J’ai rencontré charrette, notre parler populaire à La Seyne


LA SEYNE. Le Ceucle Occitan de La Seyne vient d’inaugurer cette exposition sur notre occitan tel qu’il transpire jusqu’au français populaire. Claire Gago-Chidaine en a été enchantée. Pour elle voici le moyen de garder en mémoire, de manière conviviale, les pierres angulaires de notre culture.



Chassez le de l'école, il revient dans la rue, l'occitan comme le breton en Bretagne... (photo CGC DR)
Me voici de retour entre Alpes et Méditerranée pour quelques jours, et mon journal préféré, Aquò d’Aquí, m’avise d’une belle actualité de la langue et la culture occitane. Vite donc ! Au vernissage d’une exposition à La Seyne, conseillé par le journal.
 
Le marché de la ville côtière vaut le détour, c’est certain. Mais c’est la Maison du Patrimoine qui m’attire ce samedi matin. On y vernit l’exposition du Ceucle Occitan de La Sanha, sur la survivance de la langue dans le parler d’aujourd’hui.
 
L’affiche était marrante ; voilà déjà un bon point pour me sortir de chez moi ! Ensuite, tout en revoyant les copains, toujours rencontrés lors d’évènement de ce genre, j’entendrai parler en occitan ou en français, sur des sujets qui nous préoccupent vraiment. 
 
Et puis, disons-le, les expos du Cercle Occitan sont toujours chouettes ! Vous vous souvenez de celle sur les instruments de musique il y a deux ans. Ou de celle sur les jouets, l’année dernière, qui est actuellement présentée en Alsace à l’occasion du marché de Noël d’Obernai ? Le Ceucle y est invité ces jours-ci. Toujours très accessibles, drôles et super instructives, ces expos attirent. 

L'occitan disséminé dans le français populaire

Enfin, bien sûr, le thème est fédérateur. Je ne parle pas couramment occitan, je prends des cours, mais ma famille, qui le comprend, ne le parle pas ; et mon cursus scolaire ne m’a jamais permis de l’apprendre. Aussi mon occitan est celui que l’on retrouve, disséminé un peu partout dans le français. Le parler d’ici quoi ! Les expressions, les mots, les insultes bien sûr, mais aussi des manières de dire les choses pour lesquelles d’autres nous reprennent souvent (oui, je « fais de l’essence » moi aussi…).
 
Bien sûr, à la Maison du Patrimoine, le public est venu écouter les discours des élus (le maire, Marc Vuillemot, nous rappelle en occitan que la commune a reçu récemment un diplôme du Forum d’Oc, pour la mise en avant de la langue régionale), ceux des représentants du Ceucle Occitan ; après quoi on interprète quelques morceaux du répertoire musical occitan.  Me voilà, alors, à déambuler, un verre à la main, au milieu de la cinquantaine de visiteurs.

Les mots qui disent d'où nous venons

L’exposition, surtout faite de panneaux écrits, retrace à la fois l’histoire de la langue et l’importance de la culture occitane, de ses penseurs et écrivains selon les époques. Une mise en contexte bienvenue, sans doute. Mais elle nous montre surtout le nombre phénoménal de mots courants que nous utilisons, qui sont issus du provençal parlé. Et ça fait du bien d’entendre d’où nous venons! « J’ai rencontré Charrette »  met en relief la variété de nos expressions ; elle nous rappelle que notre parler n’est pas un « patois », et qu’il n’y a pas de raison pour qu’il soit méprisé. Le parcours, entre thématiques, jeux, recettes, insultes cachées derrière des volets (si, si, très ludique !) nous amène à revoir notre perception de notre parler, à cheval entre français et occitan, et nous permet de nous exprimer et d’échanger avec les autres, sans complexe autour de cette langue reflet de notre culture.
 
Mon premier réflexe en sortant de ces quelques mètres carrés consacrés à notre identité sonore, ce sera de vous conseiller l’expo. Vous aurez le droit d’y rire et de parler fort. C’est même recommandé, et les panneaux vous proposent même pas mal d’expressions pour ça ; exemple : « Ho ! mais quel chapacan, celui-là avec son pantalon gague-aux-brailles, à toujours oublier sa tête d’estourneu. Té ! un brave cabestron »…
Quelques expressions du français qui n'en est plus vraiment (phot CGC DR)

J’ai rencontré Charrette, survivance de la langue d’OC dans le parler d’aujourd’hui, c’est jusqu’au 5 janvier 2018 à la Maison du Patrimoine à la Seyne. Et c’est vraiment très bien.

Jeudi 23 Novembre 2017
Claire Gago-Chidaine