René un Roi de Provence soucieux de son image


AIX-EN-PROVENCE. René, Roi ? pas vraiment, sinon pour ménager sa susceptibilité…Bon Roi ? voire… Une journée de conférences et tables rondes est consacrée à l'image construite de l'ultime monarque d'une Provence indépendante ce samedi 27 septembre.



Le Roi René, entre l'image et la réalité historique : le condottiere, le mécène, le politique malheureux, le pieux souverain....
L’ultime souverain d’une Provence indépendante n’en était que comte. Mais selon le droit féodal il pouvait se prétendre Roi de Naples, d’où il avait été expulsé. Bon Roi, adjectif difficile à attribuer à un condottiere du Pape, c’est-à-dire finalement un mercenaire, qui espérait ainsi – mais en vain – trouver des soutiens italiens pour sa revendication napolitaine.
 
Et puis n’a-t-il pas tenté de mobiliser les richesses provençales pour ses idées de conquête napolitaine ? Anastasia Chopplet tempère la critique : « il fut capable d’effacer les taxes et les contraintes fiscales des populations qui étaient affectées de mauvaises récoltes ou de malheurs, comme nous l’apprend l’étude des comptes du comtat » sur lesquels conférera Miquèu Bouisson. La professeure de philosophie et spécialiste de D’Arbaud et d’autres poètes provençaux évoquera la figure de René, avec d’autres conférenciers, ce samedi 27 septembre au Musée du Calisson, route d’Eguilles à Aix-en-Provence.

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L'occitan était nécessairement sa seconde langue

Valentin Giuge : une approche iconographique du roi René (photo MN)
Il s’agit pour les conférenciers de proposer un kaléidoscope des images que le « Bon Roi » a voulu donner de lui, et d’essayer de séparer la vérité historique de la légende.

Ainsi de Domergue Sumien, lui professeur d’occitan-langue d’oc, qui peut nous affirmer que René (Rainier ou Renat, selon les textes, dès son vivant) entendait nécessairement le provençal, commun à son époque (1409-80) même si pour lui ce fut une langue apprise, par ce francophone de naissance. « Rien que de normal puisqu’il s’agissait de la langue administrative de son comté, avec le latin » précise M. Sumien.
 
Comment s’est construite son image pour la postérité ? Dès son vivant par lui-même, celle d’un monarque mécène, ami des arts, qui soutient les artistes provençaux, développera Valentin Giuge, étudiant à Histoire de l’Art… « il pouvait ainsi gommer l’image moins reluisante d’un guerrier qui se vend à autrui ».

Roi, voire, mais "bon" ? à voir...

Anastasia Chopplet : la construction littéraire d'un "bon Roi" (photo MN)
Un fait curieux pour nous, que souligne Valentin Giuge, était l’image que René a voulu rendre de lui… mort. Il s’est en effet fait représenter plus d’une fois gisant. Mort pour de vrai, mais aussi mort politiquement, comme lorsque le Duc de Bourgogne le maintient un temps prisonnier.
 
La construction de l’image de ce « Bon Roi René » fera donc l’objet de deux tables rondes et d’une demi-douzaine de conférences - également par Michèle Blanc et René Moucadel - ,  qui tacheront de mieux expliquer comment s’est bâtie la légende, ce qui au fond, est une manière de rendre compte de la réalité du temps et de l’homme.
 
Entrée libre (5380 Route d'Avignon à Aix) une journée soutenue par l’associations Excalisson


Samedi 20 Septembre 2025
Michel Neumuller