Le Mucem fait tout un cinéma des minorités nationales


L’Organisme National installé à Marseille parle – pour une fois et en bout de chaîne – de la problématique occitane.



Parmi les oeuvres projetées lors de ce Tour d'Europe des cinémas de Minorités (photo XDR)
Tiens, tiens…le Mucem se préoccupe de parler des minorités nationales. Début d’une certaine interrogation de cet organisme sur ce qu’est  l'Europe plurielle, ou simple caution morale d'un organisme tancé pour ignorer la langue historique du pays qui l'accueille ?
 
Le cycle de conférences et de films proposés prend le nom de « C’est ici que je vis », en référence au film catalan éponyme de Marc Recha, qui sera diffusé.
 
La manifestation permettra du 14 au 29 mars de voir plusieurs œuvres en langues minoritaires, ou traitant de la problématique des minorités nationales en Europe.
 
Elle a en fait été préparée par l’association Cinépage pour le compte du Mucem.
 
Le Mucem et Cinépage introduisent ce cycle avec le discours suivant : « Catalogne, Pays Basque, Bretagne, Ecosse, Irlande du Nord, Italie du Sud, Flandres ; Roms, Pomaks, Sames, Occitans, Corses… Partout en Europe, des minorités manifestent leur volonté de défendre leur spécificité. Plus ou moins farouchement. Dans les urnes ou dans la rue. Comment tout cela se traduit-il sur les écrans ? »

Débat, balèti et buffet occitans en fin de parcours

Le Mucem et l'association Cinépage ouvrent ce cycle "Ici où je vis" du 14 au 29 mars (photo MN)
Signalons le débat introductif, samedi 14 mars : « L’Europe et ses minorités », à 15h Auditorium Germaine Tillon (l’entrée est libre), occasion d’une rencontre avec Yves Plasseraud, un juriste qui préside le Groupement pour les droits des minorités, et avec Alain Dieckhoff, directeur de recherches au CNRS et enseignant à Sciences Politiques Paris.
 
Et attirons l’attention sur la séance cinéma et le débat sur les troubadours que le Mucem a casé tout à la fin de ce cycle. La question culturelle et la création occitane ne seront traitées qu’à travers la musique. Elle est fédérative, sans doute. Mais ce regard focalisé renforce l’idée que l’occitan, dans toutes ses variétés, est une langue à chanter mais pas à parler.

L'occitan ça se chante

Le film parlant de l'occitan s'intéresse à la musique - ici Du Bartàs (photo XDR)
Toujours est-il que le film de Sarah Benillouche « Trobadors, un voyage occitan », diffusé le 29 mars, sera suivi d’un débat avec la réalisatrice, et Philippe Martel, universitaire attaché à l’Université Paul Valéry de Montpellier, ainsi que Caroline Troin, ex directrice du Festival de Douarnenez.

 
Il est possible que la filmographie fictionnelle occitane ait échappé aux connaissances des programmateurs du Mucem et de Cinépage. Avec un esprit plus ouvert, ils auraient comblé cette lacune qui nous apparaît comme importante. Le public y aurait trouvé son compte.
 
Les fables morales et déjantées de Joan Fléchet (L’Orsalhier) auraient pu cesser de prendre injustement la poussière, et le réalisme social historique de Jean-Pierre Denis (Histoire d’Adrien, Champ d’honneur) aurait pu être exhumé avec bonheur. Le travail de collectage du Cep d’Oc aurait également pu intéresser les chargés de ce "tour d'Europe" du cinéma des minorités.
 
On pourra s'en consoler, ou en parler, ce même dimanche 29 mars, devant le buffet musical de clôture, à 20 h au Forum, avec le duo Garlic face. L’entrée est gratuite.
 
Entre temps le public aura pu découvrir quelques œuvres, telles que A Vargugna, de la réalisatrice corse Marie-Jeanne Tomasi (2012, 52mn), l’auteure, voici déjà trente ans, d’un inoubliable Avà Corsa (1982). Il pourra aussi s’intéresser aux « Tsiganes montent au ciel » d’Emil Loteanu (1976, VO russe sous titrée). Ou encore au Bloody Sunday, de Paul Greengrass (2002, IrL, VO anglaise sous titrée). L’ensemble du programme est à consulter ici.


Vendredi 13 Mars 2015
Michel Neumuller