Quelle tristesse que de devoir saluer la mémoire de Jean-Louis Ramel ! Il a été une figure discrète et permanente de la vie culturelle de la Provence comtadine. Je salue fraternellement ce grand artisan de la transmission qui fit son travail militant et professionnel toujours au-delà des querelles de chapelle. Il fut avec le pauvre Roger Pasturel, disparu l’an dernier, l’un des rares pédagogues épaulant les enseignants qui voulaient bien accorder un peu de temps à la transmission du provençal.
Notre ami commun, José Roulet de Cabanes m’avait fait découvrir il y a une trentaine d’années, son immense travail de recherche anthropologique. Il fut un grand passionné de collectage et déjà auprès de son père, paysan et lui même conteur dont il avait publié la mémoire.
Jean-Louis Ramel, instituteur puis conseiller pédagogique dans la Drome était toujours serein et amical. Il avait eu l’opiniâtreté de soutenir une thèse sur la tradition orale du conte sous la direction du Pr Bouvier.
Dans le processus de reconquête de la culture, écouter la parole des anciens est peut-être l’une des voies les plus pertinentes tout comme celle de la connaissance littéraire et la quête archivistique . C’est en suivant son exemple, modestement, que lors de mon séjour en Auvergne, j’ai consacré aussi beaucoup de temps au collectage du monde paysan dans le cadre du « convise » que nous avions fondé dans le Cantal avec l’ami Nadau Lafon, pas encore Majoral à l’époque.
Jean-Louis Ramel aussi à la fin des années 70 et dans les années 80, faisait partie d’une troupe de théâtre qui portait en dignité l’expression occitane dans sa dramaturgie.
Autre source d’intérêt commune hors du champ occitan cette fois, nous partagions ensemble une grande passion pour la civilisation du sous-continent indien et pour jean-Louis, sa spiritualité foisonnante.
Toujours une joie pour moi de le rencontrer régulièrement à Rodez avec Jaumeta lors des Estivadas, ce bain de jouvence dont il faut parler hélas au passé. Ils adoraient danser tous les deux polkas, scottishs, mazurkas et corentas lors du rdv quotidien des danseurs en fin d’après-midi…
Une pensée émue à sa compagne Jaumeta et à leur enfant e que contunhe lo camin per lei analassables « gratacamins » ! Rip Jean-Louis !
Avec 34 100 signatures la pétition en ligne “Ni Sud ni Paca” continue de recevoir l’adhésion d’un public anonyme, “qui devrait pouvoir être consulté sur une question d’identité partagée si fondamentale que le nom de la région où ils vivent” affirme toujours Hervé Guerrera, à l’initiative de cette revendication. “Le nom de Sud a été le fait d’une démarche technocratique dont nous ne voulons pas. Tout autant que le nom de “Provence” que nous voulons voir reconnaitre, c’est le processus démocratique qui nous intéresse”.
Un “nous” collectif où l’occitaniste provençal compte les soutiens souvent anonymes d’un colloque “sur le nom de la région” qu’il organise le 21 septembre à Aix, près des Universités. “J’espère y voir tous ceux qui veulent s’informer et débattre, y compris nos contradicteurs, qui méritent d’être entendus”.
Philippe Langevin, l’économiste qui vient de publier un remarqué rapport sur la pauvreté à Marseille, et la coupure sociologique de la ville-port, traitera du sujet sous l’angle économique ; le socio-linguiste Jean-Claude Bouvier, sous l’angle historique et linguistique...”Nous n’avons pas arrêté encore toutes les contributions, il y en aura d’autres”.
En 2017, la décision du président de Région “Paca”, Renaud Muselier, d’en finir avec cet acronyme insortable, aura finalement généré plus d’opposition que d’approbation, en tout cas exprimées.
M. Muselier avait consulté son cabinet, et le nom de Région Sud était sorti, puis approuvé dans la foulée par le Conseil Régional en Assemblée Plénière.
Si le préfet lui a rappelé que seul le Conseil d’Etat pouvait acter cette modification, le Conseil Régional n’en a pas moins modifié toute sa signalétique de communication. “Cela coûte cher, et ne satisfait pas la volonté des Provençaux de décider”, soutient M. Guerrera.
Pour l’opposant, animateur régional de Région Provence, lo nom local du Partit Occitan, deux thèmes sont cruciaux dans cette affaire : récupérer le nom historique de la Provence, et permettre la participation des citoyens. Ceux-ci son sensés donner leur avis sur le signe de leur identité.
“Bien sûr dans les Alpes et à Nice j’entends que tout le monde n’est pas d’accord sur le nom. A l’instar du regretté maire de Signes, qui avait soutenu notre pétition, tout en affirmant son choix pour le nom de Provence Alpes Cote d’Azur. Mais justement, qu’on consulte tous ces gens, partout, et nous verrons ce qu’il en sortira!”
Le prédécesseur de Renaud Muselier, le socialiste Michel Vauzelle, à deux reprises avait tenté de modifier le nom de la Région, sans jamais prendre de décision : en 2008 il avait nommé une commission, qui s’était prononcée pour le nom de “Provence”, et en 2014, il avait lancé une consultation internet, qui avait donné le même résultat.
“Sud, pas plus que Paca, n’a d’impact en termes de marketing territorial. Nous avons la chance d’avoir un nom hyper connu partout, pourquoi faudrait-il déployer tant d’efforts et d’argent pour le cacher sous le tapis ?” questionne fermement M. Guerrera.