Interdit de parler breton et de cracher dans la soupe agro industrielle


Quand une journaliste dénonce l'agro industrie, ce lobby joue contre sa vie. Quand elle dénonce en breton, l'Etat la laisse face à ces harceleurs.



La journaliste d'investigation diffuse ses reportages via une radio bilingue bretonne

A nouveau des criminels en puissance ont déboulonné les écrous de l’auto de la journaliste Morgan Large, à Glomel, une bourgade bretonne de 1350 habitants où cette journaliste bilingue d’investigation vit et travaille. Journaliste, bretonne parlant breton, enquêtant sur les dérives de l’agro alimentaire : il serait difficile de croire que ces qualités n’ont rien à voir avec ces actes, qui mettent sa vie en danger et ont pour but de la faire taire.


Pourquoi la plainte de Morgan Large pour tentative d'assassinat a-t-elle été classée sans suite ?

« Ces actes », car la journaliste de RKB – Radio Kreiz Breizh – radio elle-même bilingue, diffuse ces reportages régulièrement anglés sur le thème des scandales agro environnementaux, spécifiquement en Bretagne, et a déjà subi ce qu’il faut bien appeler une tentative d’assassinat, c’est à dire d’homicide avec préméditation. En 2021 la même opération de déboulonnage avait été réalisée sur sa voiture.

 

Aujourd’hui Morgan Large se dit observée, et bien entendu cette femme de 51 ans, très investie, se demande s’il ne vaut pas mieux cesser son activité. Aller travailler dans l’hexagone, et être menacée de mort en permanence comme si vous viviez en Russie ou dans certains pays d’Amérique du Sud, voilà qui ne fait pas honneur aux autorités françaises.

 

Il semble que ces autorités ferment les yeux. La plainte que Morgan Large a déposé en 2021, après ce premier attentat, a été classée sans suite. Juges et policiers s’en lavent les mains. La FNSEA, syndicat majoritaire des agriculteurs, que veut tellement ménager le pouvoir, avait au préalable diffusé le portrait de la journaliste, ce qui ne peut apparaître comme neutre après que France 5 ait publié un documentaire où son action d’investigation bénéficiait d’une large diffusion.

 

Rien n’y fait : rassemblements de journalistes, dépôt de plainte par Reporters sans frontières… le silence est de mise en face, au gouvernement, et nous voyons aussi avec quelle violence les responsables du syndicat agricole interdisent, impunément, même à la ministre de l’Environnement, de se rendre ici ou là.

 

Mais pourquoi Morgan Large, dont le harcèlement criminel ne fait aucun doute, ne bénéficie d’aucune protection ? Pourquoi les enquêteurs sont ils aux abonnés absents dans son cas ?

 

Parce que le lobby de l’agro industrie est tout puissant, comme le montre encore l’affaire des méga bassines se Sainte-Soline, certainement ; parce que la journaliste et sa radio parlent en breton ? la question mérite d’être posée.

 

Avec l’affaire Morgan Large la conjonction apparaît en tout cas évidente : parler breton c’est défendre son pays, sa culture ; dénoncer le scandaleux traitement de l’environnement en Bretagne par les exploitants de porcs et autres, c’est aussi défendre son pays, ses habitants, sa culture, en même temps que se préoccuper du sort de la planète.

 

Il serait intéressant de creuser de ce côté-là : parler breton, ce n’est plus cracher par terre, comme l’affirmait une célèbre admonestation affichée dans les écoles, c’est au contraire affirmer une haute considération pour sa société, c’est la défendre.

 

Il faut bien que quelqu’un souligne cette dimension dans la persécution criminelle de cette journaliste. Non pas que ceux qui la traquent en tiennent compte dans leur haine secrète, mais parce que la désinvolture de l’État, de la Justice, des autorités policières trouve probablement une partie de ses explications dans cette dimension là.

Ceux et celles qui expriment l'essentiel autrement qu'en français méritent-ils le soutien de l'appareil d'Etat, du point de vue de ce dernier ? Poser la question c'est déjà un peu y répondre.

 

Nous sommes bien en France !

 


Jeudi 30 Mars 2023
michel hemen