Pacaliens et Occitans


Il se pourrait bien que nos voisins languedociens, en nommant leur Région Occitanie, aient décomplexé ceux qui, ici, rêvent d'appeler la leur Provence.



Enfin le vent se lève sur nos terres après une période de stagnation qui s’ajuste si bien au marasme général du continent. On s’agite sur une question auquel nul être de la sphère humaine ne peut échapper : comment est-ce que je m’appelle ? 

L'Occitanie est à tout le monde, et entre Pyrénées et Méditerranée, on saura bien où est celle-là.

Les élus de la région centrale d’Occitanie viennent de s’emparer fièrement du nom de notre pays pour se présenter au reste de l’espace euro-méditerranéen. On a pu craindre un instant qu’ils le confisquent, rejetant alors les deux tiers des terres occitanes dans les ténèbres d’une périphérie émiettée. Ont-ils entendu nos mises en garde ? Ont-ils eu conscience d’eux-mêmes que l’Occitanie ne nous appartient pas moins qu’à eux ? Toujours est-il que la sagesse l’a emporté au pays des violettes. L’espace entre Aquitaine et Provence aura un nom triple : Occitanie, comme tout le monde, puis une dénomination qui spécifie ses limites : Pyrénées-Méditerranée.
 
Ainsi nos voisins ne nous ont rien volé, et ils nous ont même ouvert la voie. A leur exemple, que chaque militant de la cause, qu’il la ressente dans la lignée de Mistral ou dans celle de Lafont, se réconforte dans ses nombreuses traversées du désert par l’image de sa région rendue un jour à sa vérité millénaire grâce au nom de notre Provence accolé à celui de notre Occitanie. 
 
Lyrisme onirique ? Si les sarcasmes nous décourageaient sur notre longue toute, nous n’existerions plus depuis longtemps. Avant que l’évidence s’impose, il nous faudra franchir encore bien des obstacles, guérir bien des plaies fratricides, éclairer bien des ignorances, galvaniser bien des indifférences. C’est la vie que nous avons choisie.
 
Pacaliens par force, la rive de l’Empèri fait aujourd’hui piètre figure face à la flamboyance des étendards déjà déployés dans celle du Reiaume. Peut-être faudrait-il commencer par nous donner un vrai nom ?

Mardi 28 Juin 2016
Alain Barthélemy-Vigouroux