Lo libre de la setmana : En bosca de pan - Cortetas de Mananca (2)


Le tome deux des Cortetas de Mananca dévoile les destins de frustrés fatalistes, marginaux qui peinent à être compris, et néanmoins tracent leur chemin sous la plume d’un auteur qui devient plus intéressant d’ouvrage en ouvrage.



Edité par l'Institut d'Estudis Occitans des Alpes-Maritimes

publie maintenant depuis une dizaine d’années des ouvrages en provençal avec deux centres d’intérêt : l’histoire occitane dans ses aspects symboliques, et les marginaux. Mais quand il nous parle des cathares ne s’agit-il pas encore de marginaux, et marginalisés par l’histoire ?

 

Entendons nous, les marginaux de Joan-Glaudi Puech vivent avec la société rurale, qu’il nous brosse dans son mélange de conservatisme et d’humanité compréhensive. Ils sont simplement à côté… Nous pourrions penser que l’auteur nous brosse le portrait de personnes bipolaires ou asperger, qu’une partie de leur milieu tient à l’écart, pendant qu’une autre cherche à comprendre et intégrer, en tout cas respecter.


Mais le marginal peut tout aussi bien être un pistachier, un homme à femmes, dont justement les femmes brossent le portrait à l’occasion de son enterrement. Iel peut être aussi cette femme qui, mise à l’écart de toute éducation sexuelle, et par un amant qui prend peur, se souvient de ces moments clefs d’une vie en achetant de jolies espadrilles, toutefois impropres à la marche, et finit par les porter à la main tout en écorchant ses pieds sur le bord de la route sans qu’aucun automobiliste ne s’arrête pour lui permettre d’arriver au but.

 

Le village, la route de campagne, la grange, l’école… autant de lieux ruraux, écrins à personnages d’apparence simple, qui nous ouvrent pourtant à la complexité du monde, de celui qui justement se refuse à l’accepter cette complexité, humaine.

 

Joan-Glaudi Puech puise ses récits et ses personnages dans une longue histoire d’instituteur de commune éloignée des premières montagnes de Provence, là où aujourd’hui encore, chacun connaît tout le monde. Il décortique certains individus, et néanmoins respecte leur secrète personnalité, comme s’il nous invitait à notre tour à respecter la différence.


Joan Claudi Puech (photo XDR)

Le format court des nouvelles convient bien à ces « Cortetas de Mananca », « En bosca de Pan ». Bien sûr il s’agit d’un titre à double détente qui vous propose une nourriture de l’esprit, tout en vous mettant en contact avec le dieu rustique qui tente de vous faire partager le bonheur d’être.

 

Il s’agit du second opus de ces « cortetas », dont l’auteur reconnaît qu’elles sont mieux abouties que le premier. Nous avions pourtant déjà apprécié le premier opus, et nous avons adoré le second, qui a gagné en intensité narrative.

 

A noter qu’il a été édité sous forme bilingue, par l’IEO 06 dont l’activité éditoriale ne se dément pas, et respecte bien sa double identité dialectale : niçois et provençal.

 


Joan-Glaudi Puech ; En bosca de Pan (cortetas de Mananca II) édition bilingue oc-fr ed. IEO , 215 p ill. 12€ (commandes via ieo06@io-oc.org ou commander ici le tome 1


Jeudi 6 Avril 2023
Michel Neumuller