Avec les Dictadas la langue ocitane s’affirme stylo en mains


La désormais traditionnelle Dictada a réuni des centaines de concourants en Provence et jusqu’à Gap. A Nice ils étaient particulièrement nombreux, à Pignans ils ont planché sur un texte historique, pendant qu'à Gap et Orange ils attiraient toute la communauté éducative.



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« C’est un moyen de souligner que la langue écrite en vaut une autre. Ceux qui participent à ces Dictadas affirment par là qu’ils écrivent une langue, et non un patois ; et ils le font de l’Atlantique aux Alpes d’Italie. Ce sentiment  d’unité de la langue dans la diversité de ses dialectes est ainsi exposé pour tous ceux qui veulent bien prêter attention à cet évènement ».
 
Interrogé aux portes de Marseille, où il participe à cette Dictada, le président de l’Institut d’Estudis Occitan Pèire Brechet, trouve un écho à son discours, avec les mots de l’adjointe au maire de Septèmes, déléguée à la Politique de la Ville, Elisabeth Perrenot-Marque : « la diversité fait le ciment de notre nation, et c’est tellement positif d’affirmer cette diversité avec ce moment festif que nous accueillons chaque année ! »
 
Simples dictées en occitan, souvent dans les deux graphies de la langue d’oc, les « Dictadas » sont organisées dans 46 villes entre Bordeaux et la frontière italienne. Le Centre Fraternel Occitano-Catalan organise aussi la sienne à Barcelona. On compte par milliers les locuteurs qui s’y adonnent.

A Nice l'union associative a fait de la Dictada un événement public

Dans les Bouches-du-Rhône les écoliers avaient fait la Dictada la veille, mais les familles ont fait ensuite le voyage jusqu'à Septèmes (photo MN)
En Provence elle a été organisée à Nice, où elle a eu un relief particulier. 130 personnes en effet y ont concouru. Jusqu’à présent deux associations organisaient chacune la sienne. Elles ont unis leurs efforts, et rassemblé. Les élus locaux invités à voir ce qu’il en était, sont repartis impressionnés. Gageons que les projets de l’IEO 06 comme ceux du Centre Culturel Occitan s’en verront mieux compris et aidés.
 
A Orange et à Gap, c’est la présence d’une calandreta, école bilingue, qui amène nombre de parents à cette dictada, qui souvent se termine en fêtant les Rois, ou par un loto, quand on n’organise pas l’un et l’autre, comme à Septèmes.
 
Parents d’élèves et enfants sont venus nombreux, au centre culturel Aragon de cette cité, chercher les lots gagnés lors des dictées…qu’ils ont faites vendredi.

Un parent : "l'apprentissage du provençal devrait être reconnu d'utilité publique en Provence"

« C’est qu’il était devenu difficile de demander aux élèves de venir faire une dictée le samedi, peu faisaient l’effort » explique Nathalie, professeure des écoles à Marseille. « Aussi plusieurs écoles l’ont organisée durant le temps scolaire, à Marseille, Aubagne et Maillane. Les familles sont ensuite venues nombreuses, ici, pour la part festive de la dictada ».
 
Ce que ne regrettent pas Amandine et Daniel, dont la fille apprend le provençal à l’école Mermoz d’Aubagne. « On a pris conscience, avec notre fille, du nombre phénoménal de mots qu’on emploie en français régional et qui viennent de l’occitan ! » Pour eux, c’est simple, l’apprentissage de la langue devrait être reconnu d’utilité publique dans toute la Provence, et mieux partagée.
 
Et le loto qui a suivi la remise des nombreux prix ne les aura pas démentis. Beaucoup se sont senti en territoire mental et lexical connu…  « lo vielh ! » annonce  Miqueu Arnaud, en grand maître du boulier, « nonanta ! » répondent en chœur les participants en plaçant le jeton sur la case 90 ; « E coma se crompan lei ústrias ?… », « per doge, segur ! »… et tous ceux qui ont le chiffre douze sur leurs cartons de boucher la case correspondante.
 
Bref, apprendre en s’amusant ne s’arrêtait pas toujours à la dictée ce jour-là.
A Gap (photo) comme à Orange, ce sont les parents de la Calandreta, école immersive bilingue, qui ont fait le succès de la Dictada (photo Faure DR)

Lundi 2 Février 2015
Michel Neumuller