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Le créole de la Martinique bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 















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Un pays tout artificiel ?




Je garde en ce moment, jamais trop loin de moi, le dernier livre d’André Aschiéri. Le maire de Mouans-Sartoux (06) s’y préoccupe de la disparition des terres, tant agricoles que naturelles, chez nous et au fin fond de l’Afrique. Le trait commun, c’est que dans cette pente glissante nous perdons les moyens de nous nourrir ou de nous soigner correctement. Beaucoup sont d’ores et déjà touchés, nos enfants le seront tous, à moins qu’ils ne soient très riches. Et encore !

Telle communauté des bords du fleuve Sénégal a vu venir la multinationale sans trop de crainte. Mais bientôt, l’essentiel des terres arables a été confisqué, et les végétaux propres à produire des agro-carburants ont rapidement pris de l’ampleur, protégées par des clôtures. Les quinze mille familles locales, toutes paysannes, n’ont plus que mille hectares pour se nourrir. Tout développement devient impossible, l'autosuffisance alimentaire est en danger.
 
Plus près de nous, dans l’hexagone, les terres agricoles qui chaque année disparaissent représentent la surface d’un département. Nous n’en avons jamais que 99 et une bonne partie du capital foncier est déjà bétonné ...
 
La décentralisation qui, en 1982, fut accueillie avec bienveillance par tous en France, a pourtant aussi permis aux maires de « maîtriser » leur urbanisme. On a vu qu’en fait de maîtrise, ce fut surtout le règne du n’importe quoi. Le résultat, après trente ans, c’est le mitage du territoire, à un point inimaginable. La villa est partout, les maires ne savent pas résister, et les préfets non plus. Tel maire sera peut-être demain ministre, c’est-à-dire leur patron…
 
Le résultat ? le marcheur, l’amoureux de la nature est confronté partout à l’artificiel et à la clôture. Nous sommes devenus une nation de dresseurs de barrières et de chiens de garde. les porteurs de projets collectifs eux, ne peuvent plus rien faire. Une nouvelle voie ferrée ? Un parc éolien ? Une remise en cultures ? Désolé, c’est réservé au lotissement !
 
A Mouans-Sartoux, le maire a été soutenu depuis longtemps par sa population, ce qui fait de cette commune un modèle d’économie de l’espace, mais qui ne l’empêche pas de multiplier les projets collectifs, parfois prestigieux. C’est là qu’on trouve un espace d’art contemporain dédié à la petite enfance, par exemple, et pas ailleurs.
 
Or André Aschieri propose une solution pour enrayer la disparition de nos espaces, qui pourrait aussi être une solution (partielle) aux casse-tête financier des collectivités locales. Enfin, de celles qui se montrent vertueuses.
 
Il s’agirait de taxer le changement de destination des terres, quand ce changement détruit terres agricoles et espaces naturels. Le produit de la taxe serait reversé aux collectivités qui mènent une politique de préservation et de valorisation de ces mêmes terres, en voie de raréfaction.
 
J’imagine la tête de certains maires du littoral et des affairistes immobiliers qui les soutiennent. Dans quelques communes de la Cote d’Azur, ce genre d’idées ne vous fait pas que des amis. Mais plus généralement, il nous évitera peut-être le regard lourd de reproches de nos enfants.
 
André Aschieri – Maud Lelièvre : La fin des terres (comment mangerons-nous demain ?) ed. Scrineo.

Mardi 10 Juillet 2012
Michel Neumuller




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