Intégrer les Roms Intelligemment


Au 1er janvier 2014 les Roms pourront travailler en France. En attendant on empêche encore toute scolarisation de leurs enfants. Est-ce raisonnable, à défaut d'être humain ?



On a vu dimanche 8 septembre 2013 environ 300 personnes se donner la main autour de la grande fontaine aixoise de la Rotonde. Dans cette chaîne de solidarité, on comptait quelques Roms.

C’est pour leur permettre de s’établir avec tranquillité que diverses associations s’étaient réunies à l’appel du Caddris (la coordination associative de défense des Roms en Provence) pour dénoncer la demande d’expulsion que formule à nouveau la Communauté d’agglomération du pays d’Aix à l'encontre d'un campement à Vitrolles.

L'insituteur plutôt que le policier

Policiers et bulldozers, c’est avec eux que les autorités déclinent leur politique vis-à-vis de ces Européens à la culture particulière et mal connue, tenus au large de la société en Roumanie, tenus à l’écart de tout en France.
 
Il vaudrait mieux que ce diptyque politique fasse place à l’instituteur et au service social.
 
Parce que le cœur le commande certes. Alors que des millions de jeunes français entrent à l’école depuis une semaine, les enfants Roms, dans l'impossibilité de rester quelques temps dans la même commune, sont renvoyés à leur illettrisme, à leur méconnaissance de la langue française.
 
Et c’est un journal web dédié à la défense de la langue occitane qui le regrette !
 
Mais aussi parce que la raison l’exige. Pourquoi chasser de ville en village, de champs en terrains vagues, ces petits groupes venus de Roumanie ou de Bulgarie, pays dont les citoyens jouissent des prérogatives des ressortissants de pays de l’Union Européenne ?
 
On interdit aux Roms de travailler, hormis quelques emplois particuliers, en les condamnant à la mendicité, et certains d’entre eux prennent ainsi l’habitude de la rapine et du trafic illicite.
 
Mais cette interdiction prendra fin règlementairement au 31 décembre 2014. Les Roms pourront alors chercher un emploi comme n’importe qui d’autre.
 
Pourquoi ne pas l’anticiper plutôt que de continuer à les pourchasser ?
 
Leur entrée, théorique, dans le marché du travail, ils la feront avec une connaissance trop sommaire de la langue française, et après des années d’inoccupation forcée.
 
Il est plus que temps de préparer enfin positivement ce moment, afin, pour une fois, de réussir une immigration, d’en faire une force plutôt qu’une source de problèmes et de frustrations.
 
Or, mis à part le seul exemple de la commune provençale de Gardanne, nous n’avons vu partout que référés, cars de police, élus locaux tonitruants.
 
Que se passe-t-il dans la commune ouvrière proche d’Aix-en-Provence ?
 
Un matin, onze familles Roms étaient là. Il a fallu improviser ; mais à la base une volonté politique a permis de tracer une voie vertueuse. Le maire a demandé qu’on organise la vie de ces familles, au lieu de demander au préfet de les faire chasser.
 
Donc, on a vu qu’avec l’eau et l’électricité, les colis des Restaus du Cœur, le suivi des assistantes sociales, les enfants ont pris le chemin de l’école. Les filles comme les garçons, ce qui n’était pas la règle chez les Roms.
 
Ces enfants européens, dont les parents pourront travailler dans six mois en France, auront pris une avance sur les autres, et la commune aura permis à d’autres villes de gagner du temps, si celles-ci protient de l'expérience. Ce qui a été mis en place à Gardanne fera probablement florès.
 
Ils auront bénéficié d’une politique du cœur, d’une politique de la raison. Car si des droits ont été accordés aux nouveaux arrivants, ils se sont aussi engagés sur leurs devoirs. C’est ce qu’on voudrait dès maintenant voir mettre en place dans d’autres communes. Voici cinq ans que cette population est pourchassée, en vain.
 
Il est plus que temps qu’on cherche à l’intégrer intelligemment.
A Aix, dimanche 8 septembre 2013 (photo MN)

Mardi 10 Septembre 2013
Aquò d'Aquí