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L'Aeloc conforte son rôle de "défenseur tous azimuts" de l'enseignement de la langue d'Oc


Ni syndicat, ni club culturel, l’Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc veut pourtant défendre les conditions de l’enseignement de la langue régionale tout en aidant les projets culturels des maîtres qui l’enseignent. A l’occasion de son assemblée générale, tenue à Aix-en-Provence le 31 juin 2012, l’Aeloc en a encore fait la démonstration.



Les professeurs de langue d'oc souvent à l'affût de possibilités pour leurs animations (photo MN)
Les professeurs de langue d'oc souvent à l'affût de possibilités pour leurs animations (photo MN)
 
Régulièrement des enseignants demandent un coup de pouce à l'Association pour l'Enseignement de la Langue d'Oc, dont ce n'est pourtant pas la vocation. Un projet de collectage en Camargue a ainsi été aidé par l’Aeloc. Les lycéens orangeais du Lycée de l’Ar c y ont passé quatre jours, bien préparés par leur professeur Matthieu Poitevin, à rencontrer des provençalophones, récupérer avec eux l’histoire des lieux, s’intéresser à leurs souvenirs, ou à leurs passions, tout en s’essayant aux techniques de captation du son et de l’image, avec l’aide d’autres lycéens, qui apprennent ces savoir-faire.
 
Dans les Alpes, les professeurs d’occitan de Digne et de Gap, Alexandre Arnaud et Magali Henri, ont aussi, avec l’aide de l’Aeloc, pu se rendre dans les Valadas, ces vallées italiennes où la langue occitane reste vive. « Nous y avons passé trois jours, et nos élèves ont là-bas pris conscience qu’ils n’étaient pas les seuls à apprendre leur langue » explique Alexandre Arnaud.
 
Ces actions ont été évoquées au cours de l'Assemblée Générale de ce mouvement, qui s'est déroulée à Aix-en-Provence le 30 juin 2012. « Nous ne limitons surement pas notre action à ces coups de pouce à des projets ciblés, car nous devons essayer de défendre les conditions de l’enseignement de la langue d’oc partout au moins dans l’Académie d’Aix-Marseille ». Jean-Pierre Reynaud, maître d’école fraîchement retraité, s’occupe du site internet de l’Aeloc, tout en assurant nombre d’interventions culturelles dans les écoles où la langue s’apprend.

Des animations qui portent sens

Rémy Salamon : "les animations de l'Aeloc cherchent à apporter du sens; quand nous intervenons dans un carnaval scolaire, on sait mieux ce que l'évènement représente" (photo MN)
Rémy Salamon : "les animations de l'Aeloc cherchent à apporter du sens; quand nous intervenons dans un carnaval scolaire, on sait mieux ce que l'évènement représente" (photo MN)
Près de 8000 élèves de tous niveaux, surtout en maternelle et primaire, reçoivent un enseignement de provençal dans les Bouches-du-Rhône. Dans le Vaucluse le nombre d’écoles qui l’enseignent est en croissance rapide. Les deux départements alpins cherchent à faire fleurir ce qui était devenu un désert éducatif pour la langue d'oc. L’Aeloc donne de la vitamine à ces enseignants très volontaires, en apportant dans leurs écoles des projets d’animation culturelle. Contes, histoires chantées, pièces de théâtre en tournée… 
 
Ecoutons Rémy Salamon, très impliqué dans ces animations. « Cette année, alors que nous venions d’animer le carnaval d’une école, j’ai eu la joie d’entendre la directrice me dire : « cette année, le carnaval a pris un sens, ce n’était plus seulement l’occasion d’habiller les petites filles en Maya l’Abeille ! » 
 
«  Nous avons sûrement un rôle dans la socialisation de la langue d’oc en Provence » renchérit Mireille Combe, la présidente de l’Aeloc.
 
Un rôle également revendicatif, près des enseignants, voire des parents d’élèves. Voici quelques années, au terme de ce que ces enseignants considèrent comme une sorte de crime prémédité, l’école aixoise de Luynes sort du réseau des « centres continus d’apprentissage de la langue régionale  », qui en comprend 25 dans les Bouches-du-Rhône,  sans que l’Académie respecte le moins du monde la procédure qu’elle avait elle-même décidée. Réunions pour organiser la contestation, courriers à l’Inspection d’Académie, interventions franches et non cordiales dans les différentes commissions académiques où siège l’Aeloc… à défaut d’obtenir satisfaction, l’Aeloc enverra un message clair aux publics de l’éducation nationale : ils ne seront pas isolés quand un problème surgira.

Crise du militantisme

En 2011 le Colloque bisannuel de l'Aeloc était consacré à " l'enseignement de la langue d'oc et le développement durable" (photo MN)
En 2011 le Colloque bisannuel de l'Aeloc était consacré à " l'enseignement de la langue d'oc et le développement durable" (photo MN)
C’est que derrière l’Aeloc, on trouve les deux fédérations auxquelles elle adhère : la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d’Oc (Felco ) et la Fédérations des Amis de l’Instruction Laïque (AIL). « D’une part les besoins et les travaux de l’Aeloc y sont reconnus et pris au sérieux, d’autre part, leur puissance sert bien notre cause car, avec elles, il est difficile de ne pas nous prendre au sérieux quand nous parlons » insiste Jean-Pierre Reynaud.
 
Le colloque « de niveau universitaire » organisé tous les deux ans à La Fare (13) par l’Aeloc, pose aussi l’association comme organe de réflexion et de débat de haute volée sur les questions éducatives au sens large. Le dernier, en novembre 2011, a abordé à coups de tables rondes aux invités choisis la thématique « Langue d’Oc et développement durable ».
 
Pourtant on voit peu les enseignants en activité dans les différentes manifestations de l’Aeloc. Lors de son assemblée générale on les comptait sur les doigts d’une main, alors qu’ils fournissent un gros contingent d’adhérents (près de deux cents). « C’est surement un de nos grands défis, contrecarrer la désaffection militante de ceux qui ont le plus besoin de voir créer un environnement favorable à l’épanouissement de l’enseignement de la langue d’oc », souligne le secrétaire de l’Aeloc, Alain Barthélemy-Vigouroux.

Un recours pour les enseignants d'oc

Alain Barthélemy : "Les responsables d'établissements scolaires devraient mieux savoir que l'apprentissage de la langue d'oc facilite celui des autres langues romanes" (photo MN)
Alain Barthélemy : "Les responsables d'établissements scolaires devraient mieux savoir que l'apprentissage de la langue d'oc facilite celui des autres langues romanes" (photo MN)
Discuter avec les enseignants adhérents révèle pourtant l’étendue de leurs soucis. Un professeur de collège court parfois dans quatre établissements différents, « chaque année je dois me battre pour que mon principal ne donne pas le choix à mes élèves : manger à la cantine ou venir au cours de provençal !» explique une professeure de l’ouest des Bouches-du-Rhône. Le professeur de provençal est considéré comme un enseignant surnuméraire, perturbateur d’emplois du temps. Le simple fait de signaler un problème à l’Aeloc entraîne pourtant une attention particulière de l’association, un courrier ou une demande de rendez-vous avec les autorités scolaires.
 
« De l’envoi d’un dépliant à la franche explication, nous agissons souvent avec succès. Il m’est arrivé de débloquer une situation en expliquant ce qui mériterait d’être dit plus systématiquement : le cours de provençal donnera une facilité à tous les élèves qui choisiront une langue romane ».
 
Sur le sujet Alain Barthélemy peut-être intarissable…et suivi par l’Académie, qui voici quelques années a édité une très prometteuse brochure «De langue en langue, vers l’intercompréhension des langues romanes », expliquant le lien entre les différentes langues romanes à partir d’une centaine de mots courants, et composé par deux enseignants, Isabelle Catayée et Stéphane Ferraioli, occitanisants, et qui viennent d’accéder au grade d’Inspecteurs de l’Education Nationale. Hélas, l’effort s’est arrêté à la conception-réalisation de l’ouvrage, qui a pris deux ans, puis n’a guère été promu par l’institution scolaire.

Situations chroniquement précaires

Dans le primaire l'Education Nationale a une politique cohérente d'enseignement du provençal, au moins dans les Bouches-du-Rhône (photo MN)
Dans le primaire l'Education Nationale a une politique cohérente d'enseignement du provençal, au moins dans les Bouches-du-Rhône (photo MN)
Dans l’enseignement primaire, cela se passe mieux. Une Mission Académique, dotée de professionnels formés et volontaires, promeut, suit et projette depuis Gardanne (13) une politique favorable à l’enseignement du Provençal, au moins dans les Bouches-du-Rhône. Deux écoles bilingues y ont été ouvertes, à Maillane et Martigues, en 2010 et 2011. Des outils pédagogiques très originaux ont été créés pour soutenir le travail des maîtres.
 
Tout pourrait être pour le mieux dans les meilleur des moins mauvais mondes pour l’enseignement de la langue d’oc dans l’Académie d’Aix-Marseille. Sauf que le créateur de ces outils pédagogique, Roland Boyer, prend sa retraite. Sauf que la Commission Académique Consultative de la Langue Régionale, qui prend le pouls des acteurs associatifs, syndicaux et enseignants, ne s’est pas réunie en 2012, à la suite du départ en retraite d’un recteur plutôt favorable, Jean-Paul de Gaudemar, aussitôt appelé d’ailleurs au cabinet du nouveau premier ministre. Sauf qu’avec la formation des maîtres confiée à l’Université, les cadres d’intervention ont vu disparaître l’enseignement de langue régionale qui garantissait les compétences.
 
Sauf que … « Dans ce dispositif, dès que la bonne volonté flanche ou qu’un individu clé fait défaut, le système risque de s’écrouler, et l’enseignant et le parent d’élève se retrouvent seuls et sans recours. Dans cet univers précaire, l’Aeloc fait office de continuité, dans la revendication et le soutien aux acteurs scolaires » souligne Guy Garnier, un ancien Inspecteur de l’Education Nationale qui prépare la publication d’un recueil de textes à l’attention des classes.
 
Car le soutient de l’Aeloc aux enseignant prend aussi la voie éditoriale. « Bien souvent on ne trouve pas d’ouvrages en provençal, même des classiques, dans les écoles où s’apprend la langue », s’étonne Rémy Salamon, en rappelant l’impressionnant catalogue de l’éditeur …Aeloc.
 

Mardi 3 Juillet 2012
Michel Neumuller




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