de chances d’enseigner, pourquoi s’investir dans la préparation et la présentation de ce Capes ? Les étudiants, tout passionnés qu’ils soient, ont besoin d’un emploi, d’un avenir. Sans candidats, l'enseignement lui-même péricliterait vite.
 
Seule alternative crédible pour la matière, l’augmentation du nombre de postes créés. Afin de pouvoir développer l’enseignement des langues minoritaires, tout au moins d’arrêter aujourd’hui l’hémorragie, et afin de pouvoir donner espoir aux étudiants tentés par la carrière, comme aux parents qui tiennent à cet enseignement.
 
L’enseignement préparatoire, s’il est hélas indigent en Provence, est de belle qualité à Toulouse comme à Montpellier, où généralement les Provençaux préparent une licence d’occitan dont tous soulignent le haut niveau.
 
Le problème est en face, dans cette hypocrite attitude française, qui consiste à dire  qu’on les aime nos langues de France…tout en pensant qu’on les aime encore mieux mortes.
 
Félicitations, Emanuel Isopet ! Vous n’êtes pas le dernier des Mohicans, pas tout à fait puisque que vous êtes en quelque sorte le premier. Car avec vous, qui avez travaillé avec acharnement à ce résultat, peut commencer une reconnaissance de l’occitan comme enseignement « sérieux ». Souvenez-vous toutefois que vos collègues capessiens sont pour leur part en général niés, si possible reversés dans l’enseignement de leur matière bis (ils passent un double Capes, ex. Occitan et Histoire-Géo), priés d’enseigner dans trois ou quatre établissements différents. Dévalorisés à l’extrême, ils se sentent comme la proie d’un tueur en série. L’Etat et une partie des administrateurs d’établissements ont « passé un contrat sur leur nom ».

Mardi 12 Juin 2018





1.Posté par RECOURS Aymeline le 15/06/2018 17:38
Nous étions 10 candidats provençaux inscrits. La moitié s'est bien présentée aux épreuves écrites, qui se tenaient à Aix-en-Provence.
Le dernier jour des épreuves orales d'admission qui se déroulaient au lycée Rodin, à Paris, le jury décidait de voter et de faire transmettre la motion suivante :

09-06-2018 – postes à l’agrégation – motion du jury

Monsieur le Ministre,

le jury de l’agrégation des Langues de France s’est réuni à Paris les 7, 8 et 9 juin 2018 pour faire passer, pour la première fois, les épreuves orales de ce concours nouvellement créé. La mise en place d’une agrégation des Langues de France est une revendication ancienne des défenseurs de ces langues, régulièrement rappelée par les organisations professionnelles d’enseignants du second degré, et dont l’importance a été souvent soulignée par la 73e section du CNU « Langues et cultures régionales ». Pour tous, il est clair que l’existence de ce concours peut contribuer à soutenir l’excellence de l’enseignement secondaire et universitaire dans les langues concernées ainsi qu’à encourager la recherche de haut niveau et sa valorisation. L’agrégation constitue par ailleurs une perspective légitime de promotion que les enseignants certifiés de breton, corse, occitan, basque, catalan, créole, tahitien sont en droit de se voir proposer, comme leurs collègues des autres disciplines ou d’autre agents de la fonction publique.

Les espoirs qu’avait suscités la création du concours et son ouverture cette année au breton, au corse et à l’occitan-langue d’oc, cèdent aujourd’hui le pas à la déception et à l’inquiétude. Une première forte déception a été provoquée par l’annonce du nombre des postes proposés, un seul pour chacune des langues concernées, bien en-deçà de ce que demande l’enjeu historique de la valorisation de langues que la Constitution française, dans son article 75-1, reconnaît désormais comme partie intégrante du « patrimoine de la France », tandis que l’Unesco les caractérise, elle, comme des « langues en danger », voire « en extinction ». Bien en-deçà aussi, comme les recrutements du CAPES, des besoins démographiques et territoriaux des langues concernées. Bien en-deçà enfin de ce que devrait être une offre de postes donnant aux certifiés des langues concernées des perspectives raisonnables de promotion.

La déception se double de lourde inquiétude quand nous constatons, alors que nous sommes au mois de juin, que nous ne savons toujours pas si et comment le processus d’ouverture progressive du concours se poursuivra l’année prochaine. Le concours devait, après le breton, le corse et l’occitan s’ouvrir l’an prochain au basque et au catalan, en attendant le créole et le tahitien l’année suivante. Le jury de l’agrégation des Langues de France souhaite que cette ouverture élargie soit confirmée au plus tôt et qu’elle ne s’accompagne en aucun cas de la fermeture des sections déjà ouvertes. Sans cette assurance rapidement donnée, il sera impossible d’organiser une préparation pour la prochaine rentrée universitaire.

L’agrégation des Langues de France est un concours qui ne contribue pas seulement à l’existence et à la qualité de savoirs et de disciplines, il est aussi au service de langues que la République s’engage désormais, par sa Constitution, à protéger et donc est un élément de la politique linguistique de la République française. Seuls des concours de recrutement d’enseignants, CAPES et agrégation, avec un niveau de recrutement significatif et constant, année après année, peuvent jouer le rôle d’assurer, en amont, la construction d’un savoir de haut niveau associé à une pratique vivante des langues concernée, et en aval la transmission adaptée de cette pratique vivante et de ces savoirs auprès des élèves et de la société où ces langues vivent.

Pour nous, jury de l’agrégation des Langues de France, cette agrégation ne doit pas rester un simple symbole, avec un recrutement symbolique, et peut-être demain virtuel, mais doit être, par son niveau de recrutement et sa régularité, un instrument significatif de structuration des savoirs et de la recherche, de transmission scolaire de haut niveau et au-delà de valorisation et de promotion sociale de langues et de cultures précieuses, mais fragiles et menacées. C’est la richesse même de la culture nationale, dans la diversité de ses composantes historiques, qui est ici en jeu.

Nous chargeons nos collègues de corse qui vous rencontreront bientôt à Corte de vous remettre ce message, et nous vous prions de recevoir, Monsieur le Ministre, l’assurance de notre haute considération.

Motion votée à l’unanimité des membres du jury non liés par le devoir de réserve, à Paris, lycée Rodin, le 9 juin 2018

2.Posté par Ceccarini le 17/06/2018 22:02
Une précision au sujet du fait paragraphe qui, parlant des agrégations en général, beaucoup d'étudiants "sortent de Paris Sorbonne ou de Lyon": c'est une question de recrutement ou de sélection: c'est dans ces universités que s'inscrivent les élèves des écoles normales supérieures, élèves fortement sélectionnés et qui dès la première année après le bac s'exercent de façon intensive aux exercices demandés à l'agrégation. Le déménagement à Lyon de l'école Normale supérieure anciennement de "Fontenay saint cloud" a ainsi transféré une partie nette des taux de réussite dans les agrégation concernée
vers Lyon... Après, on peut critiquer le système des classes préparatoires et des ENS, certes avoir reçu le cours de quelqu'un proche du jury aide, mais en l'occurence ce n'est pas tout. Mais c'était juste pour apporter cette précision.

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