Les Alpes-de-Haute Provence en désir de langue d’Oc




DIGNE. Le Conseil Départemental s’est doté d’un schéma départemental voici plus d’un an, et met en œuvre un agenda de réalisations. Une obligation, recréer une demande du public. Les médiathèques devraient jouer un rôle clé.



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Voté en décembre 2016 le Schéma Départemental  des Alpes-de-Haute-Provence de Valorisation de la Langue et de la Culture régionale se promettait de « faire émerger des contenus  culturels pertinents ».
 
Un premier bilan des actions lancées et une seconde vague de projets devraient être brossés le 23 mai prochain autour de la Conseillère Départementale Nathalie Ponce-Gasset.
 
A cette date se réunira en effet à Digne la Commission Langue et Culture Régionale du département alpin, où ses participants (L’Institut d’Estudis Occitans, le Félibrige, l’Aeloc, divers acteurs culturels autour de l’élue et du chargé de projets du Département) doivent suggérer des actions regardant les traditions populaires, ou la création artistique « reliées aux caractéristiques du territoire » selon la déléguée.
 
Autrement dit, des actions qui puissent mettre la langue d’oc au cœur de propositions culturelles et artistiques.
 
Le 31 janvier dernier, une de ces initiatives a déjà eu lieu à l’Espe, l’ex Ecole Normale. Journée de présentation de la riche histoire de la création d’oc en Haute-Provence, des actions culturelles menées par des acteurs tels que la revue Verdons ou notre journal Aquò d’Aquí, elle a permis de nourrir les projets de la médiathèque départementale.
 
Le Département des Alpes-de-Haute-Provence, qui a déjà accueilli en mai 2016 les Cantejadas – concentration de 500 élèves chantant en occitan devant 2000 personnes à Digne – va lancer également une tournée théâtrale scolaire avec le Théâtre La Rampa.

Le 31 janvier dernier à l'Espe de Digne, journée de sensibilisation à la langue d'oc (Photo MN)
Le point délicat de la politique départementale en faveur de la langue d’oc sera toutefois son état dans l’Education Nationale. Celle-ci considère que la demande doit émerger hors de son giron. Des sensibilisations aux maîtres ont été organisées, sans le succès espéré, et les chiffres d’effectifs scolaires sont alarmants : un seul enseignant navigant entre Digne et Manosque, des collèges d’où l’enseignement a totalement disparu en peu d’années comme à Oraison, Château-Arnoux et Oraison, une offre réduite en lycée à Manosque, un effectif qui fond à Digne, et pour l’heure un certain manque d’intérêt des futurs enseignants pour les formations…
 
Les associations et le Conseil Départemental auront surement ici à évaluer une situation critique, mais aussi à faire preuve d’énergie. La délibération de décembre 2016 contenait d’ailleurs déjà une forme d’agenda d’actions telles que « favoriser le bilinguisme dans la signalétique publique » des rues ou des communes, ou encore exhumer les grands créateurs en langue d’oc pour en dénommer les espaces publics, en particulier les collèges.
 
Damase Arbaud ou Honnorat au fronton des rues et des médiathèques, avec un fonds en conséquences dans ces dernières ou les CDI, une animation autour de ces auteurs aussi importants qu’oubliés, serait une manière de rendre leur fierté aux Bas-Alpins, et de leur donner l’envie de récupérer mieux le véhicule de cette fierté, la Langue d’Oc parlée entre Allos et Forcalquier.

Jeudi 8 Mars 2018
Michel Neumuller