La langue d'oc selon certains candidats


L'IEO fédéral avait adressé un questionnaire aux différents candidats à la Présidentielle. Peu ont répondu. Pendant ce temps, le Collectif Prouvènço avançait le sien propre, et le Forum d'Oc allumait un contre-feu.



Peu de réponses, une négative (Dupont Aignan), une différée (Mélenchon), les autres positives
Exercice de peu de portée, sans doute, mais qui au moins oblige les candidats à l'élection présidentielle à se positionner, les questionnaires associatifs sur les intentions des candidats quant aux langues régionales ont donné quelques résultats.

Le Collectif Prouvènço avait adressé le sien, dont l'essentiel des questions demande si les candidats acceptent de séparer le provençal des autres variétés de la langue d'oc, et s'ils lui reconnaissent le statut de langue à part.

Le Forum d'Oc a donc également pris la plume, pour prévenir les mêmes candidats qu'il tenait "expressément à ce que l’Etat continue à affirmer l’unité de l’occitan-langue d’oc, dans la diversité de ses expressions, pour tout le Midi de la France de l’Atlantique auxs Alpes, comme il l’a toujours fait, et ne soit pas tenté de l’émietter pour céder à des pressions localistes d’arrière-garde."

L'Institut d'Estudis Occitans, de son côté, avait préalablement adressé à tous les candidats une série de questions, leur demandant de se positionner sur une loi pour organiser l'enseignement de l'occitan, l'aide à l'édition et diffusion, à l'Office Public de la Langue Occitane...

Peu de candidats ont pris la peine de répondre. Voici leurs textes, tels que communiqués à l'IEO.
 

Moi président, je...

Jean Lassalle         Adishatz brave monde, 

Candidat a l’eleccion de president de la republica, e tà respóner a la vòsta demanda,

Que’m sembla que la nosta lenga occitana, biarnesa tà jo, que pòt estar la purmèra lenga apresa dab lo francés. A casa que seré enquèra miélher d’aver lo parat de parlar dab quauques ancians. Qu’èi avut aqueth plaser e que l’èi enquèra de poder aver lo biarnés com permèra lenga.

Au dia de uei, un sarròt d’escòlas qu’ensenhan l’occitan o lo basco o lo breton o lo Prouvènço….aus mainatges e qu’ei ua bona causa. Si n’ei pas tostemps lo madeish parlar qui avem a casa qu’ei totun hèra pròche e qu’ei talamens beròi d’enténer los chins a parlar la lenga mairana.

Qu’avetz comprés solide que com president de la republica, que sia taus bretons, taus bascos, taus occitas, taus còrses e tots los qui an ua lenga regionala de frança, non i a pas qu’avantatges a las apréner e de coneisher en madeish temps arradits pregonas qui’ns pòden aidar en un monde lissat, on n’ei pas aisit de trobar la soa plaça.

Apréner duas lengas qu’ei ua chança qui ns’estaca a la tèrra qui ns’a vist vàder e au país qui ei noste. Que s’i apren autant viste ua lenga com duas, sustot en estant mainatge.

Qu’aidarèi totas las lengas regionalas sus tot lo territòri francés.

Jean Lassale./Jan de Lassala Philippe Poutou         Bonjour,
De manière générale, La bourgeoisie française a construit l’Etat en cherchant à détruire toutes les structures qui existaient dans ce qu’on appelle les régions. C’est particulier à la France. Ailleurs d’autres états se sont créés en respectant, peu ou prou les peuples qui le constituaient, leur culture et leur langue : c’est le cas en Grande Bretagne, en Suisse, dans l’Etat espagnol.

Dans les écoles en France sous la 3ème République, était écrit : « Interdiction de cracher par terre et de parler en breton ! » Le comportement était le même envers le corse, l’occitan, le provençal, le basque, l’alsacien,…

Il est temps d’en finir avec ces interdits réactionnaires. C’est un droit démocratique élémentaire que de parler, d’écrire dans une des langues de ce pays, de sauvegarder ces
cultures et de les développer. Il ne s’agit pas temps d’en faire un refuge cultivé par quelques élites que de les maintenir comme partie intégrante de la culture populaire.

Le PS et la droite, main dans la main ont refusé de ratifier la Charte des langues européennes, montrant tous les deux leur caractère réactionnaire et républicanisme chauvin.

Je soutiens donc le droit commun pour toutes les langues dites régionales d’être enseignées dans les écoles. L’occitan doit pouvoir être parlé, lu et enseigné. Les oeuvres culturelles en occitan doivent aussi être développées avec au moins autant d’effort que mettent les gouvernements à maintenir le français dans les restes de l’empire colonial. Des créneaux radio et télé publics en occitan doivent être clairement instaurés avec les moyens humains et financiers correspondants.

Je réponds donc oui à l’ensemble de vos questions et considèrent par ailleurs que les assemblées nationales n’ont pas à mettre de veto sur les décisions prises à l’échelle régionales ou locales concernant les enseignements et les financements qui doivent être librement et démocratiquement prises par les populations locales.

Philippe Poutou  
  Jacques Cheminade         M. Cheminade considère la fonction de Président de la République à l'instar de celle d'un chef d'orchestre : son rôle n'est pas de savoir jouer de tous les instruments - ici, l'ensemble des détails législatifs que vous mentionnez - mais de donner au projet musical l'intention inspiratrice.

De part ses origines Auvergnates, de son enfance passée en Argentine, et de ses rencontres avec des citoyens du monde, concernant le sujet de la richesse de l’apprentissage des langues, Jacques Cheminade souhaite que chaque enfant de 14 ans apprenne obligatoirement le français, une langue régionale et 2 langues étrangères.

Le corollaire est que chaque habitant d'un pays en connaisse la langue, l'histoire et le meilleur de la culture nationale, régionale et locale.
De cette manière, lors de la rencontre avec une autre personne d'une autre culture (autre pays ou autre région), il y a un vrai échange qui s'apparente à un dialogue des cultures. 
Cette vision humaniste est la base de notre projet pour l'avenir : créer les conditions d'une coopération entre les peuples pour bâtir la paix par le développement.

Vincent Crousier et Daniel Menuet,
représentant de Jacques Cheminade
Jean-Luc Mélenchon         Dans l’attente de la réponse officielle du candidat de la France insoumise‎, le Parti communiste (PCF), qui soutient Jean-Luc Mélenchon, a répondu au questionnaire #2017oc : https://www.2017oc.fr/communiques/Reponse_PCF_2017oc.pdf
Nicolas Dupont-Aignan         Mesdames, Messieurs,

Vous avez bien voulu m’interroger par courriel du 24 mars, sur les dispositions qui vous sembleraient nécessaires pour promouvoir l’enseignement et la transmission de la langue et de la culture occitanes.

Je dois à l’honnêteté de vous dire que je me suis prononcé vigoureusement contre l’adoption, par le Conseil de l’Europe, le 5 novembre 1992, de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires, au motif qu’elle remettait en cause le principe de souveraineté des nations et d’unité de la langue officielle.

De même, lorsque le gouvernement de Lionel JOSPIN, en mai 1999, a signé cette charte contre l’avis du Conseil d’Etat, j’ai rappelé que ce texte était contraire à notre Constitution, car portant atteinte au principe d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité du peuple français.

Loin de moi l’idée de refuser les cultures régionales, la transmission de l’héritage familial dans la sphère privée, mais je ne souhaiterais pas que le gouvernement accorde des moyens supplémentaires pour développer l’occitan, comme d’ailleurs d’autres langues régionales minoritaires, alors que l’école républicaine a sacrifié l’apprentissage du français depuis tant d’années.

J’espère que vous aurez compris qu’il ne s’agit pas de ma part d’une négation de la richesse que constituent, pour la France, les langues et cultures régionales, mais on ne peut pas, sous peine de discrimination, lutter, d’un côté, contre les revendication communautaristes, ethniques et religieuses et, de l’autre, valoriser les langues régionales.

Je rappelle enfin que si l’on est attaché au patrimoine culturel français, il n’y a aucune raison que le latin et le grec ancien soient passés par profits et pertes de l’enseignement, alors que leur apport à notre civilisation n’est pas moindre que celui des langues régionales. 

Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs, l’expression de mes sentiments distingués.

Nicolas DUPONT-AIGNAN

Lundi 17 Avril 2017
Michel Neumuller