Alpes-de-Haute-Provence, la préparation scolaire XXL au provençal




DIGNE. Le CD04 a réunit les associations de promotion de la Langue d'Oc lundi. L'entité départementale accompagne les projets, et ceux-ci sont bien construits. Manque une décision de l'Education Nationale pour aller plus loin.



Associations,services départementaux et Conseil Départemental travaillent de concert pour la langue d'Oc. Reste à l'Education Nationale de faire des efforts en termes d'affectation de professeurs (photo Archives)
Avec 2500 élèves et plus, « un palier a été dépassé pour la première fois » relève Annie Martel, la présidente de l’Asoc (association occitane) dans les Alpes-de-Haute-Provence.  En collaboration avec l’Institut d’Estudis Occitans 04-05, l’Asoc a organisé la tournée théâtrale en occitan, confiée au Teatre de la Rampa (Montpellier) l’hiver dernier. Une réussite sur le plan scènique, mais aussi pédagogique.
 
27 écoles ont présenté la pièce « Lo Bossut », une réflexion sur le regard porté sur le handicapé. 120 classes y ont envoyé 2561 enfants des écoles élémentaires du département.
 
Mais dans ces « Basses Alpes » comme on disait jusqu’en 1970, plus aucune de ces écoles ne propose un enseignement de langue régionale : pas ou peu de compétences des maîtres, une formation assurée à l’Espe, mais que peu d’apprentis-maîtres suivent ; des parents qui ne transmettent plus, et qui le plus souvent ne parlent pas provençal ou alpin d’oc…Air connu.
 
C’est donc dans ce contexte difficile le travail commun de l’Asoc et de l’IEO qui mérite le terme d’innovation. Cécile Pelissier, la présidente de l’IEO, en appui de l’Asoc, a visité les classes avant l’arrivée du Teatre de la Rampa.

Les associations font, le Département soutient

Nathalie Ponce-Gassier, Vice Pdte du CD04 : "Nous accompagnons les initiatives" (photo MN)
« Je suis moi-même enseignante et l’Académie m’a détachée pour cela » explique t-elle ; » ainsi j’ai pu préparer ce spectacle avec les élèves de 102 classes. Je discutais avec le personnel enseignant, puis nous chantions en occitan avec les enfants, car beaucoup passe par le chant. Et puis on apprenait un minimum du vocabulaire nécessaire pour comprendre ce qui se dirait sur scène. De cette manière les enfants étaient plus actifs au jour « J ».
 
Le protocole a ainsi permis à plusieurs milliers d’enfants de bien profiter de la tournée théâtrale ; et le plaisir d’apprendre, les pédagogues le savent, reste le meilleur moyen de bien apprendre.
 
Ne reste qu’a voir émerger une grande envie de transmettre la langue régionale parmi les enseignants touchés. « Pourquoi ne pas faire également une préparation des élèves professeurs des écoles de l’Espe ? demandent les promoteurs de la langue d’oc du département alpin ? Quatre s’y essaient, qui demain pourraient enseigner le provençal.
 
C’est le vœu de Nathalie Ponce-Gassier, l’élue départementale déléguée à la Langue et Culture Régionale. Mais si son Conseil Départemental reste le seul provençal à imaginer et mettre en œuvre un Schéma Départemental pour la Langue Régionale, il ne pourra qu’accompagner les bonnes volontés. De l’avis général associatif, cet accompagnement ne fait jamais défaut.

Vitalité associative bas-alpine

Chance ! Ces volontés sont nombreuses et les associations font beaucoup. Le Félibrige a lancé des « cafés provençaux » qui rassemblent tous les mois jusqu’à 40 personnes à Forcalquier ; L’Espe et le centre documentaire de l’Education Nationale Canopée préparent un travail de collectage d’ampleur ; et récemment l’Asoc, encore, a obtenu le premier prix des « Petits artistes de la mémoire », grâce au travail de Colette Chauvin avec une classe de Manosque : un projet épistolaire à propos d’un poilu de 14-18.
 
« Ce qu’il nous manque, mais là nous sommes dépendants de l’Education Nationale, c’est l’ouverture de cours de langue régionale dans les collèges, donc l’affectation de capéciens » souligne Nathalie Ponce-Gasset.
 
Jusqu’à présent, l’offre est limitée : deux établissements et un seul enseignant du secondaire. L’Académie fait valoir l’absence d’inscrits, mais comment s’inscrire quand le cours n’existe pas ?
Lo bossut, du Teatre de La Rampa, où comment positiver le regard porté sur le différent (photo Archives MN)

Jeudi 27 Juin 2019
Michel Neumuller