Afrik’aïoli déjà culte avant même sa sortie


ESPIGOULE. Le prochain film de Christian Philibert (Les quatre saisons d’Espigoule) a été vu par six mille personnes durant l’été, au cours d’avant-premières de plein air en Provence. En septembre il concourt dans un festival à Toulouse. Dès avant son lancement officiel le 22 janvier 2014, le film humaniste bourré d’auto dérision provençale est un phénomène. Mais s'il attire les spectateurs, les producteurs restent eux à distance.



Christian Philibert : il y a peu de place pour des gens comme moi dans le système cinéma en France (photo MN)
La sortie nationale d’Afrik’aïoli, le dernier film de Christian Philibert, aura lieu  le 22 janvier 2014. A cette date toutefois, des milliers de gens l’auront déjà vu.
 
Le cinéaste provençal a en effet choisi de lancer son film par une série d’avant-premières, souvent en plein air. Nous avons eu le témoignage de spectateurs qui y sont retournés. Christian Philibert nous le confirme. « L’un d’eux est venu me voir à l’issue d’une des séances. C’était sa sixième ! Je ne crois pas que c’était par esprit de soutien. Cela devait lui plaire ».
 
Afrik’aïoli est l’histoire, évidemment insolite, du patron de bar d’Espigoule (le village fictif provençal des Quatre Saisons d’Espigoule, mais qui ressemble sacrément à Ginasservis, dans le Var d'où est originaire le cinéaste), Jean-Marc, qui se rend au Sénégal, et y vit quelques aventures lui rappelant qu’Espigoule est universel, finalement.
 
Bref, humour, auto dérision, provençalité assumée, convivialité, reconnaissance de l’autre…telle est l’œuvre de Christian Philibert. Désormais connu comme le loup blanc, il n’est pas pour autant en odeur de sainteté chez les producteurs, distributeurs et surtout quand il s’agit de demander l’assistance d’une chaîne de TV.

Petit budget et gros coeur, ça ne rassure pas les producteurs

Les acteurs au Sénégal durant le tournage (photo XDR)
«  Les films en France ne doivent pas sortir d’une certaine routine qui rassure les producteurs. Peu importe que le public soit content, il s’agit avant tout de boucler le budget d’un film, et dans cette logique il y a peu de place pour des gens comme moi » nous explique-t-il.
 
Afrik’aïoli sera un film à budget minimal pourtant, moins de 500 000 €, soit le salaire d’une star du cinéma français pour un seul film.

Il fera entendre une voix moins convenue, proposera une narration différente, jouera sur la convivialité dont nous rêvons tous.
 
« J’ai l’habitude de toutes façons de faire des films phénomène…mais reconnus après leur sortie. » Donc, peu de chances d’accrocher la production d’une chaîne télé pour pré financer le film. « C’est peut-être le prix à payer pour ma liberté de manœuvre. Personne ne peut me dire comment écrire mon scénario, mais le public apprécie, il ne pantoufle pas ».
 

Afrik'aioli passe maintenant le Rhône

6000 spectateus au cours d'avant-premières hautes en couleurs (photo XDR)
Selon lui, 6000 spectateurs ont vu le film lors des avant-premières estivales. 22 en tout entre le 15 juin et le 31 aout. 800 personnes sont venues, pour une séance en plein-air pour le 30 aout, au golf de La Garde (83). Et encore 700 pour l’ultime séance, le lendemain à St-Julien le Montagnier (83).
 
« Pourtant, fort de ces chiffres, quand je relance les producteurs, ils me rétorquent : « c’est un succès local, vous jouez à domicile, sorti de Provence qu’est-ce que ça vaudra ? » Ça tombe bien nous passons le Rhône ces jours-ci pour d’autres avant-premières dans le Sud-Ouest. On verra bien… »
 
Afrikaïoli sera en effet présenté en compétition au Festival Groland, du nom de l’émission de Canal+, à Toulouse du 19 au 21 septembre 2013.

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Lundi 16 Septembre 2013
Michel Neumuller