Òc bi : pour les parents d'élèves bilingues le pire serait l'effondrement nerveux des enseignants

L'assemblée générale de l'association présente dans quatre Académies se tient samedi 12 mars


L'association des parents d'élèves de l'enseignement bilingue dans le système éducatif public tient son assemblée générale le 26 mars. Après deux ans de restrictions covid et à quelques semaines d'échéances électorales sa présidente estime que le premier défi reste de veiller au moral des enseignants d'occitan, particulièrement affectés ... par les réformes et l'attitude de leur ministre.



Après une réforme des lycées catastrophiques, et deux années de règles mouvantes anti-covid, tous les enseignants sont épuisés, mais ceux d'occitan ont dû de plus subir mépris ministériel et précarité promise par le même. Burn out généralisé attendu ? (photo MN)

Martine Ralu, après deux années de restrictions, règles floues et fluctuantes et une réforme des lycées plutôt vinaigrée, comment se porte l’enseignement bilingue occitan-français dans l’Education Nationale ?

 

L’enseignement bilingue dans les écoles publiques vient de passer deux années difficiles, mais c’est le lot de toute la communauté éducative. Au fond, cependant, les effectifs sont restés assez stables, mis à part au lycée, où on peut parler d’effondrement. Mais là, la covid n’y est pas pour grand-chose, la réforme de M Blanquer si ! Nous nous demanderons, durant l’AG, justement, comment réamorcer de ce côté là.

 

Au plan des ouvertures de sites scolaires, nous pouvons dire qu’en Aquitaine trois nouvelles écoles sont ouvertes chaque année depuis 2011, que trois cursus ont été ouverts en 2018 dans l’Académie de Toulouse et encore deux en 2021. Pour ce qui est de l’Académie de Montpellier nous avons bon espoir de voir s’ouvrir deux, voire trois cursus bilingues à la rentrée de septembre 2022, nous y travaillons.

 

Mais notre inquiétude ne tient pas aux effectifs, mais au moral des enseignants d’occitan. Ces deux années pour tous ont été terribles et nous pouvons craindre que beaucoup s’effondrent dans les années à venir.


Martine Ralu préside l'association des parents d'élèves de l'enseignement public bilingue. "Finalement les effectifs n'ont pas trop souffert de la période, sauf au lycée où elle est catastrophique, en raison de la réforme" (photo XDR)

D’autres projets ?

 

Nous avons l’intention d’essayer de remobiliser les parents d’élèves des sites scolaires d’enseignement bilingue. Nous allons favoriser et multiplier les rencontres avec eux, à l’occasion « d’escambilingues », des samedis d’information, de discussion, et de jeux, organisés par secteurs géographiques : information, cours de langue d’oc, et course au trésor (en occitan!) en constitueront le socle. Bien sur leurs enfants y sont invités, et des animations spécifiques leur seront proposées. L’implication des parents, pour nous, est évidemment un fondamental.

 

 

Sinon, où en est la situation de la structure associative Òc bi ?

 

Òc bi est la réunion de 19 associations, à ce jour, couvrant quatre Académies : Aquitaine, Toulouse, Montpellier et Nice. Les associations sont parfois locales, parfois départementales, c’est leur histoire qui les a construites ainsi. Nous employons trois chargés de mission, le troisième ayant été fraîchement recruté afin de développer l’enseignement bilingue dans le Limousin.


Votre assemblée générale comporte des points saillants ?

 

Au cours de cette assemblée générale nous aurons a modifier nos statuts, sur le conseil de notre commissaire aux comptes. Eh ! Oui, comme toute association dépassant un seuil de subvention publique nous devons faire montre d’un surcroît de conformité légale. Le toilettage des statuts comprendra surtout l’abandon des références à la région Aquitaine, puisque désormais nous rayonnons au-delà.

 

 

Comment et pourquoi des écoles sautent-elles le pas vers l’enseignement bilingue ?

 

Nos chargés de mission étudient les potentiels locaux, joignent les élus, travaillent avec les Académies, et bien sur commencent par informer les parents, et les enseignants volontaires dont vous avez compris que pour nous ils sont essentiels ; ça c’est la base. Cela donne des résultats, car l’enseignement bilingue correspond à une demande. Simplement cette demande n’a pas les cadres pour s’exprimer, peut être très informelle, et quand nous lui offrons la possibilité de s’exprimer, que nous l’y aidons, on voit bien que le besoin existe.

Trois chargés de mission approchent les enseignants, informent les parents, établissent une relation avec l'administration scolaire dans le but de gagner de nouvelles écoles au bilinguisme occitan-français, en Aquitaine et Occitanie. ici site bilingue public à Maillane - Bouches-du-Rhône (photo MN)

Nous voici en campagne électorale. Un bon moment pour impliquer les candidats ?

 

 

Nous nous sommes engagés dès le début avec Pour Que Vivent Nos Langues, et bien entendu nous y avons été présents lors des difficiles débats pour la Loi Molac au printemps dernier. Maintenant il est nécessaire que ce travail et ces avancées ne soient pas perdus, et oui, la période électorale se prête à leur consolidation. Ceci dit, pour ce qui est de la Présidentielle, nous voyons bien que les priorités ressenties sont ailleurs. La guerre d’Ukraine est venue occuper les esprits, et c’est normal. Mais les candidats aux Législatives qui suivront doivent pouvoir se prononcer sur les conditions de l’enseignement bilingue et les droits à leur langue régionale des gens.



Mercredi 9 Mars 2022
Michel Neumuller