Aquò d'Aqui



Où en es tu Aquò d'Aquí ?

Votre magazine continue... vous continuez avec lui ?

Votre journal continue sa publication, votre abonnement n'a pas été souscrit en vain. Et si la transition post Michel Neumuller n'est pas facile, une équipe bénévole veille à poursuivre l'œuvre commencée en 1987 : un journal indépendant, sociétal, pan occitan, et bilingue.

Chers amis lecteurs, et avant tout abonnés de notre périodique, vous recevrez sous peu le prochain numéro d'Aquò d'Aquí. Le travail et l'animation du rédacteur en chef Michel Neumuller ont pris fin sous leur forme salariée en avril, et la transition n'est pas si facile. Néanmoins, elle est en cours et va se traduire très vite par le prochain numéro de votre revue. 

Soutenez l'équipe qui désormais veille à vous servir, et à publier l'unique périodique de société en occitan.







Les articles les plus commentés







            partager partager

Christian Philibert, un anti santon sans complexes


ESPIGOULE. Son documentaire « Le Complexe du santon » a marqué les esprits en 2005, et sa fiction « Les quatre saisons d’Espigoule » est devenue cultissime. Christian Philibert présente bientôt « Afrik’Aïoli » à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes. Ce cinéaste nous parle de la difficulté et de la passion de faire des films au pays, et de la place de la langue occitane dans la fiction au XXIème siècle.



Christian Philibert: "le public dit son envie de voir des choses différentes" (photo MN)
Christian Philibert: "le public dit son envie de voir des choses différentes" (photo MN)
Sans aval d’un scénario par les chaînes publiques point de financement ! C’est ce que nous disent régulièrement les téméraires qui se lancent dans un projet de fiction en occitan. Est-ce si raide que ça ?
 
La règle existe pour tout type de film, mais était contournable. Arte n’avait pas voulu de « Travail d’Arabe », mais avait finalement décidé de l’acheter, une fois vu au Festival de San Sebastian. Idem pour les « Quatre saisons d’Espigoule », auquel Canal+ n’avait apporté son concours qu’ après avoir vu la bande annonce. Mais la situation s’est durcie. Les chaînes désormais veulent acheter le film une fois achevé, et tous les risques sont pour ceux qui se sont investis. Quand on commence un film on n’est plus jamais certain de pouvoir le terminer.
 
Les aides du Centre National de la Cinématographie ?
 
Parfois on l’obtient. Mais j’ai un problème avec ça ; si le film n’est pas dialogué d’une manière formatée, l’aide, vous ne l’avez pas ! L’industrie cinématographique veut avoir le contrôle total de ce que fait le cinéaste. Cela part du sentiment qu’il faut être sûr que le film rencontrera un public ; mais on voit bien qu’en réalité plus personne ne contrôle rien. Les grosses machines se cassent de plus en plus la figure, parce que le public dit son besoin de voir des choses différentes. C’est ainsi que j’analyse la situation. Internet, la possibilité de voir tant de choses, a montré au public que d’autres voies sont possibles.

Espigoule se tire ailleurs (photo XDR)
Espigoule se tire ailleurs (photo XDR)
 Une voie est-elle également possible pour le cinéma en occitan ?
 
Il est déjà très difficile de trouver des financements pour un cinéma méridional  un peu marqué. Mais je pense qu’avec un budget peu élevé, ça doit rester possible de mener un projet cinématographique en occitan. Philippe Carrese l’a montré avec Malaterra*. Tourner en provençal se prêterait bien au film historique selon moi. Il me semble incongru, dans une fiction, de faire parler français à un paysan provençal du XVIIIè ou même du XIXè siècle. Voyez le cinéma de Mel Gibson, qui, pour parler du Christ, cherche comment on parlait à son époque. Ce cinéma-là est une aventure qui mérite de trouver un public, et en fait il le trouve.
 
Pour revenir au provençal, que je ne parle pas hélas, car il s’est perdu entre la génération de mes grands-parents et la mienne, j’aurais du mal à tourner dans une langue que je ne maîtrise pas. J’y viendrais bien, mais, investi dans mon métier, je manque terriblement du temps nécessaire pour m’y mettre, comme d’ailleurs pour faire de la musique, une passion pourtant !

Un village fictif désormais mondialement connu, sauf des chaînes publiques (photo XDR)
Un village fictif désormais mondialement connu, sauf des chaînes publiques (photo XDR)
Votre prochain film emprunte à Espigoule mais se passe en Afrique. Que pouvez-vous en dire ?
J’entraîne Jean-Marc au Sénégal. Le patron du bar d’Espigoule va à la rencontre des Africains. Espigoule se tire ailleurs ! Et c’est un choc culturel cette rencontre entre Afrique et Provence. L’idée est venue de Jacques Dussart, mon scénariste, qui connaît bien le Sénégal. En bref on a créé des ponts entre Espigoule et son équivalent au Sénégal. Créer des ponts c’est important. Le film sera présenté à la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes bientôt, mais nous le lancerons en fait à partir de l’été prochain dans les villages, où le film sera projeté au cours de soirées festives, avec musique et tout…En tout cas, pour la première fois je suis fier de ce que j’ai fait. D’habitude, quand je vois mes films une fois terminés, j’en sors totalement anéanti !
 
Espigoule (Ginasservis, en réalité) est devenu une légende, mais qu’en a dit le public d’ici, confronté à l’image que vous lui renvoyiez de lui-même ?
 
Les Provençaux se sont reconnus dans Espigoule, mais une minorité s’est offusquée qu’on puisse se moquer de nous-mêmes. J’ai le souvenir d’un vieux Félibre, charmant mais désespéré qu’on se montre ainsi. «  Que va-t-on penser de nous à Paris ? » m’a-t-il interpellé. J’ai répondu que l’autodérision est une part de notre identité.
 
Et vos prochains projets…s’ils peuvent trouver un financement ?
 
J’hésite à livrer mes idées dans un monde du cinéma toujours prompt à les piquer aux autres. Mais si j’avais les moyens je tournerais une fresque sur la peste de Marseille. Evidemment ce serait pharaonique ! L’idée de résistance m’intéresse.  Les exemples ne manquent pas chez nous. Et j’ai quelques personnages historiques à faire vivre en Provence sur ce thème. Je suis un passionné d’histoire, et préparer un documentaire comme « Le Complexe du santon  » a été un plaisir parce que j’ai pu parler des heures et des heures avec des historiens comme René Merle et quelques autres.
 
*Mais c’était en 2002-2003, avec une aide de la Régie Régionale du Cinéma (Ndlr).

Cet entretien avec Christian Philibert sera également publié, augmenté d'autres questions et réponses sur le thème du documentaire historique régional dans le prochain numéro du mensuel Aquò d'Aquí, en mars-avril 2013.

Mardi 5 Mars 2013
Michel Neumuller




Nouveau commentaire :


Copyright

Les articles diffusés sur Aquo d'Aqui.info sont protégés par la législation sur les droits d'auteur et le copyright. Il est interdit de les diffuser hors le site d'Aquo d'Aqui, sauf autorisation expresse de son créateur.

Recherche


Dison que...

Robert Lafont cet intellectuel qui occupa le terrain social pour une renaissance occitane

A ne pas manquer !

AIX-EN-PROVENCE. Le colloque du 14 octobre 2023 a ouvert large l'éventail des domaines d'intervention d'un humaniste dont l'œuvre incontournable a généré et accompagné le second risorgimento de la conscience d'oc.


Robert Lafont fut l'artisan principal du second risorgimento de la langue d'oc. Mistral avait lié le premier à la production d'œuvres littéraires prestigieuses et à l'unité latine, Lafont, avant et après 1968 associa ce second regain à la critique coloniale et à la situation sociale comme à une relecture de l'histoire. Pour autant son œuvre littéraire et théorique, riche et diverse, marque encore tous les domaines de la création d'òc. 

 



Copyright

Les articles diffusés sur Aquo d'Aqui.info sont protégés par la législation sur les droits d'auteur et le copyright. Il est interdit de les diffuser hors le site d'Aquo d'Aqui, sauf autorisation expresse de son créateur.