
« L’occitan c’est pas une variable d’ajustement », affichait la Fédération pour l’Enseignement de la Langue et de la Culture d’Oc (Felco), qui fait aussi entendre un autre slogan, plus moral : « La réforme des lycées tue l’occitan – Non ! ».
La mobilisation, pour ces enseignants de langue régionale, avait débuté réellement samedi dernier, autour des tables de l’Université Paul Valéry de Montpellier.
« Nous étions pour une fois très nombreux à Montpellier, samedi » raconte une enseignante provençale. En effet, les professeurs d’occitan, de Bordeaux à Nice, y sont venus.
Les professeurs avaient choisis une présence forte à Avignon

C’est que, voici encore deux semaines, la moitié des cours de provençal étaient promis au rebut dans cette Académie. Le recteur Bernard Beignier, jamais à court d’éloges respectueux de la langue occitane lors des conseils académiques, subitement déclarait sur l’antenne publique France Bleu, le 24 janvier, que le provençal ne s’entendant pas sur les marchés, la question de l’utilité de son enseignement se posait.
Alors que l’épreuve écrite pour l’agrégation d’occitan-langue d’oc (deux postes cette année) venait d’être organisée à Aix-en-Provence, l’enseignement de la matière était promis à la disparition.
En une semaine, alors que la pression est restée modeste, déjà les menaces de suppression de cours s’estompent. Nous pourrions citer, dans la panoplie de ces pressions, notre article de mercredi dernier et ses trois milles visiteurs, immédiatement relancés par de nombreux partages sur les réseaux sociaux, les tentatives de Michel Feltin-Palas -L’Express - pour questionner certains proviseurs particulièrement abrasifs pour les cours d’oc que propose leurs établissement. Mais il faut aussi souligner les interventions syndicales, en particulier du Snes auprès du Rectorat.
Des cours rétablis quand la protestation se fait ferme

Néanmoins le lycée Victor Hugo de Carpentras perdrait toujours ses six heures hebdomadaires de cours de provençal, tout comme le lycée de Bollène (84) et le lycée Montgrand de Marseille, ainsi que le lycée Victor Hugo dans la même ville.
L’enseignement privé sauverait aussi, mais très provisoirement, ses heures de cours, dans les rares établissements qui proposent un enseignement d’occitan : Notre-Dame de Sion à Marseille, où tout de même 9h hebdomadaires sont dispensées, et le lycée Pila de Carpentras. Mais il ne s’agit que d’un sursis, la retraite de l’enseignant, dans deux ans, mettant théoriquement fin à cet enseignement.
A ce stade, et avec une mobilisation pourtant encore embryonnaire, la moitié des cours de provençal promis à la disparition seraient maintenus. Un encouragement à la mobilisation. Or, celle-ci dépend entièrement de l’unité très récente des enseignants.
Une convergence des enseignants de différentes langues minoritaires ?
Pendant ce temps, l’Assemblée de Corse, de son côté, a appelé le ministère de l’Education a concerter, après avoir renoncé à « élaborer un projet par petites touches, sans concertation, et au mépris du statut de la Corse ».
Une convergence des défenseurs des différentes Langues de France au sens que lui donne la Constitution article 75.1, serait-elle en train de se dessiner ?
