Honnorat, fondateur de la graphie classique et conservateur


C'est l'anniversaire du père de la graphie classique de l'occitan. Un Dignois, Simon-Jude Honnorat (1783-1852). Son Dictionnaire Provencal-Français ou dictionnaire de la langue d’Oc ancienne et moderne a été publié en 1847.



Simon-Jude Honnorat, tel que son portrait le montre dans la salle que lui consacre le Musée Gassendi, à Digne (photo XDR)
Né le 3 avril 1783 au Haut-Villard, près d’Allos (04) Simon-Jude Honnorat nous est connu pour avoir publié, à la toute fin de la monarchie de juillet, le premier dictionnaire de référence de l’occitan à l’ère moderne.
 
Son Dictionnaire Provencal-Français ou dictionnaire de la langue d’Oc ancienne et moderne, édité en 1846-47, grâce à une souscription, suivant une aide du ministère de l’Instruction Publique, est aujourd’hui encore un fondement majeur de la graphie classique de l’occitan, tout au moins de ses dialectes provençaux.
 
Cet érudit prépara son œuvre dans le cadre de ses activités, au sein du Congrès des Poètes Provençaux …que quittera pourtant bientôt Joseph Roumanille, en 1853, pour se livrer à une œuvre de simplification graphique qui devait aboutir à la création de la graphie dite Mistralienne.
 
Simon-Jude Honnorat partage avec Frédéric Mistral un même ressort de la pensée politique. Il se définit contre le centralisme. Mais, lui, met dans le même sac Républicains, Monarchie de Juillet et Centralisme Français. Il développe son œuvre comme un combat contre ces trois ennemis, confondus. 

Il renonce à Paris et développe son oeuvre à Digne

A peine l'oeuvre d'Honnorat est-elle publiée, que sa graphie est contestée par Joseph Roumanille (photo XDR)
Et l’inimitié politique qu’il s’attire ne l’aidera pas à publier son dictionnaire général, prêt depuis longtemps, mais pour l’impression duquel il ne recevra pas d’aide durant des années.
 
Le jeune Honnorat va faire sa médecine à Grenoble, puis à Paris, où il est introduit  dans les cercles provençaux de la bonne société, sous l’Empire. Cependant, ses diplômes en poche, il préfère, contrairement à beaucoup, rentrer au pays.
 
Marié à la fille d’un notable varois depuis ses 17 ans, il s’installe bientôt à Digne, où l’éducation de ses enfants sera plus facile. Son  fils Hyacinthe, plus tard exilé à Lille, aura des options politiques radicalement différentes, et se fera connaitre comme libéral, acharné contre la Restauration monarchique après la défaite de Sedan.
 
Simon-Jude, médecin, ne chôme pas. Ce conservateur en politique, est aussi un médecin des pauvres, à l’heure des dernières grandes épidémies qui affectent la Provence.
 
C’est d’ailleurs à son action comme docteur que fait référence d’abord son épitaphe.

Savant modeste
Ami des pauvres
Mort à Digne le 31 juillet 1852
Laissant pour héritage
à son pays
un monument de sa langue
aux malheureux
le souvenir de ses bienfaits


Lundi 3 Avril 2017
Michel Neumuller