Ventes à l’encan


La nécessité – européenne - de réduire leur déficit public met les états méditerranéens en situation de brader à quelques-uns le bien de tous. Il est temps de cesser de faire pression sur ces Européens qui n’en peuvent mais.



Après deux ans de fermeture « économique », l’aéroport castillan de Ciudad Real est en vente. Construit à l’époque, encore récente, où l’immobilier tirait l’économie espagnole, il avait coûté un milliard d’€uros, et devait soutenir l’activité d’une ville nouvelle à 200 km au sud de Madrid. Il est bradé pour 100 M€, et encore les investisseurs privés qui l’ont voulu ne trouvent pas preneur.

Parcs nationaux, littoraux, forêts primaires, tout y passe

Mais en général, par ces temps de crise profonde et particulière aux pays méditerranéens d’Europe, ce sont des biens publics que les Etats cherchent à vendre, à l’encan.
 
Peu importe que ces bien communs de leur population soient constitutionnellement inaliénables.
 
C’est un des effets de cette crise, que de conduire à balancer aux orties les règles qui fondent les démocraties durables.
 
En Grèce c’est l’ancien aéroport d’Athènes d’Hellinikon qui vient d’être vendu pour moins d’un milliard au groupe international Global Investment. Sa société locale, Lamda Dev. qui a acquis dans le même lot des installations olympiques de 2004, en fera un complexe résidentiel luxueux en bord de mer. Les locaux seront bientôt privés du simple plaisir d’une promenade littorale.
 
En Espagne encore, c’est une forêt primaire – rarissime en Europe du sud à ce niveau – de 170 000 hectares de chênes liège qui est en vente. Y est inclus un parc naturel national, Los Alcornocales, qu’on pourra demain imaginer en complexe touristique pour riches allemands, entouré de grillages renforcés et ceint d’un réseau de caméras de surveillance. Les Andalous iront se faire voir ailleurs !
 
C’est ainsi au début du XXIè siècle, entre Gallice et Péloponnèse, on brade les biens de tous, patiemment entretenus au cours des décennies, pour satisfaire aux ukases de l’Union Européenne qui veut mordicus que le déficit public soit proche du zéro absolu.
 
Et demain ? Liquider un siècle et demi de protection de la faune alpine du Parc Victor Emmanuel ? Vendre les domaines du Conservatoire du littoral ? Etablir un péage pour piétons sur le sentier des plaideurs, à l’Ubac du Mont Venturi, à l’avantage financier de la société qui aura acheté le massif ?
 
A l’heure de renouveler le Parlement Européen, il est plus que temps que celui-ci puisse demain modérer les idéologues libéraux de la Commission Européenne. Le président de celle-ci sera élu par les euro-députés. Les voix des quelques 400 millions d’Européens ne compteront donc pas pour rien. A condition qu’ils ne limitent pas leur pression au jour du scrutin.
 
Encore faut-il, pour créer les conditions favorables à une Europe de tous, que les Européens n’envoient pas à Strasbourg pire que les amis de M. Barroso.

Mercredi 7 Mai 2014
Aquò d'Aquí