Les Cantejadas de Digne font place pleine


DIGNE. La manifestation festive et pédagogique a empli la place du Général de Gaulle, mardi soir. Chanter en occitan est plaisant, c’est aussi un acte pédagogique. C’est enfin une manière cordiale de dire clairement que la communauté éducative demande un enseignement durable du provençal dans les Alpes-de-Haute-Provence.



Environ 2000 personnes et 600 enfants ont participé à cette soirée conte et chants en occitan à Digne (photo MN)
« Je trouve intéressant que mes enfants puissent avoir accès à notre culture de cette façon. Et puis comme leur grand-mère parle provençal, ça va en faire des conversations ! »
 
« A la maison, certains de mes neveux parlent turc, comme ma nièce que je viens voir et entendre ce soir ; c’est bien de parler plusieurs langues ! »
 
Pendant que, sous chaque petit mât portant le nom de l’école, bénévoles et enseignants en tee-shirt orange s’activent à cadrer et animer de remuants élèves tout excités, sur les chaises disposées par la mairie de Digne, les conversations entre parents vont bon train.
 
« Ce sont nos premières Cantejadas » explique Annie Martel, un des piliers de l’organisation, et « bombardée » porte-parole d’Animations Scolaires en Oc (Asoc), par la pression conjuguée (mais pas bien violente) de France 3-Vaquí (émission programmée pour le 19 juin)  et d’Aquò d’Aquí…  «  Et globalement, ça s’est bien passé. Les classes ont répété régulièrement, les enseignants se sont montrés très volontaires » et très constants, pour que la soirée soit réussie.

En particulier en raison d'un répertoire contemporain dans lequel on trouvait notamment des compositions de Miquèu Montanaro et de Mouss T e lei Jovents.

610 élèves chantant occitan

Des élus ont, dans leurs discours préliminaires, fait montre d'une volonté d'aller plus loin pour l'affichage et l'enseignement de la langue régionale, telle Genevière Primiterra, vice présidente du Conseil Départemental 04, déléguée à la Langue Provençale (photo MN)
Avec deux mille personnes, la maire de Digne, Patricia Granet-Brunello, la conseillère départementale Genevière Primiterra, l’inspecteur d’Académie (Dasen) et nombre d’élus ont assisté à la manifestation : 610 élèves de maternelle et primaire des écoles publiques chantant en occitan, accompagnés per la formation de musique contemporaine du Conservatoire d’Aix. « Plusieurs qui n’y croyaient pas, seront maintenant plus réceptifs quand nous parlerons de conforter l’enseignement du provençal » souligne une autre enseignante.
 
L’idée avait germé en 2015, parmi les membres de l’Asoc. En mai, ils étaient venus à Aix pour voir ce qu’il en était de cette manifestation. Rodée depuis dix ans, les Cantejadas sont menées par l’Association pour l’Enseignement de la Langue d’Oc.

Cécile Pélissier, la présidente de l’Asoc en parle, le projet est vite partagé par d’autres enseignants, entre Oraison et Digne. Il trouve le soutien actif du conseiller pédagogique arts et musiques Loïc Raujouan, et les conseils de son homologue des Bouches-du-Rhône, Gilles Maille…

L’Aeloc propose son conteur, Rémy Salamon, et manifeste son soutien sous diverses formes.

La Ville de Digne apporte un concours indispensable, sous la forme des structures d’accueil du public et des jeunes artistes, montées et démontées par les agents de la commune.

Enseigner la langue à l'école

Après deux heures de chants, d’applaudissements, de sourires et d’enthousiasme, les organisateurs peuvent souffler autour d’un verre, et s’entendre : « c’est le moment de faire des propositions pour monter un projet d’enseignement de la langue ! »

Et de promettre que le soutien des collectivités locales sera recherché. « Certains élus n’attendaient qu’un signe fort pour passer de la bienveillance au soutien actif. Voilà, c’est fait ! »
 
A l’heure où les professeurs certifiés d’occitan-langue d’oc tirent la sonnette d’alarme entre Manosque et Digne, craignent de voir leur enseignement supprimé pour raison de « manque de demande sociale », les deux mille parents de la place du Général de Gaulle vont surement beaucoup compter.
Les parents : "on a beaucoup chanté ces mois derniers, le soir, quand le petit rentrait de l'école!" (photo MN)

Jeudi 19 Mai 2016
Michel Neumuller