Scènes scolaires en òc dans les Alpes-de-Haute-Provence


La tournée théâtrale en occitan du printemps est une institution dans le haut-pays. Elle est accompagnée d'une préparation qui fait intervenir pédagogues et collectivités. Les promoteurs espèrent voir émerger de tout cela des projets pérennes dans les écoles.



Lo Boçut, du Teatre de la Rampa. Histoire morale sur l'acceptation de la différence. Elle sera proposée à plus de deux mille cinq cents élèves en mars (photo MN)
C’est reparti pour une nouvelle tournée théatrale scolaire en occitan dans les Alpes-de-Haute-Provence. Depuis quinze ans chaque printemps, une troupe de théâtre ou un groupe de musique parcours le département et passe du temps dans les écoles volontaires, une presque trentaine.
 
Le Théâtre de La Rampa (Montpellier) y a souvent présenté ses créations pour jeune public, comme le Gibós (ou, en provençal, lou bouçut).
 
L’Association Animation Scolaire d’Oc (Asoc) organise cette tournée avec le soutien du Conseil Départemental 04.
 
C’est à nouveau le conte d’Ives Rouquette, Lo Boçut, qui sera présenté dans les écoles et collèges, du 11 mars au 2 avril.

Théâtre en oc dans vingt-neuf établissements scolaires

Annie Martel, responsable d'Animation Scolaire d'Oc, un très gros travail préparatoire avec l'aide des collectivités et de l'Académie (photo MN)
Lors de 17 représentations, 2560 enfants de 27 écoles et 2 collèges du département entendrons la langue d’oc et pour eux elle sera synonyme de création et de plaisir : à Forcalquier, Annot, Oraison, Le Castellet, Villeneuve, Pierrerue, Le Brusquet, Seyne les Alpes, Montclar, Selonnet, Barcelonnette, Château-Arnoux, Volonne, L'Escale, La Motte du Caire, Mirabeau, Barras, Thoard et Digne les Bains.
 
Il faut se figurer le vaste département alpin, qui présente de forts contrastes paysagers, entre Forcalquier aux airs de Toscane, et Selonet entourée de sommets à plus de 2000 mètres d’altitude. Les distances sont importantes, les variétés dialectales aussi.
 
Une soirée publique sera organisée le dimanche 24 mars à la salle polyvalente de Saint Jean Montclar à 18h, en collaboration avec l'association Fort et Patrimoine du Pays de Seyne. L’entrée sera libre.
 
Cette tournée suscite l’enthousiasme du personnel enseignant mais aussi des communes, qui financent les représentations, et parfois le transport scolaire, quand le déplacement des écoliers s’avère nécessaire.
 

Nombreuses initiatives pour faire du provençal un moyen prédagogique

Cette année, une préparation en classe a eu lieu grâce à deux enseignantes qui pratiquent déjà la langue d’oc, « prennent rendez-vous dans les écoles concernées, pour informer du vocabulaire de base, apprendre quelques chansons en provençal, quelques jeux traditionnels » souligne Annie Martel, de l’Asoc. « L’Académie nous aide en cela car elle détache un enseignant pour seize journées scolaires, soit pratiquement un mois ».
 
Le Conseil Départemental mais aussi la Région Provence Alpes Côte d’Azur financent l’opération, le premier dans le cadre d’un Schéma départemental de développement de la pratique de la langue régionale, qu’il est encore seul à adopter en Provence.
 
La tournée de l’Asoc est loin d’être la seule initiative en faveur de l’enseignement de la langue dans ce département des Alpes-de-Haute-Provence. L’Institut d’Estudis Occitans, de son côté, encore ici aidé par le CD04, vient d’organiser diverses animations musicales avec la chanteuse Liza, dans le cadre d’une initiative pédagogique faisant intervenir un personnage charismatique, Patonet. Avant Noël, le conteur Yves Durand avait également  fait passer dans les écoles nombre d’histoires en occitan, et le mois prochain un autre conteur, Rémy Salamon, fera de même. Enfin, une formation au provençal est assurée à l’Espe depuis deux ans.
 
Cette activité que jalouseraient d’autres départements, plus riches, n’aboutit cependant pas encore à un projet pérenne d’apprentissage de la langue régionale, inscrit dans un projet d’école.
 
L’an prochain ?
En 2015 avec l'Aeloc, les premières "Cantejadas" à Digne. Donner envie d'aller plus loin aux écoles mais aussi aux parents (photo MN)

Jeudi 28 Février 2019
Michel Neumuller