Les bégaiements de la Francophonie


Pour faire suite à son dernier billet, André Abbe revient sur un commentaire posté, et de là glisse vers la diplomatie alambiquée d'une France qui utilise - ou pas - la francophonie.



Dans un commentaire concernant ma chronique "Pater Noster" parue en février, Roland Pécout corrige "lei sòus dei bilhetas son pas "mes dins la pòcha", servisson de paga ai dos joines d'origina polonesa..." 

La seconde langue étrangère entendue communément en Israël est le français...Le pays est pourtant tenu à l'écart de la Francophonie.

Roland se trompe. En français ou en patois j'essaie de ne pas écrire n'importe quoi, même dans une chronique qui se veut humoristique.

Chaque mois des milliers d'euros sont versés à l'entrée du Pater Noster par les touristes et pélerins, largement de quoi payer deux Polonais, même quand une partie des sommes est détournée par l'équipe chargée d'encaisser.

Cela m'a été dit par deux volontaires français ayant travaillé plusieurs mois au Pater Noster, propriété de la France.

J'ai moi-même été témoin de la manip puisqu'il ne m'a pas été donné de billet quand j'ai payé mes 8 nis (2 euros). J'ai dû le réclamer.

Les responsables du consulat de France connaissent le problème. Ils ont même viré l'an dernier un des employés indélicats…

Pourquoi n'est pas installée une caisse enregistreuse qui distribue les billets d'entrée comme cela se fait partout ? La tricherie deviendrait plus difficile. Les volontaires n'ont pas d'explication. C'est flou.
 
Je profite de cette mise au point sur un sujet mineur, pour évoquer un sujet majeur, les relations entre la France et Israël.

On constate que la France est bienveillante avec le gouvernement de droite à Jérusalem. On ne l'entend pas beaucoup protester contre l'installation des colonies en Cisjordanie.

La France continue de payer les allocations familiales aux parents juifs français ayant émigré en Israël. Un geste amical que les bénéficiaires apprécient.
 
En revanche, Israël est tenu hors de l'Organisation Internationale de la Francophonie, forte de 54 membres de plein droit, 3 membres associés dont le Qatar et 23 membres observateurs.

Parmi les membres de plein droit on trouve les trois pays de l'ancienne Indochine qui ont choisi l'anglais pour communiquer avec le monde en général et les touristes en particulier.

Pendant mon séjour en 2008 au Vietnam, je n'ai rencontré aucun jeune capable de faire une phrase en français.

En 2000 au Cambodge et au Laos non plus. Combien d'Albanais, de Moldaves, parlent français ? La liste européenne est elle aussi surprenante.
 
J'ai beaucoup marché dans Tel Aviv et j'ai beaucoup entendu parler français dans les rues, des vieux et des jeunes, à la fin de mon séjour.

C'est la deuxième langue de la ville m'a dit en anglais la patronne de l'hôtel où je logeais. Israël est devant le Liban, le pays d'Asie où les francophones sont les plus nombreux. Son absence de l'OIF est une injustice criante. Pas besoin d'un dessin pour expliquer pourquoi. La France ne veut pas contrarier les pays musulmans et ceux du Golfe en particulier qui possèdent le pétrole et qui sont de bons clients pour nos armements.

Au lendemain des attentats de Paris et de Bruxelles, on peut se demander s'il était judicieux de donner la légion d'honneur à un prince saoudien.

Son pays est le meilleur soutien des salafistes. Quand c'est flou, il y a le loup disait la grand-mère d'un éléphant socialiste. La Fontaine, reviens, ils sont devenus fous.

Dimanche 27 Mars 2016
Andrieu Abbe