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Jean Fléchet, le cinéaste de la bande son en occitan


AIX. Le CEP d’Oc a consacré une de ses soirées au cinéaste Jean Fléchet, à l’Ostau de Provença . On y a projeté certains de ses courts métrages, en présence du cinéaste. L'auteur de l'Orsalher a porté un regard humaniste sur les gens, leur culture, et tout à la fois produit, réalisé et distribué ses films; un exemple de la difficulté de faire du cinéma en occitan, et d'y parvenir pourtant.



Le premier film 100% en occitan est l'histoire d'un jeune naïf pauvre qui découvre le monde, et les idées nouvelles (Photo XDR)
Le premier film 100% en occitan est l'histoire d'un jeune naïf pauvre qui découvre le monde, et les idées nouvelles (Photo XDR)
Son Orsalher, tourné en 1980, avec Léon Cordes, Marcel Amont, et toute une pléiade d’acteurs amateurs dont la principale qualité était leur enthousiasme pour le projet de Jean Fléchet, reste encore aujourd’hui pratiquement le seul film long métrage en occitan.
 
La même année Jean-Pierre Denis tourne de son côté Histoire d'Adrien, en Périgord, oeuvre sobre qui aura un succès d'estime (Caméra d'Or au Festival de Cannes). Il faudra ensuite attendre Malaterra, en 2003, pour que Philippe Carrese puisse ajouter un troisième film à cette trop courte liste d'oeuvres en occitan.
 
Le CEP d’Oc a consacré une de ses soirées au cinéaste Jean Fléchet, mercredi 26 juin 2013, à l’Ostau de Provença. On y a projeté certains de ses courts métrages, en  présence du cinéaste, aujourd’hui octogénaire, venu du Vaucluse où il réside.
 

Il réalisait, produisait et diffusait

Joan Fléchet, ici lors de la soirée aixoise du 26 06 2013 avec Andrieu Abbe. Le cinéaste a offert son fonds d'oeuvres filmiques au Cep d'Oc (photo MN)
Joan Fléchet, ici lors de la soirée aixoise du 26 06 2013 avec Andrieu Abbe. Le cinéaste a offert son fonds d'oeuvres filmiques au Cep d'Oc (photo MN)
Ses œuvres précédentes en occitan recoupent autant le registre sérieux que celui de la comédie. On doit ajouter à ces courts métrages une myriade de documentaires de télévision, souvent consacrés à la langue occitane.

Ainsi de La Sartan, tourné en 1963 à Caderousse. "Je suis allé voir Paul Marquion (homme de théâtre - 1902-82) et lui ai demandé de me raconter une histoire" explique Jean Fléchet. C'est ainsi qu'est née cette farce quasi burlesque sur le double sens de "sartan" (poêle et mégère tout à la fois). 

deux décennies après ce court métrage pas vraiment féministe, avec Lenga de Peilha, le burlesque est toujours rois au pays imaginaire de Claude Alranq, qui donne voix de vòlha à une série de France 3, sous le mode rabelaisien. la vivacité un peu ennivrante de ce film en couleur avec farandoles et carnavals avec charge anticléricale souligne bien l'immédiat après mai 68. Jean Fléchet, toujours un peu réservé dans la vie, y donne libre cours à son esprit fantasque et quasi surréaliste. 

"Nous l'avions tourné à Pézenas, France 3 m'avait demandé de le faire, après l'Orsalhièr. La chaîne m'a laissé travailler, j'ai eu de la chance", affirme t-il. Agir librement est un leit motiv dans le discours de Jean Fléchet, qui sera devenu producteur pour y parvenir. 

Pourquoi a-t-on si peu parlé de ce cinéaste ? Rouler pour la langue d’oc ne favorise pas la renommée, c’est certain.  De plus, comme il fallait tout inventer pour ce cinéma, Jean Fléchet s’était aussi investi dans la production, créant Les Films Verts, ou encore Tecimeoc qui permettait de diffuser ces films.
 
C’est donc  surtout dans le reportage et le documentaire que Jean Fléchet s’exprimera.  On lui doit une trentaine d’œuvres de ce type : un portrait de Jòrgi Reboul, un autre de Joan Bodon, un troisième sur les niçois Alan Pelhon et Mauris, un entretien avec Robert Lafont, et des captations de pièces de théâtre, comme « Viure al país es super cool », ou « Saison de femmes », parmi d’autres.

« A une époque où la télévision n’était pas entrée dans tous les foyers, il permettait ainsi de faire connaître le travail de troupes comme Lou Bastardèu en Vaucluse » souligne Jan-Pèire Belmon, « sans lui nous n’aurions pas le témoignage de cette époque et de ces actions ».

Un regard humaniste

Joan Fléchet a aussi tourné nombre de documentaires, tel cet "Enfants de Moscou" en 1965 (photo XDR)
Joan Fléchet a aussi tourné nombre de documentaires, tel cet "Enfants de Moscou" en 1965 (photo XDR)
« Avec d’autres gens de cinéma comme Henri Moline (disparu en 2003, réalisateur notamment de Léon Cordes en 1987, et ingénieur du son de L’Orsalher, mais aussi de Paul Vecchiali, Maurice Pialat, Michel Deville !) il s’était rapproché du Calen (l’association de Jòrgi Reboul), où il était un peu le type sérieux et discret, modeste même, qui  a donné corps au projet de ces cinéastes d’òc » nous dit encore Jan Pèire Belmon.
 
Si bien des faiseurs de film ont un bel ego à promener devant eux, Jean Fléchet lui s’effaçait derrière ses sujets. Sans lui, les « classiques » occitans n’auraient ni corps ni voix, dont l’écho nous est transmis grâce à ses films.

Hélas, la course perpétuelle à l'argent de la production aura eu raison de son projet au long cours : "La caméra en bois". S'il a écrit une dizaine de scénarios de cette suite à l'Orsalhièr, brossant l'univers des arts et de la communication jusqu'à l'internet, les moyens de tourner le second opus lui auront toujours manqué.

Il s'estime pourtant heueux. Aujourd'hui plus aucune chaîne de TV n'accepterait d'aider ou de diffuser un film dans lequel on parle plus de quelques secondes autre chose que du français.
 
Ce beau cinéaste a donné son fonds au Cep d’Oc, ce qui permettra aux chercheurs et au public de comprendre, profiter et diffuser ce cinéma qui fait partie de notre patrimoine et qui « apporte un regard humaniste sur les choses, les gens, le pays, et le cinéma » dixit JP Belmon.

Jeudi 27 Juin 2013
Michel Neumuller




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