« Ni Sud ni Paca » approche les 12 000 pétitionnaires


Sur change.org la pétition réclame que la Provence soit désignée par son nom historique, et soutient que celui-ci est légitime dans les Alpes comme à Nice. Elle réagit à une décision du Conseil Régional Paca, de déposer une marque "Région Sud".



Le 15 décembre, Renaud Muselier a proposé au vote des conseillers régionaux le dépôt du nom "Région Sud" pour la Provence (photo MN)
Tout est parti d’une décision du président du Conseil Régional Paca, Renaud Muselier. S’avisant que le nom de Paca était décidément insortable, ne signifiait rien pour personne et donc nuisait à l’image de la Provence, le président  a décidé de déposer une marque pour la Région : Région Sud.
 
Une délibération en ce sens a été votée le 15 décembre dernier, en séance plénière du Conseil Régional. Le président avait précisé que la mesure ne couterait que le prix du dépôt de marque à l’Institut National de la Propriété Industrielle. En effet le choix du nom « Région Sud » avait été effectué en interne au Conseil Régional, aucun cabinet conseil n’aurait été consulté. Les services rapprochés du président auraient donné leur avis, et la consultation se serait arrêtée à ce premier cercle de gens proches du pouvoir régional.
 
Pour le lanceur de pétition, animateur régional du Partit Occitan, « c’est refuser, à l’heure de la démocratie participative et des réseaux sociaux, le droit aux citoyens de s’exprimer et grand merci à celles et ceux qui se mobilisent, encore et toujours plus, sur change.org. »
 
La pétition, le 15 janvier 2018 au matin, avait atteint 11 500 signataires, et, c’est le principe de change.org, ce chiffre augmente au fur et à mesure des partages que les internautes multiplient .

"Paca" totalement incompréhensible à l'étranger et nuisible à l'aura de la région

Pour Hervé Guerrera, "La Provence est connue et reconnue y compris à l’international, contrairement à Paca, ou à un "Sud" qu’on ne saurait situer. Elle est porteuse d’identification culturelle et de dynamisme économique donc d’emplois" (photo MN)
Le débat sur le nom de la Région provençale n’a jamais cessé depuis qu’en 1972, à l’occasion d’une réforme territoriale française, le nom de Provence Alpes Côte d’Azur a été choisi par le Conseil Régional de l’époque.
 
A cette époque, la Provence, au plan institutionnel, se séparait de la Corse, et prenait peu à peu de l’importance. La réforme suivante, en 1982-83, due au Marseillais Gaston Defferre, devait reconnaitre aux Conseils Régionaux de nombreuses nouvelles compétentes. Al’époque, le président de « Paca », le socialiste Michel Pezet, défendait bec et ongles l’appellation tout à fait technocratique, à l’argument que celle-ci respectait la diversité territoriale de la région.
 
Un argument qui ne convainquait pas de nombreux habitants, mais qui gênait aussi son successeur (après un intermède Jean-Claude Gaudin), Michel Vauzelle. Celui-ci, ambitionnant une aura internationale pour la Région, multipliait les accords de coopération de par le monde, et regrettait le peu de prestige de l’appellation « Paca ».

Une commission régionale conseille "Provence" en 2009

En 2009 le socio-linguiste J-Cl. Bouvier avait présidé une commission régionale représentative pour conclure que le terme "Provence" était le plus fédérateur tout en étant le seul véritablement conforme à l'histoire de la région (photo MN)
En 2009 il confiait au socio-linguiste Jean-Claude Bouvier le soin de formuler des propositions alternatives. S’entourant d’une commission marquée par la diversité de territoires et d’âges, l’universitaire concluait que le seul vrai terme fédérateur et reconnu à l’extérieur était celui de « Provence ».
 
Cependant le président Vauzelle ne prit aucune décision, avant de relancer le débat en 2014, pour aussitôt l’enterrer.
 
Provence serait réducteur et déplairait aux habitants niçois et alpins de Paca. Une opposition fantasmée, quasi inexistante, rétorquent les partisans de « Provence », dont Hervé Guerrera est un farouche promoteur.
 
« C’est ignorer l’histoire de cette région » argumente en effet le lanceur de pétition, « quand le Pays Niçois s’appelait les « Terres neuves de Provence », quand sur la monnaie qui avait cours à Embrun, et au-delà, était frappé « Proencia - Provence ».
 
La Région provençale compte aujourd’hui cinq millions d’habitants, et cinq mille pétitionnaires en représentent le millième. L’initiative de l’élu provençal aura donc besoin d’être mieux connue et plus largement partagée pour démontrer un intérêt des Provençaux…pour la Provence.

Mercredi 27 Décembre 2017
Michel Neumuller