Les troubadours Provençaux avec Flor Enversa


Le cinquième album du groupe de musique médiévale rend compte d'une démarche totalisante : musicologie, pédagogie, lutherie, recréation musicale et interprétation au service d'une douzaine de troubadours provençaux et de leurs oeuvres pas forcément les plus connues.



Le double CD a été conçu lors d'une résidence à l'Abbaye de Valcroissant. De gauche à droite Thierry Cornillon, David Zubeldia, Domitile Vigneron (photo XDR)
Domitille Vigneron (chant, vièle), Thierry Cornillon (chant multi-instruments) et David Zubeldia (idem) dans l’ensemble Flor Enversa, livre le cinquième opus d’une œuvre toute consacrée aux troubadours occitans.
 
Avec ce « L’art des Troubadours Provençaux – XIIè et XIIIè siècles », issu d’une résidence à l’abbaye de Valcroissant (26), un double disque tente de proposer « des textes sans doute moins connus que ceux qui sont habituellement proposés par des artistes. Car notre principal souhait c’était de faire justement connaître ce qui l’est peu » souligne Domitile Vigneron.
 
Troubadours Provençaux…de naissance ou de cœur, car ici Pèire Vidal, tout à fait Toulousain, mais habitué des cours provençales, voisine avec la Comtessa de Dia ou le plus rare Raimon Feraud « qui s’excuse dans sa Vie de Sant-Honorat, d’employer un langage dialectal, car il s’adresse au public des mystères, qui vient écouter une longue histoire que chantée ». Feraud est Niçois. Et  à l’époque, les artistes utilisent un occitan « standard poétique » qui peut être compris partout par un public choisi, de Bordeaux à Nice.

Travail de musicologie pour soutenir une proposition artistique

Le trio artistique très impliqué dans cette œuvre de longue haleine, crée ses propres instruments. « Nous nous sommes institués chercheurs luthiers parce qu’il était difficile de faire fabriquer les instruments qui nous permettaient d’être authentiques ».
 
Dans l’esprit au moins, car nombre de mélodies ici sont tout simplement réadaptées, voire créées. On ne connait que partiellement 10% des mélodies des chants de troubadours occitans, soit environ 300. Nous n’avons rien sur les rythmes ; aussi le réemploi de musiques pour des textes qui n’en ont pas reste la façon la plus fidèle de rendre compte de l’art des troubadours.
 
Si nous signalons ici la sortie de ce double album, c’est pour souligner que le mensuel Aquò d’Aquí de mai prochain, développera plus complétement la démarche de musicologues de Flor Enversa.

Jeudi 12 Avril 2018
Michel Neumuller