A Marseille le Théâtre de la Comédie vit une tragédie


MARSEILLE. Cette nouvelle salle est menacée de fermeture par le Diocèse de Marseille, un propriétaire cultuel qui réclame 45 000€ à son locataire culturel. Celui-ci fait naître un réseau de solidarités, où l’on trouve l’occitanisme provençal.



Lo Còr de la Plana, vendredi 21 novembre, pour des chants politiques en occitan, adaptés à la situation du Théâtre de la Comédie (photo MN)
L’Institut d’Estudis Occitans des Bouches-du-Rhône vient de terminer une semaine d’animations consacrée aux « poilus » de la grande guerre : conférences, théâtre, chants…avec en point d’orgue le récital du Còr de la Plana ce vendredi 21 novembre à Marseille, qui a pratiquement rempli le Théâtre de la Comédie.
 
« Je n’avais pas conscience de la vivacité de cette part de notre culture » regrette Jean-Pascal Mouthier, le gérant du Théâtre de la Comédie, qui a accueilli deux de ces manifestations.

« Et en plus je viens de retrouver Manu Théron, le fondateur du Còr, avec qui j’ai passé le bac ! …heu ! il y a quelques années » ajoute l’homme de théâtre, à qui les pires ennuis ne font pas perdre son humour.
 
Ce nouveau conquis à la culture d’oc risque en effet l’expulsion dans moins d’une semaine. « Le Diocèse de Marseille veut m’expulser, et récupérer les locaux qu’il me loue. » Le référé est prévu le 28 novembre prochain.
 
En fait, Jean-Pascal Mouthier, en 1999 a passé contrat avec l’Association Syndicale Ecclésiastique des Prêtres, « filiale » immobilière du Diocèse, qui elle-même s’adresse pour ces opérations à un professionnel, Xavier Radison. « Il s’agissait d’un bail commercial de 12 ans, avec exonération de loyer, à condition que j’effectue les travaux de mise en conformité ».

Cotation immobilière ou vie culturelle, quel sera le critère ?

Beaucoup de temps, de sueur, et d’argent plus tard, le Théâtre de la Comédie s’ouvre au public, en mai 2013. « Rien à voir avec l’année « capitale européenne de la culture » précise le locataire.
 
Mais les débuts d’une entreprise indépendante ne sont pas propices aux grosses dépenses. Les loyers ne sont pas payés, et aujourd’hui Jean-Pascal Mouthier accuse une dette de 45 000€.

« Je l’admets et la paierai, mais je demande de la compréhension et un étalement de la dette. Une entreprise culturelle a besoin d’un peu de temps pour trouver l’équilibre ».
 
L’immeuble, entre Timone et Blancarde, jouxte un pont du chemin de fer où la circulation se fait entendre. Il serait néanmoins côté 8 Millions d’€uros, selon le gérant.

Or, l’Eglise, premier propriétaire foncier de Marseille, a besoin d’argent pour entretenir un immense patrimoine immobilier pratiquement vide.
Jean-Pascal Mouthier "prie" le Diocèse de renoncer à l'expulsion,, alors que le rideau tombe...afin qu'il ne tombe pas définitivement (photo MN)

Solidarités exprimées avant la date fatidique

Deux logiques s’affrontent donc autour de ce théâtre. La petite équipe de Jean-Pascal Mouthier, elle, a trouvé très vite des solidarités.

Le journaliste Jean Contrucci préside le comité de soutien du théâtre, fondé par Gilles Ascaride, avec Henri-Frédéric Blanc et toute une liste d’artistes et de personnalités de la culture à Marseille.
 
On peut y compter désormais l’IEO 13, à qui cette nouvelle solidarité a fait mesurer que ses initiatives culturelles pouvaient trouver un lieu fréquenté.

Ses membres sont invités à rejoindre les 17 000 signataires d’une pétition en ligne qui doit, espère Jean-Pascal Mouthier, montrer aux juges que de nombreux donateurs potentiels aideront le gérant à payer sa dette à l’Eglise.
 
Si celle-ci veut bien ne pas se transformer en marchand du Temple.
Le public occitanophone a t'il trouvé...et presque perdu la salle qui lui permettrait d'organiser de nouveaux événements ? (photo MN)

Samedi 22 Novembre 2014
Michel Neumuller