La France politique voit désormais s’affronter trois pôles, dans un contexte confus. Les candidatures régionalistes ne vont-elles pas en rajouter ?
Nous apportons clarté et cohérence dans cette confusion. L’élection présidentielle n’apportera pas de changement. Il était déraisonnable qu’y soient présentés autant de candidats : d’une part comme un seul gagne l’efficacité aurait commandé qu’il y en ait moins, d’autre part à gauche nous avons observé qu’Europe Ecologie et la France Insoumise n’avaient que la politique européenne comme clivage, et que le PCF et LFI toujours, ne s’achoppaient que sur la politique nucléaire. Ils nous ont affirmé que ces clivages les faisaient irréconciliables, or les voici désormais tous sous la même bannière aux législatives. Aussi, en matière de confusion et d’incohérence, c’est de ce côté qu’il faut chercher. On ne s’étonnera pas du formidable taux d’abstention si c’est la tambouille qui règne.
Notre système politique est hybride : soit la majorité parlementaire est présidentielle, et le président exerce les pleins pouvoirs, comme nous l’avons bien vu durant la crise sanitaire, soit la cohabitation fait basculer la réalité du pouvoir au Parlement, en cohérence avec le premier ministre. Pour cette raison les Régionalistes ne s’obstinent pas avec la présidentielle, mais cherchent à augmenter leur présence à l’Assemblée Nationale, tout en refusant la logique de blocs, mortifère et artificielle ; nous mêmes qui sommes plus proches de la gauche sur la question sociale, mais plus près des centristes sur la question européenne ; nous n’imaginons pas enfermer le débat politique dans ces deux mots : « gauche/droite ». Nous refusons l’enfermement dans ces blocs, et recherchons des majorités de projet. C’est ce qui s’est produit avec la Loi Molac sur les langues régionales.
Quels programmes défendront les candidats de RPS ?
La mère des réformes doit être la décentralisation, il faut revenir sur la carte des régions, la refaire dans une logique de cohérence territoriale, avec des moyens qui permettent des politiques adaptées aux réalités. Nous plaidons pour une République fédérale, dans laquelle les territoires seront autonomes et participeront à la définition de la Loi.
Une des caractéristiques essentielles des candidatures que nous présentons reste qu’elles plaident pour qu’à côté du citoyen les territoires soient pris en compte dans le processus de décision. La logique référendaire dans laquelle la somme des citoyens individuels décide revient en effet à ce que les citoyens des métropoles décident, parce que ce sont les territoires les plus peuplés, laissant pour compte les territoires ruraux. Nous sommes donc favorables à la création d’une seconde chambre, qui incarne les territoires sur un pied d’égalité, et dialoguent avec l’Assemblée Nationale à la définition de la Loi.
Bien entendu nous voulons faire sauter le verrou de l’article 2 de la Constitution, qui empêche toute avancée en matière de droits aux langues de France. Il faut donc la réformer.
Et puis la question du logement est essentielle pour nos candidats. Les gens aux revenus faibles ne peuvent pas se loger correctement chez eux, et ce problème naît en particulier parce que la résidence secondaire est sur-représentée. Le logement a une valeur spéculative. Nous considérons au contraire que la priorité reste que tous puissent se loger. Aussi nous plaidons pour la création d’un statut de résident territorial, afin qu’on ne puisse plus acheter un logement, venant d’autres territoires, dans une pure logique spéculative.
Enfin la transition climatique devient une urgence : on doit sortir de la dépendance aux énergies fossiles comme du nucléaire. Nos candidats avanceront deux solutions alternatives pour accélérer cette transition : abaisser la consommation énergétique et utiliser les énergies naturelles, qui varient d’un territoire à un un autre. La stratégie là encore doit s’appuyer sur des territoires. Pour cela on ne saurait décider à Paris, et confier cette politique aux préfets qui ne réfèrent qu’au centre. Les élus régionaux doivent être décisionnaires en matière de politique énergétique, et responsables devant leurs électeurs. Pour cela la réforme institutionnelle, la décentralisation, sont indispensables.
La géopolitique s’invite dans le débat. Mais que disent des régionalistes qu’on n’attend pas sur ce thème ?
La France est un confetti sur la scène internationale. L’Europe doit relancer sa construction, elle a été absente dans la période qui a précédé la guerre en Ukraine, alors que, unie, elle aurait du parler d’une même voix. Nous sommes tous pacifistes, mais confrontés à la montée en puissance de velléités belliqueuses, aussi l’Europe doit dépasser les Etats, se doter d’une autonomie fiscale, et d’une force de défense afin de ne pas être dépendante de la politique des USA pour sa protection.
Un mes après lo visiò-rescòntre entre lo premier ministre Jean Castex e lei representants de l’ensenhament associatiu en immersion, deguna avançada s’es facha.
Lo 7 d’octòbre èra la Federacion deis Ensenhaires de Lenga e Cultura d’Oc qu’èran au ministèri de l’Educacion, amb un document de 27 paginas per evocar totei lei questions que volián tractar Marie Jeanne Verny e Olivier Pasquetti, dins un rescòntre amé dos collaborators de Jean-Michel Blanquer.
D’aqueu rescòntre onte la Felco a demandat a l’Estat una politica d’ofèrta d’ensenhament e lei fonccionaris an dich que vòlián respondre an una demanda sociala solament quora s’exprima, fau sotalinhar que lo ministèri a encara donat ges de directiva ai cap d’establiments per faire de l’occitan una lenga ensenhada dins l’orari normau de totei leis cors.
S’agissiá per la Felco d’evocar, entre autres ponchs, l’article 7 de la Lèi Molac, ara promulgada manca l’ensenhamen immersiu dins lo sistèmi public. La Lèi precisava que « la lenga regionala es una matèria ensenhada dins l’encastre de l’orari normau deis escòlas… amé la tòca
de [la] prepausar a totei leis escolans ».
Am’aquò la Lèi Molac deuriá signar la fin dei ensenhaments d’occitan ais « oras pebres », o a impausar aqueleis ensenhament a l’ora de manjar, o encara a sièis oras dau vespre, quora leis autreis escolans sòrton deis establiments. D'escomessa passariá a la normalitat.
Fau constatar que la responsa ministeriala siguèt de remandar tota decision sus aquò a la creacion dau Consèu nacionau dei lengas regionalas, anonciat per Jean Castex lo 15 de setembre, mai que resta, un mes après, una idèa e pas mai.
La loi Molac pour la défense et promotion des langues régionales a toutes les chances d’être connue dans ses détails et ses enjeux par les lecteurs du quotidien régional Nice Matin.
Dès le quinze avril en effet son édition Menton et Vallées a consacré sa UNE et deux pages à l’évènement parlementaire du 8 avril. Le professeur d’occitan-langue d’oc Laurenç Revest a très correctement informé le quotidien, qui l’avait contacté en vue d’un reportage en classe. L’enseignant, dont on se souvient aussi pour son rôle dans le film de Philippe Carrese Malaterra et qui fut un temps le présentateur de l’émission de France 3 Vaquí a l’habitude de communiquer sur la langue occitane. Ce jour-là il posera clairement le problème de la formation et du nécessaire recrutement d'enseignants de langue régionale pour les lecteurs du quotidien. Ces derniers auront rarement été aussi bien informés sur la problématique.
Compte tenu de la place éditoriale consacrée par le quotidien à l'évènement, on peut conclure qu'il le considère comme un majeur. L’enjeu est évidemment important, dans une région où, d’une part les enseignants prennent de plein fouet la réforme des lycées, très handicapante pour les professeurs e niçois, provençal et alpin d’oc de cette Académie de Nice, très riche sur le plan linguistique, et d’autre part où le Recteur montre plus de bonne volonté qu’ailleurs.
Les articles de Nice Matin donnent là une explication détaillée des articles de la loi et de ce qu’il pourrait en découler pour l’enseignement de l’occitan. Et si, comme trop souvent le font les journaux français, le média mentonnais décide de parler à ses lecteurs sous l'angle du folklore, il n'en reste pas moins que l'information passe.
Six jours plus tard, nouvel accessit; c’est cette fois la rédaction niçoise du journal qui a contracté le (bon) virus informatif. Bravo à la rédaction mentonnaise pour avoir su attirer l’attention de leurs collègues.
Cette fois-ci le journal, outre les explications déjà données, interroge le président de l’Association des Professeurs de Langue Régionale, et depuis deux mois président de la Fédération nationale du même nom : la Felco.
Olivier Pasquetti, qui rappelle là les efforts réalisés dans la ville de Nice, notamment avec l’ouverture d’écoles bilingues élémentaires, en profite pour inviter le Conseil Départemental à passer une convention avec l’Education Nationale afin de “cadrer des objectifs et des moyens” nécessaires au rétablissement d’une meilleure condition d’enseigner dans les collèges du département.
Il y rappelle aussi que le ministre Jean Michel Blanquer n’a pas rétabli les épreuves de langue régionale qui devraient permettre aux futurs professeurs des écoles d’enseigner réellement. Mais là, la Loi Molac n’apporte pas de réponse. Au ministre donc de s’y mettre !