Tous les chemins mènent aux Roms




Depuis trois ans la grande affaire de la société française, c’est l’attitude à observer envers les Roms. Cette population mal considérée de tout temps chez elle en Roumanie, est partie chercher ailleurs en Europe les moyens de mieux vivre. Elle remue chez nous tout ce qui nous fait peur chez l’étranger. Que les Roms soient des Européens dotés de droits – réduits- en conséquence, n’y change rien. Nous avons peur, globalement, et nous ne savons quelle attitude adopter.

L'agitation permanente ne mène à rien, il faut débattre d'une politique durable en matière d'accueil de l'autre

Ils volent, ils viennent pour vivre d’allocations, ils agissent en groupe soudés, ils sont expulsés mais l’impunité les incite à revenir, l’Etat est trop laxiste…ce n’est qu’un échantillon de ce qu’on entend à propos de ces quelques milliers de personnes, souvent venus en famille, qui se sont regroupés là où elles pouvaient, en général dans des terrains vagues, en ville ou pas.
 
Pendant deux ans avec les maires, les forces de police, ces Roms ont joué au chat et à la souris. Gageons que ce jeu-là ne les amusait pas beaucoup. Le camp improvisé de l’Arbois, entre Aix-en-Provence et Vitrolles, ne laisse aujourd’hui voir que des sacs plastiques épars. Là, près de la décharge d’ordures de la ville, durant des mois, une population a attendu dans des conditions précaires que les autorités décident de son sort. Quand l’ordre d’évacuation est venu, les familles ont cherché un autre refuge, tentant leur chance un peu plus loin.
 
Partout, les maires demandent avec plus ou moins de force leur expulsion. Ils agissent avec ces êtres humains comme on agit avec une nuisance promise. « Not in my backyard ! » diraient les anglo-saxons. Poussons les un peu plus loin… Il nous est difficile de blâmer en bloc ces réactions. La cohabitation a encore montré ses limites près d’une cité HLM du nord de Marseille, où nous avons vu que la dernière immigration en date fermait la porte derrière elle. Il est vrai que des problèmes de vols avaient été alors évoqués.
 
Dimanche encore, un autre groupe qui avait trouvé refuge dans une ancienne concession automobile, toujours dans les quartiers Nord de Marseille, était évacué par la police, et se voyait proposer un hébergement de 48h en hôtel, que personne n’acceptait.
 
On ne voit dans toute la région que la Ville de Gardanne qui organise l’accueil de certaines de ces familles, a contrario de tout ce que l’on constate en Provence. N'y a t-il pas à profiter de cette jeune expérience de la vieille cité minière?
 
Le moins qu’on puisse dire est que cette situation n’est satisfaisante pour personne. Tout le monde semble agir dans l’urgence permanente, comme est permanente l’absence de toute réflexion sur le problème posé. Combien de temps ce jeu pitoyable va-t-il continuer ?
 
Là où l’Etat, les collectivités locales promptes à demander l’évacuation de ces populations, et les travailleurs sociaux dépassés ne semblent pas vouloir ni pouvoir réfléchir ensemble à un avenir possible de la relation avec les Roms, c’est une association qui invite à cette réflexion et au débat.
 
« Vers la fin de la stigmatisation et pour des solutions humaines et durables ». C’est ainsi que le  Collectif Aixois pour les Droits des Roms, Immigrés et Sans papiers (Caddris) appelle la journée de débat qu’il organise sur le « phénomène Rom en France », samedi 6 octobre dans un centre social aixois, les Amandiers, à partir de 16h30. Ces débats mettront en présence des militants associatifs ou politiques, et un chercheur de l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales.
 
Personne n’en attend les solutions de sortie de cette crise, mais le signe que les politiques d’immigration ont à être réfléchies.  On aimerait que la réflexion prenne de l’ampleur. Ces Européens rejetés nous interpellent. Dans quelle Europe voulons-nous vivre ?

Mardi 2 Octobre 2012
La rédaction