L’occitan langue internationale ?


Si ça se trouve, apprendre l’occitan aux écoliers leur sera aussi utile que d’acquérir l’anglais, sur la scène internationale. Gaussez-vous tant que vous voulez, il faudra bien considérer ce qui coule de source.



Avec un budget en baisse drastique, l’Union Européenne va surement et logiquement réduire d’abord ses frais de communication, subitement vus comme superflus, quand ils étaient « essentiels » en période de vaches grasses.
 
Et, bien des élus européens s’en plaignent régulièrement, les coûts de traduction sont d’ores et déjà dans le collimateur des comptables du drapeau bleu étoilé. 

Parler avec un débit modéré, utiliser un vocabulaire simple...et lever les blocages psychologiques

Pas de souci pour l’anglais, évidemment. Pour les autres, tous les autres, c’est de plus en plus peau de chagrin.
 
Et c’est une erreur, et pas une petite. Bien sûr l’anglais est présent dans le cursus scolaire de tous les Européens. Le globish, ce sabir minimal, a donc toutes les chances de triompher.
 
Pourtant, l’italien écrit, ou même parlé, l’espagnol et le portugais, quand ils sont parlés lentement avec un vocabulaire simple, sont tout simplement compris par la plupart des autres latins, sauf quand ceux-ci se construisent une barrière mentale et décrètent qu’ils n’y entendent rien.
 
On connait bien ce phénomène, qui empêche des Provençaux de simplement imaginer qu’ils puissent comprendre la langue de leur pays, jusqu’à ce qu’ils ouvrent leurs oreilles tout en levant certaines barrières psychologiques.
 
Il y a quelques mois j’ai été soulagé quand un responsable portuaire de Gênes a choisi de parler dans sa langue au cours d’une réunion sur la pollution transfrontalière. Je le comprenais bien mieux que s’il avait cherché ses mots en anglais. Je ne parle pourtant pas italien.
 
Et il m’est alors revenu en mémoire cette histoire, que m’a racontée la femme d’un médecin lors d’un stage occitan, voici un petit bout de temps.
 
Elle avait accompagné son mari dans un congrès professionnel au Brésil (on ne refuse pas ce genre de voyage !).
 
Mais au cours du colloque de praticiens, subitement, le système de traduction simultanée tomba en panne.
 
Après un flottement anxieux, on trouva un conférencier pour se lancer en portugais…Il ne devait pas bien parler anglais celui-là. 

Il fut compris. L’Italien qui suivit fit de même, et s’exprima avec simplicité en italien. Et ainsi de suite car la plupart de ces docteurs venaient de pays à langue romane.
 
Arriva le tour du mari de madame. Il se dit que le français serait peut-être moins cousin de ces langues que son occitan natal. Et il utilisa celui-ci avec les mêmes règles : pas de vocabulaire compliqué, un débit modéré.
 
Sa communication étant aussi applaudie que celle de ses confrères italien et brésilien, il en déduisit que l’occitan était finalement une langue au destin international potentiel.
 
C’est certainement ce que les pontes de l’Education Nationale ne voudront jamais reconnaître en France. Mais puisque nous avons raison de le considérer, il faudra le leur dire un peu fort : avec un vocabulaire facile et en criant lentement. Of course.


Mercredi 14 Mai 2014
Michel Neumuller

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