Convivialité, partage de connaissances et fête culturelle pour les « dictadas » de Nîmes à Nice

L'article est rédigé en français, mais les citations sont en occitan quand les personnes interrogées ont répondu dans cette langue


Samedi 26 janvier Paris, Barcelone, et une quarantaine de villes occitanes verront s’asseoir les concurrents de l’épreuve la plus sympathique de l’année. Aux antipodes de l’émission « Le maillon faible », on y partage les connaissances et on cherche à faire avancer tout le monde avant de boire le verre de l’amitié. Les Dictadas réunissent les occitanophones pour un moment de convivialité militante.



A Orange en 2010, avec les enfants de la Calandreta et leur parents (photo MN)
« Pìhou lou tren pèr lou premièr còup de ma vido. Ai jamai sourti de moun pèis. Sièn assetas, drechs coumo lou bestiàri que s’en va à la bouchariò. Navegan de nuechs e de journs. Sàbou rè doun nous menoun, enfin, m’en avìsou plus. Es damou’ en Franço. » Ai toujourn lou soucit de la missou’. Qu ajuara moun paire qu’es ja ben fatiga ? E lou bestiàri, damou’ à la mountagno, qu pihara ma plaço pèr la gàrdio ? Vitorin mi regarjo, avèn rè besou’ de si parlar. Aven capi tout andous qu’avèn perdu lou soulei. »

C’est ce texte poignant d’un conscrit de septembre 1914 qu’avait proposé, également en graphie classique, l’IEO 06, à Nice, pour la dictada, voici un an, comme dans une quarantaine de villes occitanes et catalanes, plus Paris. Essentiellement l’évènement avait attiré les élèves, souvent adultes des cours de l’IEO à Gramon, Drap et Contes. A l’issue de l’épreuve, le gâteau des Rois avait été partagé.
 
La recette du succès populaire  de ces dictées en occitan est là tout entier : faire quelque chose pour montrer que la langue occitane vit, qu’elle s’écrit, qu’elle réunit…et qu’elle permet de s’amuser. Depuis une dizaine d’année cette initiative toute simple fait florès, et réunit plusieurs centaines de personnes en Provence Alpes Côte dAzur, plusieurs milliers de Nice à Bordeaux, et au-delà.

 

a_la_dictada_orange_2010___dison_lo_texte_per_leis_adults__ambe_crits_d__enfantons_.mp3  (9.58 Mo)


Une fête dans quarante ville, dont Paris et Barcelone

A Cannes (XDR)
A Nice, la sixième édition sera organisée samedi 26 janvier, date retenue partout en Occitanie. « Volem de segur qu'aquesta dictada sigue una fèsta per la lenga » souligne Jan-Pèire Baquié, qui ces jours-ci met au point les derniers détails de l’édition 2013.  « Après la dictada Jan-Nové Mabelly, cantaire ben conoissut e sòci de l'IEO-06 nos farà l’onor de cantar lo sieu repertòri de cants provençaus e niçards. »
 
Non loin, à Cannes, l’IEO 06 encore, conviera ses adhérents, et qui veut, à rejoindre une salle remise à neuf 5 rue d’Oran à 18 h, pour écrire…et se régaler du gâteau des Rois.
 
A Mane, près de Forcalquier (04), la Dictada a été organisée en 2012pour la première fois, avec un comité restreint, mais qui devrait s’enrichir cette année. L’animateur de la journée, Jorgi Camani, nous faisait ainsi en janvier 2012 le rapide compte rendu de la première édition: « Aviam lo plaser de comptar pereu lo president de l’associacion mistralenca de Daufin. Avèm emplenat doas paginas amb, d’una part, un extract de « lou curat de Marofougasso » d’Eugèni Plauchud, de Forcauquier tirat de « ou cagnard », un librion publicat per lo centenari de la ciutadela de Forcauquier, e, d’una autra part, una poesia sortida de « Obras en Rimas » de Joan-Ives  Roier, de Forcauquier tanben« Coma au fliper dau cafè… » Doas obras, fòrçei diferentas, dins doas grafias diferentas, ce que donet son originalitat a la manifestacion. »

A la Dictada Orange 2010 lo tèxte legit per lei nistons.mp3  (4.3 Mo)


Echanges mistralo-occitanistes : d'abord montrer que la langue est vivante

A Raphèle les Arles, une fois rangés feuilles et stylos, on peut sortir accordéon et violons (photo XDR)
En 2013, encore une fois, la dictada sera tentée dans les deux graphies, afin de réunir tous les amoureux de la langue occitane, absolument tous.
 
A Carnoules (83) la dictada se déroulera dans une salle communale où le maire ne manque jamais de venir se mêler aux élèves d’un jour. Parmi ceux-ci de vrais élèves qui sont attendus, une dizaine venue de l’école publique bilingue de Cuers.
 
« Tótei lei tenements viticòlas que visitam (e n'i a que s'acontènton pas de donar lo bas de gama!) participan » nous dit Reinat Toscano, qui met au point cette journée particulière, en recourant aux partenariats d’entreprises locales, « mai tambèn de comèrcis (per exemple, à Brinhòla, aquest an: Calipage, Cafè Passion). « La tièra se pòu vèire sus lo site internet  » précise-t-il, en recommandant d’y aller voir.
 
Là, des échanges ont lieu entre tenants de la graphie mistralienne et classique. Les uns vont rendre visite aux autres, et montrent par-là à quel point il importe d’abord, aux uns et aux autres, que la langue survive et soit partagée.
 
Ecoutons ce qu’en dit Reinat Toscano. « Fasèm una mena d'escambi : siam convidats à la dictada de l'associacion felibrenca Acamp (La Garda) per i partecipar e ajudar à corregir, i expausam de libres nòstres, e élei vènon à nòstra dictada. »

A la Dictada Orange 2010 on joue la Mazurka sota lei pins.mp3  (3.19 Mo)


Chaque année une nouvelle initiative locale : en 2013 ce sera Saorge la ligure

A Nice, si la Dictada est parfaitement ouverte à tous, Jan-Pèire Baquié constate que,
« de maniera majoritària, son lu sòcis de l'associacion que l'i participan. Un diplòma de participacion es balhat en cadun en fin de jornada e fèm una fotò que publicam sus lo site nòstre. Estent que siam sempre en genoier es per una còca dei reis e lo gòto de l'amistat que s'acaba l'après-dinnar. »
 
Là aussi la convivialité prévaudra. Mais parfois le jeu des partenariats noués permet d’offrir de jolis lots, comme à Orange, où cette année, un long weekend dans les Alpes sera offert.
 
A Nimes, dont il faut se souvenir que la forme de l’occitan parlé s’y apparente au provençal rhodanien, c’est un texte de Jòrgi Gròs, écrivain et pédagogue, qui était proposé aux nombreux participants en 2012: “Fuguèt un temps que la paraula flotejava aicí e aquí sus la cara de la tèrra en nívol trastejaira./E amai leis òmes, qu’èran pas encara qu’un ponhat, barrutlavan sens saupre onte e perqué./ E s’encontrèron la nívol facha de milantas de degots de lutz e la chorma facha de quauqueis ombras acampadas./E caduna deis ombras beguèt un degot de lutz, puei s’esparpalhèron sus lo mond per parèlhs e congrelhèron de tribús e de pòples.”
 
Chaque année, ou presque, une nouvelle “dictada” apparaît chez nous. En 2013, c’est en saorgian que Joan Pèire Aiperto la proposera. Voici deux ans qu’il propose à Saorge un cours de langue dans ce dialecte ligure qui se parle de part et d’autre de la frontière franco-italienne, et qu’influence l’occitan proche.
Parfois une école "à projet langue régionale" participe à la Dictada de Septèmes (photo MN)

En pratique où aller et quand?

Mane (04) Grand Carrièra (rue Grande), chez Jòrgi Camani, une dictée en Provençal suivi d’un apéritif le lundi 28 janvier à 18 heures. Tel. 04 92 75 21 20
Cannes (06) 5 rue d’Oran, salle de l’Escomessa, à partir de 18h.

Nice (06) la Dictada de l'IEO 06 au CAL Bon Voyage, pont René Coty, dès 14h30. Se faire connaître à jpbaquie@yahoo.fr
Nice (06) la Dictada duCCÒc  à 15h au Trident 14, avenue du Trident, à Nissa, local de l'association culturelle Nissart per Tougiou. ccocpaisnissart@free.fr  

Saourge (06) renseignements JP Aiperto aiperto.jeanpierre@free.fr
 
Orange (84) au Lycée de l'Arc dès 14h, avec animation musicale. tel. 04 90 34 40 04.

Septèmes (13) Tout en haut du bourg à la chapelle, aujourd’hui Centre Culturel Aragon, dès 10h30, repas tiré du sac, jeux de mots pour les petits, loto pour les grands…et bien sur la Dictada à partir de 14h30.
 
Arles (13) en fait c’est à Raphèle les Arles qu’aura lieu la dictada, à partir de 17h30, salle Gérard Philippe. ieo.arle@free.fr
 
Nîmes (30) au Collège Révolution, à partir de 14h. Puis concert du groupe Nadalenc. parking dans la cour du collège lise.gros@free.fr
 
Gap (05) Maison de Quartier de Beauregard, à partir de 17 h. avec chants, danses et jeux. Le repas du soir est partagé, chacun étant prié d’apporter quelque chose à manger ou à boire. faureandre74@neuf.fr
Et les Dictadas sont aussi une occasion de découvrir de nouveaux médias...comme ici à Orange en 2010 (photo MN)

Mardi 22 Janvier 2013
Michel Neumuller