Aquò d’Aquí au contact de ses lecteurs

Une rencontre conviviale et un débat enrichissant


Votre journal a entrepris, à l’orée de son trentième anniversaire, de rencontrer aussi souvent que possible ses lecteurs : anciens, nouveaux, ou futurs…Les viticulteurs du Domaine Jacourette, à Pourrières, nous avaient conviés à parler du projet éditorial et sociétal. Et les suggestions de nos abonnés méritaient qu’on s’y arrête.



Vendredi soir au domaine Jacourette (photo MN)
« Je ne suis pas forcément d’accord avec ce que je lis dans Aquò d’Aquí, mais j’y suis abonné depuis longtemps, parce qu’il ouvre le débat dans la société en multipliant les points de vue…et souvent en occitan ».
 
Robert, ancien maître de chai, n’aurait pas voulu manquer la soirée organisée pour présenter notre journal. Et pour trois raisons : nous étions accueillis dans une cave de renom, pour parler développement du pays, et partiellement en provençal.
 
Le domaine Jacourette, à Pourrières, à l’adret du mont Venturi, avait réuni une quarantaine de personnes ce vendredi 5 février, autour du projet d’Aquò d’Aquí. « Notre journal est né voici trente ans pour parler différemment de notre Provence. Il le fait d’une manière ouverte, attentive à ses habitants conscients de leur culture, et pour la partager » a expliqué Alain Barthélemy-Vigouroux, qui est au nombre des fondateurs.

« Chiche ! Alors parlez-nous de… »

Mais oui ! on peut commenter la qualité de l'information et dans la foulée celle du vin... (photo MN)
Le journal publie dans la langue du pays, à peu près la moitié de ses articles, en essayant de partager au mieux cette connaissance. « Parce que nous avons une petite voix originale à faire entendre parmi sept milliards d’êtres humains, et que notre imaginaire, notre manière de voir le monde passe par notre langue régionale » a soutenu le rédacteur en chef du mensuel, Michel Neumuller.
 
« Chiche ! Alors parlez-nous un peu des pratiques qui sont propres aux Provençaux, comme la transhumance, la « routo » a proposé Joseph, d’Allauch, au nord de Marseille. Et c’est ce que nous ferons.
 
D’autant qu’un beau projet cherche, actuellement, à relancer l’économie du mouton à échelle humaine. Depuis la plaine de la Crau, d’où partent les fedas, jusqu’à la Vau Stura, dans les vallées italiennes occitanophones, il s’agit de miser, dans le tourisme et la production lainière, sur ce concept qui nous est propre.
 
« Vous faites bien, mais vous ne le faites pas savoir » s’est étonné Alain, de St-Maximin, regrettant que nos confrères de la presse locale ne soient pas là pour relater l’évènement. Il a raison. Nous ferons un effort de communication. Il le faut.

« Si l’information en provençal, alpin ou niçois n’a pas de prix, elle a bien un coût ! »

Frédéric Arnaud et Hélène Dragon. Si leurs vins font les délices des restaurants américains et canadiens, il se boivent aussi en Provence, "et je l'élabore en nommant les choses comme je les connais, en provençal", soutient Frédéric, approuvé par Hélène, qui parle l'occitan (photo MN)
« Et que font ces partenaires qui figurent sur votre site internet ? » Ils financent en partie son existence, pendant que le journal, en toute indépendance revendiquée, creuse des sujets qui intéresse leur spécificité : qui fait vivre la langue régionale à Gardanne, à La Seyne ? Comment ERDF protège les oiseaux de l’électrocution, ou favorise l’embauche de publics handicapés…
 
Et, ainsi, durant deux heures, le jeu des questions-réponses, et des suggestions, a renouvelé le contrat non écrit de convivialité entre l’équipe d’Aquò d’Aquí et  ses abonnés.
 
On le sait, en lisant ces colonnes régulièrement, cet abonnement auquel certains consentent, finance aussi l’accès de la génération montante à la langue d’oc, à nos valeurs de convivència.
 
« Or, si l’information n’a pas de prix, elle a bien un coût ». Sans abonnés, l’aventure tournerait vite court, et l’unique journal en provençal réalisé par des journalistes disparaitrait, a rappelé Philippe Langevin, qui préside l’association éditrice.
 
Pouvoir vivre dignement de son travail pour pouvoir donner le meilleur, c’est aussi le défi de l’exploitation de la vigne, qui donne localement l’excellent rosé et le muscat d’Hélène et Frédéric. Les jeunes viticulteurs conviaient alors l’assemblée à goûter le résultat de leur savoir-faire.
 
Le domaine Jacourette, qui invitait notre journal ce soir-là, élabore en effet le seul rosé de Provence figurant, cette année, dans le Guide Hachette des Vins. Une référence.

Samedi 6 Février 2016
Aquò d'Aquí