Le Parc du Mercantour et Alpi Marittime triplent le nombre des espèces connues


On connaît mieux désormais la micro flore et la micro faune des deux parcs alpins après six années d'inventaire général. Parfois l'identification a été rendue délicate par la rareté des spécialistes.



1000 espèces identifiées chaque année (photo MN)
Le Parc National français du Mercantour et son voisin Italien Alpi Marrittime, tous deux engagés dans une démarche de labellisation de « Parc naturel européen » ont une mené à bien une opération commune d’inventaire de la biodiversité. « Nous connaissions 2 500 espèces végétales et animales, souvent supérieures sur nos territoires » nous expliquait Hervé Parmentier un des responsables du Mercantour, fin 2008, « mais avec la microflore et la microfaune que nous méconnaissons, nous devrions porter ce chiffre à 7 000 environ » soulignait-il alors.

L’inventaire mené grâce à des programmes européens transfrontatiers et le recours à l'aide bénévole de 300 taxonomistes (spécialistes de la classification des espèces) du monde entier Portera en fait à plus de 9000 le nombre d'espèces faunistiques et floristiques connues. Les trois premières années de recherche ont été financées à hauteur de 1,8 M€, des Etats français et Italien, de la Principauté de Monaco et de la Fondation Prince Albert, avec le Conseil régional Provence Alpes Cote d’Azur et le Conseil général des Alpes-Maritimes.

Les deux parcs pensent développer un tourisme de niche scientifique à l'occasion de cet inventaire général, dit ATBI. L’opération doit aussi, au final, rendre compte de la biodiversité « afin de mesurer les dégâts attendus du réchauffement climatique et permettre de l’anticiper à temps » précisait à l'origine M. Parmentier.

Surtout de petites espèces cavernicoles

C'est essentiellement la population inconnue d'invertébrés et l'univers des lichens, mousses et champignons qui a été étudié à l'occasion de cet inventaire. 

Fin 2011, 9400 espèces au total étaient recensées sur l'espace d'Alpi Marittime et du Mercantour. L'étude des pseudo scorpions ou par exemple des araignées cavernicoles a beaucoup progressé, alors qu'il n'est encore connu que de rares spécialistes.

Et plusieurs espèces nouvelles ont été identifiées ainsi. On compte parmi celles ci un charençon cavernicole, Trachyphloeus Lecciae, qui doit son nom à la jeune ingénieure écologue qui l'a découvert, Marie-France Leccia. La proximité avec d'autres espèces rendait l'identification difficile, et c'est en fait un laboratoire tchèque qui a établi sa distinction.

L'identification d'un coléoptère cavernicole nouveau, Duvalius Margdelainei Tordjmani a été plus facile, car la proximité a joué. Ce sont les écologues attachés au Musée d'Histoire Naturelle de Nice Lemaire et Raffaldi qui ont permis d'identifer la bestiole de couleur crème, qui doit son nom à son découvreur. Le technicien du Mercantour Patrice Tordjman en avait piégé un individu dans une mine de cuivre abandonée de Valdeblore (06).


Découverte par un technicien du Parc, Patrice Tordjman, dans une grotte, une sous espèce du coléoptère Duvalius Margdelainei, depuis dénommée Tordjmani, vivait là incognito depuis toujours (photo Francesco Tomasinelli DR)

Samedi 15 Juin 2013
Michel Neumuller