Les dires d'Elie Lèbre (novenca setmana)


Comment un paysan provençal du XXème siècle disait son temps, les saisons, le bon sens... dans sa langue de tous les jours.



L’agriculteur érudit et curieux Elie Lèbre (Cucuron –  Luberon : 1920-91) par bonheur rencontra l’occitaniste Madeleine Jaquier, et le fruit d’années de collectage nous a permis d’en savoir beaucoup sur la manière vivante et quotidienne de parler provençal.
 
Avec l’aimable autorisation d’Alain Barthelémy-Vigouroux qui a organisé la masse de notes et d’enregistrements issus de ce travail, nous vous en offrons un morceau chaque semaine, en vous recommandant d’acquérir le livre édité par l’Association Pour l’Enseignement de la Langue d’Oc.
 
 

Au fieu de l'an, proverbis…

Fallait avoir faim !
 
Manjarem de parpèlas d’agaça
nous mangerons des paupières de pie (nous n’avons plus rien… parpèlas d’agaça désigne aussi une salade sauvage)
 
Es pas gromand que l’ama
aimer un aliment ce n’est pas être gourmand
 
Te descènde jusc’ais agacins
ça te descend jusqu’aux cors de pied (tu t’en délectes)
 
Es gras que fènde
il est gras à en éclater
 

La ferme hier et aujourd’hui

Quora arrivatz prochi d’una bastida, sentètz plus lo femier ni l’òudor de l’aver, mai sentètz lo gasòle dei traitors, l’òudor de l’engrais e dei produchs chimics que s’emplegon a l’ora de vuei pèr aparar lei culturas dei malautiés e dei bestiòlas de tota mena. De chivaus e d’aver n’i a plus gis dins Cucuron ; lei bastidans an just quauquei galinas e de còps quauquei lapins.
 
Quand vous arrivez près d’une ferme, vous ne sentez plus le fumier ni l’odeur du troupeau, mais le gasoil des tracteurs, l’odeur de l’engrais et des produits chimiques qu’on utilise de nos jours pour protéger les cultures des maladies et des bestioles de toutes sortes. Des chevaux et des troupeaux, il n’y en a plus aucun à Cucuron (84) ; les campagnards ont juste quelques poules et parfois quelques lapins.

Vendredi 1 Avril 2022
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