Patonet ne comprend que le provençal


PUYLOUBIER. La marionnette créée par l’IEO est le support d’une initiative pédagogique basée sur le jeu. Avec l’ourson monolingue, les enfants de la maternelle ont paradoxalement avancé sur le chemin du bilinguisme.



Fin mai Liza passe du temps avec les enfants de l'école de Puyloubier, qui simulent ici...un haricot en train de pousser (photo Liza DR)
Lundi prochain, le 4 juin, Patonet sera de sortie : il va à la mer, accompagné de trois maîtresses et de quelques dizaines d’élèves de maternelle avec, comme c’est l’habitude, quelques parents accompagnants. Mais qui est Patonet (vous pouvez prononcer « Patouné ») ?
 
« Il est tout à fait charmant, pas bien grand, et nous lui avons consacré une chanson il y a une quinzaine. Elle sera publiée dans un mois, soyez patients, hein ! » Liza, oui la Liza de Vaqui, l’émission en langue d’oc de France 3 Provence, était à Puyloubier, à l’adret du Venturi, voici peu, pour composer une chanson en l’honneur du…de…enfin, au fait ? « C’est un ourson à la bonne bouille que l’Institut d’Estudis Occitans met à disposition des projets de bilinguisme enfantin, et chez nous il s’est vraiment bien plu toute l’année ! » affirme Marie-Françoise Lamotte, la directrice de l’école publique maternelle de la commune rurale du pays d’Aix.
 
Patonet est devenu la coqueluche des écoliers. D’un naturel très curieux il pose moult questions : « que l’i a dins l’òrt ? » (qu'y a-t-il dans le potager?), et les enfants d’inventer un peu : « de faiòus ! » en levant les bras pour mimer – ça ne s’invente pas !  - la croissance ultra rapide du haricot.
 
« En fait Patonet ne parle pas français, pour se faire comprendre il faut lui parler provençal », précise MF Lamotte. « Sinon, il ne sait pas répondre ;  les enfants l’ont tout de suite compris, et ont mobilisé tout leur vocabulaire occitan. Bien sûr, ils ne sont pas naïfs, mais l’envie du jeu est telle, que le provençal vient en bouche tout de suite ! ».

L'école de la commune s'inscrit dans un réseau d'écoles publiques développé dans les Bouches-du-Rhône : les Centres d'Apprentissage de la Langue Régionale, où six heures hebdomadaires de provençal font partie des enseignements. Un projet d'école qui va plus loin pour quatre de ces trente écoles, qui elles visent le bilinguisme.

Une idée de l'Institut d'Estudis Occitans mise à disposition des enseignants d'Oc

Patonet est aussi un excellent jardinier... (photo Liza DR)
L’argument ludique reste le meilleur ressort pédagogique, et l’équipe pédagogique y a recours on ne peut plus. « Peu à peu les idées viennent. Ainsi quand après la réunion de discussion de la météo du jour, on demande à Patonet de rentrer dans son tiroir, et qu’il renâcle, les enfants le défendent, demandent qu’il reste…Et pour être efficaces, ils le réclament en provençal … »
 
Patonet est né d’un père Breton et d’une mère Occitane, ou l’inverse…  « C’est-à-dire que le personnage est né de conversations entre l’IEO et des organismes éducatifs militant pour le bilinguisme en Bretagne » rappelle Marie-Françoise Lamotte. « L’IEO le met donc à disposition des enseignants qui souhaitent s’emparer de l’idée. Un site web leur est dédié, et nous y avons déjà entré des modules lus par Miquèu Arnaud, le président de l’IEO Paca, et moi-même. Des Gascons ont fait de même. Il y en aura d’autres… »
 
Patonet sera bientôt en vacances d’été. Mais il sera probablement cloné pour d’autres classes en septembre.
 
 

Jeudi 31 Mai 2018
Michel Neumuller