En débat à Nice vendredi : Catalogne et valeurs européennes


NICE. Anna Martin i Novo représente en Provence l’Assemblea Nacionala Catalana, fermement indépendantiste. Avec un groupement d’associations elle invite au débat ce vendredi à Nice. Mais en quoi la crise en Catalogne nous concerne-t-elle, nous Européens ? Entretien.



Anna Martin Novo : "il s'agit maintenant de dépasser un Etat qui bloque l'évolution de la société" (photo XDR)
On n’avait pas encore entendu parler de l’ANC en Provence.
Les débuts ont été difficiles, par manque de réseau, j’étais un peu seule, mais désormais c’est lancé, avec l’aide d’autres associations, des occitanistes et d’autres dans la région de Nice. Nous créons un collectif, et je compte beaucoup sur le débat de vendredi pour le renforcer, au bénéfice de la démocratie en Catalaogne. C’est le but.
 
Je remarque dans la liste des organisateurs et signataires des associations occitanistes.
La solidarité est réelle entre nous ; c’est celle de peuples qui veulent exister et partagent les mêmes valeurs. C’est là la base de cette participation occitaniste.
 
Qu’est-ce que cette ANC dont le président, Jordi Sanchez, est aujourd’hui prisonnier politique en Espagne ?
L’Assemblèa Nacionala Catalana est une association à buts politiques. Elle a été créée pour pousser les partis politiques à penser en termes d’Indépendance de la Catalogne. En Catalogne même elle compte 80 000 adhérents. En France, où elle est déclarée association loi 1901, évidemment c’est plus modeste, moins de deux cents adhérents. Et notre rôle consiste à relayer et diffuser de l’information sur le processus démocratique catalan, et ce qui le contrarie.
 
Vous-même, pourquoi choisissez-vous l’indépendance pour la Catalogne ?
Je suis démocrate et Catalane, le gouvernement catalan et le parlement catalan sont tout simplement les miens. J’ai contribué à les élire et ils me représentent. Or l’Etat en Espagne a passé son temps à contrarier les manifestations de notre démocratie catalane : les décisions avancées et approuvées par le Parlement catalan, de progrès écologique, social ou sociétal, ont été bloquées par l’Etat avec constance. Il bloque l’évolution de la société catalane, et des années de tentatives de négocier n’ont rien donné ; il nous faut donc le dépasser.

Un nouvel Etat plus proche du citoyen?

Pensez-vous que l’exemple catalan est une valeur d’avenir pour l’Europe ?
La démocratie, cela doit être plus direct. Des structures plus petites qu’un Etat de 60 millions d’habitants, sont plus proches des préoccupations des citoyens. Pour l’Etat, au moins en Espagne, le citoyen est si lointain qu’il n’y a pas à s’en préoccuper. L’exemple catalan d’une démocratie proche de ses citoyens pourrait inspirer plus largement en Europe.
 
C’est une façon de voir actuellement incomprise en France. Que vous inspire cette incompréhension ?
Je suis inquiète de constater à quel point les médias français plaquent une manière finalement hexagonale de voir les réalités en Espagne. Les situations et l’histoire, la façon de considérer les particularités sont tout à fait différentes. Si les médias voulaient bien ouvrir leur esprit à notre réalité, et laisser tomber leur prisme, leur compréhension serait meilleure. Leur information aussi.
 
 

Difficultés pour voter depuis la France

Le 21 décembre on votera pour renouveler le Parlement Catalan. L’Etat a dissous l’actuel, qui a déclaré l’Indépendance catalane. Les Catalans peuvent-ils voter en France ?
Il y a un vrai problème pour le vote des expatriés. Le gouvernement a envoyé les bulletins et professions de foi des candidats le 5 décembre seulement. A ce jour, le 12, nous sommes très nombreux à ne pas les avoir reçues. Or, la date butoir pour poster nos bulletins de vote, c’est le 16 décembre ! Cela concerne environ 20000 Catalans en France, qui ne pourront en général pas faire le voyage pour voter au pays. Cela coûte assez cher, et comme on vote un jeudi, ceux qui travaillent ne peuvent partir.
Une progressive meilleure compréhension de la crise en Catalogne ? Ici rassemblement à Marseille le premier décembre pour réclamer la libération des prisonniers politiques. Le POC et EELV l'organisaient (photo MN)

Mardi 12 Décembre 2017
Michel Neumuller