Notre lot pour les six ans à venir


Gueule de bois pour la démocratie, au lendemain d’une élection qui révèle le large assentiment de nombreux Provençaux aux idées du Front National. Quelles sont les perspectives d’un mouvement d’estime pour la langue d’oc dans l’espace désormais réduit de la démocratie ?



Oh ! Il n’y a pas de quoi pavoiser : une région qui vote à 45% FN n’est pas sortie du danger. Beaucoup, en disant bonjour à leur voisin, se demanderont désormais si celui-ci ne leur prépare pas une dictature…

Les valeurs occitanes, une île, dans le marécage politique où nous allons vivre désormais

Mais éviter une Provence frontiste, laboratoire autoritariste du droit du sang, ne signifie pas que les Provençaux vivront dans une région où paratge, larguessa e cortèsia seront la règle.
 
Les promesses n’engageant que ceux qui y croient, un Christian Estrosi qui tiendrait compte de la gauche apparait, dès les résultats de l’élection régionale connus, comme une aimable plaisanterie. Son commensal Eric Ciotti, comme nombre de ses colistiers, ont rafraichi dimanche soir ceux qui pensaient que la « politique Bisounours » existait. A droite dure il est, à droite dure il sera, et il l'exprimera.
 
Promesses électorales non tenues, Région qui refera de l’autoroute, de la zone d’activité dans les espaces naturels remarquables, qui n’acceptera pas la contestation et qui pourra s’entendre avec l’extrême droite, voilà probablement notre lot pour les six ans à venir. On doit le craindre raisonnablement. Le FN restera très fort, fort des millions de bulletins de vote de ses électeurs, que la droite n’aura de cesse de séduire, désormais.
 
Seul le budget de la culture acceptable par la droite, a priori – les grandes institutions fréquentées par la bourgeoisie, les festivals qui attirent le tourisme, pas plus – tirera son épingle du jeu. Mrs Py, Bluzet et Foccroulle, si vous sauvez les meubles aujourd’hui, qu’en sera-t-il demain des festivals ruraux qui liaient le territoire, des centaines de lieux culturels modestes, qui font vivre et évoluer notre culture au quotidien, au quartier ?
 
Mais comment, dans ce contexte de déliquescence démocratique, et sans doute culturelle, s’en tireront les trop discrets défenseurs et promoteurs de la langue d’oc en Provence ? Christian Estrosi sait qu’ils existent, comme avant lui Michel Vauzelle. Il a même donné la main à Nice, la ville dont il est maire, à une certaine expression publique de notre langue. Pour autant, au-delà de l’affichage, on n’a peut-être pas grand-chose à attendre.
 
Mais au fond, ces défenseurs n’ont que ce qu’ils méritent. A force de jouer chacun sa partition, ils n’obtiennent que de grappiller de faibles moyens. En se montrant unis, en favorisant un réel lobby, tous favoriseraient l’action de chacun, et inversement.
 
Que de Nice à Avignon et de Toulon à Briançon, ceux-ci sachent s’entendre, mettent de côté leurs divergences, de toute manière bien estompées déjà, et entrent dans la mêlée ensemble. Dans celle-ci, on distingue mal le pilier du seconde ligne, car l’ensemble bouge sur le terrain. Au final, s’ils ont été cohérents, ils sortent le ballon ovale du bon côté, le leur. Toute l’équipe gagne.
 
D’autant que ces promoteurs ont, outre la langue à défendre, un point largement commun. Ils sont rarement supporters des idées du FN. Autrement dit, ils sont une ile de démocratie dans le marécage politique qu’est devenu la Provence. Dans l’avenir ils constitueront une valeur.

Lundi 14 Décembre 2015
Aquò d'Aquí