Les collégiens du Vaucluse sauvent les comptines en provençal


L’association Prouvençau Lengo Vivo, lance une opération de financement participatif afin de mettre en ligne une centaine de comptines en lengo nosto, avec l’aide des collégiens de deux cours de provençal.



Cinq sòu...une des comptines d'ores et déjà proposée sur la chaîne Youtube de Prouvençau Lengo Vivo
« Plòu, plòu, la galino, la galino, plòu, plòu la galino fai soun uou » et une centaine de comptines en provençal risquent de disparaitre de la mémoire populaire. Les parents ne les transmettent plus et la langue disparait, totalement, de la plupart des foyers provençaux.
 
C’est ce risque que l’association Prouvençau Lengo Vivo cherche à réduire, en sauvegardant ce patrimoine de grands-parents, via une opération de financement participatif avec la plate-forme de crowdfunding Ulule.
 
A vrai dire la première partie de l’opération s’est on ne peut mieux déroulée, les deux tiers des 1100€ visés ayant été promis par les donateurs en une semaine. Il est donc probable que la somme souhaitée soit relevée, et le nombre de comptines avec.
 
Prouvençau Lengo Vivo est une association para scolaire qui, née au début du siècle, organise des stages de printemps en immersion, où les jeunes ne s’ennuient pas. La vivacité y est de mise.
 
« C’est toutefois un combat  permanent que d’éviter la tombée dans l’oubli des fondements de la transmission populaire du provençal, et avec la disparition des grands parents qui diffusaient discrètement nos comptines, un trait d’union s’efface » regrette Virginie Bigonnet, professeure de provençal dans le Vaucluse, où elle enseigne à Mazan et à Monteux.

Chaîne Youtube et partage maximum des contenus

Avec les élèves de ses deux collèges, voici  cette beilèsso de Prouvençau Lengo Vivo traquant les seniors sur les bancs publics ! « Nous avons identifié les anciens qui parlent la langue, leur avons demandé s’ils souhaitaient transmettre ainsi leur savoir si plaisant, et ensuite envoyé les collégiens. Ce sont eux qui se sont en pratique occupé du collectage».
 
Procéder ainsi, plutôt qu’en se limitant aux grands parents de collégiens, a permis de ne pas réserver  la transmission aux seuls héritiers culturels. « Parmi mes élèves il y a des jeunes issus d’une immigration récente, et il n’était pas question de les priver de l’appropriation de la culture du pays », insiste Virginie Bigonnet.
 
Le matériau sonore recueilli, voici venue l’heure des professionnels. Sur les textes recueillis, Blandine Rambaud a chanté, pendant que le studio 2C (Plan d'Orgon) et la graphiste Adeline Ruel préparaient, et préparent toujours les supports qui permettront demain de faire passer en musique « Cinq sòu, lo biòu, la vaco, lou pichot vedelet, gueri, gueri, gueri »… et autant d’autres comptines en provençal qu’il sera possible, grâce aux dons qui permettent à Prouvençau Lengo Vivo de rémunérer les professionnels.
 
« Bien entendu tout sera gratuitement accessible » reprend Virginie Bigonnet, via une chaine Youtube. « Faciliter le partage, c’était le but ! ».
L'équipe pédagogique de l'association Prouvençau Lengo Vivo, ici en 2010 (photo XDR)

Dimanche 8 Janvier 2017
Michel Neumuller