Terre d'élection


Il y a les candidats qui parlent occitan, ceux qui font des promesses pour les langues régionales, et ceux qui ne comprennent pas tout à fait qui nous sommes.



Hou ! la…Non, pas de consignes de vote avec Aquò d’Aquí. Il faudra vous débrouiller sans. Nous sommes certains que vous vous en sortirez très bien sans nous.

Mais bon, nous n’avons pas pu nous empêcher de jeter quelques regards (éperdus sinon perdus) sur quelques programmes, quelques attitudes aussi.
 
Nous repérons un candidat qui parle occitan. Jean Lassalle. Un bon marcheur, il a effectué un tour de France des élus ruraux voici quelques années. Un dur à cuire aussi, il a observé une grève de la faim en 2006 pour sauver une petite usine de sa circonscription. Elle tourne toujours. Dommage qu’il soit allé, récemment, serrer la pince à Bachar-el-Assad, comme député français.
 
Bien entendu François Bayrou, lui aussi parfait occitanophone, et pas frileux quand il s’agit de ratifier la Charte européenne des langues minoritaires, soutient Emmanuel Macron. Ce qui ne signifie pas que demain il ait un « destin national » comme on dit.
 
Les programmes font peu de place à des avancées en droit pour l’occitan. Nous repérons bien que Benoît Hamon s’engage à ratifier la Charte européenne des langues minoritaires. C’est conforme à ce qu’avait soutenu en son temps Aurélie Filippetti, alors ministre de la Culture, aujourd'hui sa porte parole. Mais c’est une promesse systématique de ce camp-là, jamais tenue ensuite. Et puis, les 39 articles sur 97 reconnus par la France n’accordent pas de droits véritables à l’enseignement ou à l’édition en langues régionales.
 
Philippe Poutou promet lui de faire entrer la diversité linguistique des régions dans l’univers du droit. C’est très aimable et conforme aux écrits de son lointain mentor, Léon Trotski. Cela s’arrête là.
 
A défaut de promettre pour ne pas tenir, cependant, les candidats seraient avisés de ne pas en rajouter dans l’indécence qui consiste à venir chasser les voix de la diversité sans chercher à la comprendre.
 
A ce titre le récent meeting d’Emmanuel Macron à Marseille était à se frapper la tête contre les murs.
 
Un de ses conseils en communication haranguant la salle en criant « qui ne saute pas n’est pas Marseillais ! Ouais! Ouais ! Ouais! » aurait peut-être pu rester en coulisses. Il n’aurait pas beaucoup manqué, à personne, ce soir-là. Le candidat égrainant le nom de supposées nationalités présentes dans la ville : « les Tunisiens, les Algériens, les Comoriens," etc… rappelait un peu trop la prestation identique de François Hollande, même lieu, même contexte, cinq ans avant.
 
Les Marseillais, comme tous les Provençaux, ont besoin de villes et d'un territoire vivables, d’emploi et de respect, de politiques favorisant la convivéncia, pas qu’on saucissonne leur ville et leur région  en cloisonnant arbitrairement des communautés. Et encore moins qu’on agite devant eux des symboles vides. Jeter dans la foule une écharpe aux couleurs du PSG, ça rime à quoi quand la population locale attend de la reconnaissance, une amélioration de ses conditions de vie, et des perspectives d'avenir ?

On sait que les experts en communication ont souvent pris le pas sur les programmes en 2017. Et ce n'est pas terrible. Ces programmes restent toutefois la base sur laquelle il vaut mieux se faire une opinion des candidats qui les portent. Quand ils en portent.

Mardi 4 Avril 2017
Renat Mine