Nom de nom ! On le baptise en occitan ?


Un petit dictionnaire de poche pour nommer le bébé en occitan. Instructif, mais à manier en fonction de réalités régionales.



Pourquoi ne pas oser le nommer Magali, ce futur bébé, qui donne déjà ses coups de pied dans le ventre? La désuétude des prénoms, c’est quelque chose de très relatif…Déjà j’apprends qu’un nouveau-né annoncé sera nommé Michel. Moi qui croyais que mon prénom faisait penser à Mathusalem !

Magali, Florenç...mais pas Gabian svp

Avec Magali, qui  n’est autre qu’une variante de Margarida (du grec Margaritês – la perle), comme Margariton, Margòs ou Magalona, évidemment vous aurez prénommé la petite en occitan.
 
Et si c’est un garçon, vous pourrez l’appeler Gervasi, qui nous vient du germanique et doit signifier « compagnon de combat ». Ou, plus pacifiquement Florenç, qui lui sera fleuri.
 
Les prénoms occitans, vous en trouverez des centaines dans le petit ouvrage que vient d’éditer Les éditions du Régionalisme, « Les prénoms occitans », d’Arvei Lieutard.
 
Les parents en recherche d’originalité y trouveront leur miel. « Pourquoi aller chercher l’exotisme loin quand la nouveauté se trouve sous notre nez ? » questionne l’auteur.
 
Son intention reste d’aider les parents, par le simple – mais empreint de profondeur - fait de nommer leurs enfants, à reconquérir une petite part de leur occitanité, ou à la fonder. Vous venez de Paris ou de Dunkerque ? Appelez votre fille Colombina, ou votre fils Guilhèm, vous aurez marqué de manière plus que durable votre désir d’être d’ici.
 
En vérité, ces prénoms n’ont pourtant rien de proprement occitan. Tant mieux, parce que la pureté on s’en f…
 
Ils ne sont que des prénoms qui ont voyagé dans le temps en Europe et ailleurs. Ils nous viennent du grec, de l’hébreu, ou souvent du germain...Un souvenir du royaume Wisigoth ou de la Lotharingie. Ils ont parfois quitté le pays, mais y reviennent après un siècle ou deux, sous une forme nouvelle. Le Jennifer anglo-saxon que des parents français ont affectionné, n’est autre que le Geneviève qui avait cours dans les années 1940. Mais elle aurait pu tout aussi bien s’appeler Genevieva ("femme racée "! en vieux germain).
 
Pour tenter la nouveauté, il vous faudrait faire comme ce chômeur breton qui, en 1985, alla déclarer son fils nouveau-né comme s’appelant Assedig. L’Administration lui en refusa le droit. L’infortuné inemployé avait prétendu que son geste d’humeur contre les Assedics n’était qu’un retour aux sources celtiques. Après tout, Le prénom était joli. Et, dans quelques siècles, les étymologistes écrivant un dictionnaire de prénoms anciens se seraient gratté la tête un moment avec ça.
 
Enfin, chers futurs parents, n’allez pas tout de même baptiser vos bébés sur la simple foi de cet intéressant ouvrage de poche. Renseignez-vous d’abord sur la pertinence locale de tel ou tel prénom. Vous éviterez ainsi à votre enfant de se fader les moqueries de ses futurs camarades.
 
Par exemple, si Gabian est bien attesté comme la variante de Gabin, en appelant ainsi votre petit, vous lui aurez lancé, en quelque sorte, un nom d’oiseau. Et pas le plus apprécié, entre Fos et Toulon…
 
Prénoms occitans – petit dictionnaire de poche – Arvei Lieutard, Editions des Régionalismes. 126p.9,95€. Commandes : Eds. Des Régionalismes – 488 rue de Gate-Grenier – 17160 Cressé, ou www.editions-des-regionalismes.com

Mardi 22 Mars 2016
Michel Neumuller