Aquò d'Aqui



Martiniquais bâillonné

Contrairement à la Corse, la cour administrative n'a pas reconnu à La Martinique que sa langue, le créole, soit co-officielle du français. Il y a dans ces arrêts une interprétation qui va toujours à l'interdiction. Il est donc temps de changer l'article constitutionnel qui sert de prétexte à ce bâillonnement.

Le Tribunal Administratif de Fort-de-France, Martinique, près d’un an et demi après, a annulé le 3 octobre dernier une délibération de 2023 faisant du créole la langue officielle du département, au côté du français.

 

Ainsi, une fois de plus l’article 2 de la Constitution sert à étrangler les volontés d’un pays aux réalités linguistiques et historiques particulières en matière de droit à sa langue.

 















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En congés


M. Mélenchon se met en vacances de la politique. Disons qu'il nous en fera aussi, du coup, des vacances.



Si nous ne nous privons pas de parler de politique à Aquò d'Aquí, nous savons bien que ce sont les militants d'un parti qui font ses choix.

Toutefois nous observions attentivement et particulièrement les positionnements du Front de Gauche ces derniers mois.


La France n'est pas une langue mais une idée

D'un côté on y trouve le Parti Communiste, dont l'idéologie se préoccupe depuis longtemps des cultures populaires. A ce titre, nombre de défenseurs de la langue occitane y agissent, et toute une école occitaniste, sociale, est issue de ce parti, dont le moindre avantage n'est pas qu'il garantit l'ensemble du mouvement régionaliste de dérives poujadistes.

Et de l'autre côté, vous y verrez le Parti de Gauche qui, du point de vue régionaliste, est plus hétéroclite.

Mais, par devant cette diversité, ces dernières années, on ne voyait que la figure tonitruante d'un homme politique qui parle fort, et à notre avis, qui parle mal. Et surtout qui agit mal.

Jean-Luc Mélenchon s'était fabriqué une sorte de radicalité franco-centraliste. Avec lui, comme au temps de l'Abbé Grégoire, on allait maintenir les langues régionales dans la cave. On ne les tuerait pas violemment, mais on les empêcherait de respirer!

Elles devaient absolument rester hors du droit et ne dépendre que de la tolérance.

Combien de promoteurs des langues régionales en France n'ont-ils pas pris en pleine figure les propos durs, et pour tout dire irréels, de M. Mélenchon à ce sujet?

Quand l'Europe préconise que les Etats s'engagent dans la défense de leur patrimoine linguistique, il s'oppose, seul dans son camp et ne craignant pas de mêler ses voix à celles du Front National. Quand le Parlement en France tente timidement d'aller vers la signature de la Charte Européenne des Langues Régionales, il voit là immédiatement la première étape du séparatisme en marche.

Le fantasme a conduit ses propos, tout comme il avait conduit avant lui son maître à penser officieux, Jean-Pierre Chevènement. 

Aussi, en apprenant que cet homme politique se met en retrait pour réfléchir, nous nous disons que, d'une, il a en effet bien besoin de prendre du recul pour faire le point sur les errements de sa pensée

Et de deux, que, libéré de ce paravent sonore, le Front de Gauche pourra faire mieux émerger une pensée qui, pour être progressiste, doit se préoccuper des aspirations d'une société plus libre et intellectuellement plus riche.

C'est ici qu'intervient, y compris pour un Parisien ou un Rémois, la notion de patrimoine commun. La Constitution du Peuple Français le dit correctement depuis 2008, "les langues régionales font partie du patrimoine de la France", et non pas de la seule région où elles sont parlées. Elles sont notre patrimoine commun. La défense du corse en Corse regarde aussi un Breton. Et celle du catalan à Ceret concerne un Chti.

Pour aller vers l'autre, on a besoin de savoir qui on est. C'est un lieu commun. Or, des Provençaux ou des Bretons qui cherchent à mieux vivre en accord avec leur culture n'ont pas à faire peur à qui que ce soit. Les fédéralistes Etats Unis d'Amérique ou la Suisse à trois langues ignorent le séparatisme. 

Une Provence où l'on parlerait provençal à l'école ou dans la rue, une Alsace où l'alsacien retrouverait le tonus qui fut le sien voici trente ans, une catalogne qui voit fleurir les écoles bilingues n'affectent en rien l'unité nationale. Nous pensons qu'au contraire elles l'affermissent. 

Car la France n'est pas une langue, mais une idée, que symbolise la devise du fronton de nos édifices publics : liberté, égalité, fraternité.

Est-il besoin d'affirmer que le développement public de la pratique de nos langues de France n'affectera pas l'usage du français? Le danger pour lui viendra du développement de l'anglais, pas de celui du béarnais.

Nous souhaitons à JL Mélenchon de pouvoir y réfléchir sérieusement, et de mettre ainsi à profit le temps qu'il veut se donner, à la marge de la vie politique.

Et nous souhaitons aussi à sa famille politique de pouvoir s'affranchir du discours d'un homme qui laissait croire que sa pensée personnelle s'imposait à un collectif qui réfléchit différemment.

Mercredi 23 Juillet 2014
Aquò d'Aquí



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